Loret, Jean [?] [1652], TROISIESME GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. , françaisRéférence RIM : M0_1471. Cote locale : B_18_25.
TROISIESME GAZETTE DV TEMPS. EN VERS BVRLESQVES. A PARIS, M. DC. LII.
TROISIESME GAZETTE DV TEMPS. A SON ALTESSE
D’Autant que Donquerque est rẽdu Barcelonne qu’a si perdu, Et Cazal en danger extresme, Princesse, ie sens en moy mesme Tant de chagrin, & tant d’ennuy, Que ie ne croy pas auiourd’huy Que nostre Muse qui soupire Rien de plaisant vous puisse escrire ; Si donc les. Articles suiuans Ne sont ni gaillards, ni sçauaus, O Bille ! ô Bonne ! ó Sage Altesse ! Excusez ma juste tristesse.
Sur de vains bruicts, & faux raports, I’auois mis au nombre des morts, En ce temps qu’on ne voit que Bieres, Monsieur le Comte de Tilieres, Et Monsieur aussi de Sourdis, Pour le dernier ie m’en desdis, Son mal a moins de vehemence Il reuient en conualescence, D’autant qu’il est tres bien pensé, Mais pour l’autre il est trespassé.
On dit que le Duc de Candale Auecque Commission Royale Va commander au premier iour Les Trouppes du Comte d’[1 mot ill.]
On n’entend tousiours à Bordeaux Que bruicts & tumultes nouueaux, Et le beaux Messieurs de Lormée, Matins comme des gens d’Armée, Ont fait, dit-on, criant ha, ha, Desmolir le Chasteau du Ha, Le Parlement en ce rencontre Donne quantité d’Ariests contre, Mais ces Galans cassent du grés A leurs venerables Arrests ; Ainsi dans cette bonne ville, Le Parlement, l’Hostel de Ville, François, Espagnols, & Gascons, Deuenus fiers comme Dragons, Quoy qu’on leur fasse maint exorde, Sont en eternelle discorde Rien ne sert la d’estre Voisin, Oncle, Neueu, Frere, ou Cousin, Aveul, Filleul, Parrain, Compere ; En ce lieu l’on ne considere Ny l’Amy, ni le bien faicteur, Le Maistre, ni le seruiteur, La Parenté, ni l’Alliance, Mais tous viuent en deffiance, L’indige ce & necessité, C’est a dite la pauureté, La crainte, l’horreur, le murmure, La mesdisance l’imposture, Maint procedé noir & suspect, Et souuent le peu de respect Pour des Personnes d’importance, Et de tres-illustres naissance Out vn Empire enraciné, Dans ce Climat infortuné Tant sur la Mer que sur la terre, Voila ce qu’apporte la guerre. </p>
Ieudy, i’appris auec regret Que ce Seigneur Sage & discret Où les Vertus sont en leur lustre, Que la Charité rend illustre, Enfin pour le trancher plus court, Monsieur le Duc de Liancourt, Est atteint d’vne maladie Qui, si le Ciel ny remedie Le pourroit mener vn peu loin, Mais Dieu, s’il luy plaist, aura soin De conceder vn plus long aage A ce genereux Personnage, Autant plein de gloire & d’honneur Que pas vn autre grand Seigneur. Ha ! si toute nostre Noblesse Prenoit exemple à sa sagesse, Et mesme à l’immuable foy Qu’il a tousiours eu pour son Roy, La France autresfois si pompeuse Ne seroit pas si mal-heureuse.
Tant à Paris, qu’aux enuirons, Où l’on craint tres-fort les Larrons,
Deux certains Villageois, dit-on, Sur le chemin de Charenton, Discouroient de la Politique (Car à present chacun s’en picque) Et si l’on veut sçauoit leur nom, L’vn est Guerin, l’autre est Simon ; D’abord ils ne sentoient aucune Haine, inimitié, ny rancune, Et parloient du commencement Tout à fait amiablement, Mais ayant vn sang trop aduste Chacun croyant sa raison iuste, Ils en vindrent iusqu’à l’aigreur, Et se meirent mesme en fureur, Guerin cria, ie suis Princiste, Simon dit, ie suis Royaliste, Ce qu’entendu Maistre Guerin Appella Simon, Mazarin, Simon, qui tel brocard detestre, Luy respondit ta malle-peste, Ie suis & seray iusqu’au bout Seruiteur du Roy, puis c’est tout ? C’est à faire à de la Canaille D’attribuer vaille que vaille, Ce Sobriquer de faux alloy Aux zelez seruiteurs du Roy, Guerin continua l’iniure, Simon tonne, menace, iure, Guerin dit qu’il le gourmera, Simon respond que non fera, Enfin l’vn l’autre s’accrocherent, Des poils de barbe ils s’arracherent, Et [1 mot ill.], & boute, & tic, & tac, Sur les cosses, sur l’estomach, Sur l’espaule, sur la machoire, Enfin pour abreget l’histoire, Plusieurs grands coups surent donnez, Et tous deux saignerent du rez, Quoy qu’aucun d’eux ne fust pas [1 mot ill.], Ils prenoient quelquesfois relarche, Puis enflammez d’vn fier desu[illisible] Retournoient au combat soudain ; Apres (pourtant) plusieurs gou[1 lettre ill.]mades, Assauts, horrions, pettarades, Ces deux acharnez Champions Plus vaillans que des Sciploirs, De se rappoter se lasserent, Du Conflict se débarrasserent, Blasmerent leur emportement, Se parlerent plus doucement, Et la paix durable, ou fourrée Fut sur le champ entr’eux iurée, Ie voudrois que nos deux Partys Disant, sufficit, ou satis, Apres tant de sanglantes touches, D’hostilitez, & d’escarmouches, Par vn changement important,
Vn mien voisin nommé Lucas M’a dit que la belle Brancas A multiplié sa famille D’vne trois ou quatriesme fille, Dont, mais non pas sans bien crier Elle accoucha Ieudy dernier, Si selon l’ordre de nature Cette petite creature Da Pere & de la mere tient, Ainsi qu’en tel cas appartient, C’est vne chose tres certaine, Qu’icelle ne sera pas Naine.
Maint autre bruict dans Paris cour[1 lettre ill.] Ie finiray, pourtant, tout court, Ie ne m’en sçaurois plus deffendre, Mon Copiste est lassé d’attendre.
Cecy fut fait en fort bon lieu Le iour d’apres la Sainct Marthieu.
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