Mazarin, Jules [signé] [1649], LETTRE DV MAZARIN, ESCRITE A L’AGENT de ses affaires à Rome. , françaisRéférence RIM : M0_2119. Cote locale : A_5_62.
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LETTRE
DV
MAZARIN,
ESCRITE A L’AGENT
de ses affaires à Rome.

A PARIS,

M. DC. XLIX.

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LETTRE
DV MAZARIN
Escrite à l’Agent de ses
affaires à Rome.

Signor Flauio, ie vous donne aduis par le presente que
c’est tout de bon que ie m’en retourne, ne croiés pas que
ce soit vne fausse alarme, comme tant d’autres que ie
vous ay données depuis le mois d’Aoust dernier, vous auez veu
par là que i’estois en France en vne assez mauuaise posture pour
m’y ennuyer, & certes ie ne croiois pas y vser vn habit gris, que
ie fis faire durant ces barricades, [2 mots ill.] de si belles affres
que depuis i’ay tousiours cherché les moiens de m’eschapper, &
ie n’en ay peu trouuer d’occasion qui fut seure, que celle que ie
pris la veille des Rois, il faut que les Politiques auoüent qu’on ne
pouuoit pas prendre mieux son temps veu que tout le monde ne
songeoit alors qu’à boire & à dormir, & qu’on ne se doutoit de
rien quelque bruit de carosses qu’on entendit, parce que c’estoit
l’heure que les Dames reuenoient du bal, ie ne fus pas moins
adroit quand apres cette grande iournée où ie passay heureusement
les portes de Paris, ie fis assieger la ville de peur qu’on ne
courust apres moy, lors ie me fusse sauué si i’eusse esté seul, i’auois
mesme obtenu de la Reine mon congé, mais il se trouua certaine
encloueure en mon bagage, qui me fit assieger par les Princes, ausquels
i’ay esté contraint de payer rançon, enfin graces à Dieu i’ay

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fait capitulation auec eux & auec le peuple, & ils me permettent
de m’en aller, ie ne peux pas dire bagues sauues, puisque de tant de
riches & pretieux ioyaux que i’auois, il m’a fallu descharger d’vne
partie sur le Prince de Condé, & ietter le reste à la Riuiere, autrement
i’eusse fait naufrage. C’est pourquoy il ne sera point besoin
d’enuoyer au deuant de moy ces cinquante chariots vuides
& bien attelez, que ie vous mandois par le 15, article des memoires
& instructions que ie vous enuoyay dés le 26. du mois d’Aoust,
mais ie vous prie d’executer punctuellement tout le reste des ordres
necessaires pour mon retour. De preparer mon Palais, de
mettre mon argent en seureté, & de m’enuoyer escorte sur les
passages, suiuant que le tout y est amplement contenu, or comme
il arriue tant d’accidens qu’on ne peut preuoir en ces occasions,
afin que vous ne fassiez point d’equiuoques, & que vous puissiez
faire au besoin des raisonnemens de vous mesme, qui soient selon
mes intentions, vous ayant connu homme fort habile & discret,
i’ay iugé à propos de vous decouurir vne partie de mes
desseins passez & de mes afflictions presentes, pour vous dire le
vray, i’auouë que ie n’ay iamais eu dessein de m’establir tout à fait
en France, ie sçauois bien que les François n’aymoient pas vn Ministre
estranger, i’auois sans cesse deuant les yeux l’exemple du
Marquis d’Ancre, & ie ne voyois personne de la maison de Vitri
sans auoir peur, ie m’attendois de gouuerner iusqu’à la maiorité du
Roy, & peut estre vn peu plus, ie taschois pour cet effect de luy
oster la connoissance des bonnes lettres pour le rendre incapable
d’affaires, comme c’est le premier principe de la Politique Italienne,
pour ceux qui sont en ma place, cependant ie ne laissois approcher
de luy personne qui ne fut de ma cabale, pas vn de ses Officiers
n’osoit traitter de sa charge en faueur d’vn autre, qui n’eut
mon agreement, ie luy auois donné vn Gouuerneur tout à ma deuotion,
& pour m’asseurer dauantage, i’auois creé en ma faueur
vne charge auparauant inconnuë, de Surintendant du gouuernement
du Roy, pour d’autres Offices de la Couronne de grands
Gouuernemens & de belles Segneuries ie n’en ay point voulu
auoir, & encores que dans mon PanegyRique habillé en declaration,

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que le Cheualier de la Valette a publié à Paris, on ayt allegué
cette seule deffence contre ceux qui me taxoient d’vne insatiable
auarice, ie confesse entre nous que ce n’estoit point faute de
bon appetit, mais parce que ie ne les pouuois pas emporter comme
des Louys en Italie, où i’auois fait dessein de me sauuer, ie me
suis contenté de iouïr de l’Admirauté par confidence sous le nom
de la Reine, & du pouuoir de disposer des comptans, qui sont les
deux employs les plus lucratifs du Royaume, i’ay bien pris quelque
benefice de grand reuenu & en bon nombre que i’ay destinés
à entretenir vne partie de la despence de ma maison, comme celle
de l’escurie & de l’office, mais ie n’en ay point fait estat, parce que
quelque mesnage qu’ayent fait mes Intendans, qui ont taillé les
morceaux assez courts à mes plus bas Officiers, l’espargne de
chaque année n’a peu aller qu’à cent mil escus, i’entends bien
pourtant quels qu’ils soient de me les conseruer en Italie, car i’ay
des prouisions du Pape en bonne forme, & pour les faire vacquer,
il faudroit qu’on me fit mourir en iustice, & c’est où ie nargue
Messieurs du Parlement, car ie demanderay mon renuoy à Rome,
quoy qu’à n’en point mentir ie ne sçache point sur quel tiltre il
sera fondé, & s’il s’en trouue vn expres dans le droict canon, car ie
ne feuillette point ces liures Grecs, mais ie sçay bien que ces Messieurs
sont grandement formalisez, il suffit que le Pape l’ait voulu
mettre en vsage, & ils n’oseroient luy desplaire de peur qu’il ne les
punist de la suppression des Anates, pour reuenir i’ay voulu
establir ma fortuné sur de meilleurs fondemens que sur des simples
appointemens & des benefices, ie n’ay point fait de scrupule
d’enuahir le thresor du Roy tres-Chrestien, parce que comme ie
ne les enuoyois que dans les terres de l’Eglise, dont il est le fils
aisné, ce n’estoit point les porter hors de sa maison, i’ay trouué les
choses heureusement disposées pour mon dessein, les Ministres
n’ont point trouué estrange ce desir de prendre, la coustume en
estoit establie & authorisée en plein Conseil & par les edicts, il
n’y auoit qu’à s’associer & à viure en bonne intelligence, en suitte
pour mettre mon butin à couuert, i’ay eu assez de bon heur pour
faire naistre la guerre d’Orbitelle & de Portolongone, qui fit lors

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si grand peur au Pape & aux Princes d’Italie, mais ces pauures
gens y alloient bien à la bonne foy, & ne voyoient pas qu’ils en
tiroient tout le fruict par mon moyen, puisque ce n’estoit que pour
faire passer sur leurs terres les richesses de la France, comme on a
bien reconnu par le peu dauantage qu’elle en tire, mais le malheur
voulut, qu’apres la leuée du siege n’ayant plus de Chefs affidez,
ny des Magalotti à y enuoyer, mon commerce fut ruiné, & ie
ne pouuois plus faire tenir de dela que des cent mil escus à la fois,
au lieu de milions, qui passoient auparauant, ce qui me ruinoit en
frais de voiture, c’est pourquoy ma banque n’alla pas si bien iusqu’a
la guerre de Naples, qui fut vn pretexte plus specieux que ie
n’eusse peu souhaitter pour faire des transports d’argent, vous
sçauez que i’auois desia bien commencé à le faire valoir, mais vn
second malheur voulut que comme ie n’auois encor fait passer
pour moy que deux nauires chargez d’or & d’argent (horsmis
deux tonnes que ie n’en mente, qui estoient dans vne autre barque,
les forfantes Napolitains s’auiserent d’eslire pour leur Chef
vn Prince, qui ne voulant pas fauoriser l’espargne que ie faisois
des deniers du Roy, destinés pour cette armée, & descouurant
mes trafics & mes intrigues, m’obligea à le perdre auec son peuple,
ce qui m’a fort bien reussi comme on a veu depuis, i’auois encore
renouuellé leurs brouilleries, en sorte qu’ils venoient maintenant
me demander vn Chef à ma deuotion, mais comme ils ont
trouué la guerre à Paris, ils sont allez chercher en Turquie le secours
qu’ils demandoient en France, ce qui m’importe fort peu,
car quelle enuie me pourroit prendre de leur enuoyer du secours.
Si des controlleurs d’Estat m’ostoient le moyen de transporter
quant & quant de l’argent pour moy, d’vn autre costé i’auoüe que
i’ay bien du suiet de me loüer du trafic de Rome, ear encore bien
qu’il ne soit pas si grand, il va tousiours reiglement, & sous pretextes
de pensions d’Ambassadeurs, de Cardinaux, de payemens
de Bulles & d’Annates, d’entretenements d’espions & d’intelligences.
I’ay fait passer de notables sommes de deniers, c’est particulierement
l’argent de cette banque, que ie vous recommande
de mettre à couuert, de peur que quelqu’vn de dela ne mette la

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main dessus, & pour cela executez les septiesme, huictiesme, &
neufiesme articles dudit memoire, i’auois encore trouué vne
inuention excellente pour vous faire tenir de l’argent trauesti,
car comme on voyoit l’or si rare qu’on mettoit les pistoles &
Louys à plus de dix liures, on s’apperceuoit bien du diuertissement
que i’en auois faict, & quelques enuieux les espioient sur
le chemin & m’en seuroient sans que i’osasse m’en plaindre,
c’est pourquoy i’auois enuoyé en Hollande, Portugal & autres
lieux, non suspects des Orfeures, pour acheter les plus riches
ioyaux & les meubles les plus precieux qu’ils peussent trouuer
afin de vous les enuoyer sans qu’on s’en deffiast, mais cela ne
m’a pas duré long-temps, & ie suis en peine si vous auez receu
la troisiesme cassette de pierreries que ie vous ay enuoyée ces
iours passez, pour n’en auoir receu aucune responce, des que
vous l’aurez faites en de l’argent, & le faictes profiter suiuant le
cinquiesme article de mon memoire. Or c’est la derniere chose
que ie vous puis faire tenir, le reste demeurera à Paris & à saint
Germain, car ces Messieurs du Parlement m’ont pris comme
on dit de gallico ; & ils ont broüillé les cartes lors que i’auois
en main vne sequence Royalle, vn Roy, vne Dame, & deux Valets,
qui m’estoient hoc, s’ils n’eussent point interrompu la
prosperité de mes pilleries iusqu’à la maiorité du Roy, i’auois
moyen d’assouuir mon ambition, car elle n’estoit pas sans bornes,
comme quelques-vns m’ont imposé calomnieusement, & vous le
dis à vous comme si i’estois deuant Dieu, que ie n’auois point dessein
de prendre plus de cinquante millions, & mesme i’en eusse
pris moins, si ce n’estoit qu’il falloit faire vn compte rond. Si
i’eusse esté si heureux, ie pouuois esperer de paruenir à la Papauté,
à laquelle ie visois des ma ieunesse, car vous sçauez que c’est le
premier dessein qu’on forme dés que l’on entre au seruice d’vn
Cardinal, ie faisois desia mon compte qu’il ne falloit que
vingt mille pistoles pour gagner vn Ambassadeur ; afin qu’il
ne proposast point d’exclusion, ie m’asseurois que le parti
de France & ses Cardinaux m’estoient acquis, parce que
sans compter les intrigues que i’auois par le moyen de tant de

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pensions, Benefices, Gouuernemens & autres bien-faits, qui m’ont
acquis tant de creatures, ie sçauois bien que toute la France seroit
tenuë de me fauoriser à iamais, à cause des obligations qu’elle m’a,
quand ce ne seroit que pour luy auoir osté la source & la matiere
du luxe qui l’alloit corrompre. Les Cardinaux d’Espagne & de
son party ne me pouuoient pas manquer ; car ie vous auoüe entre
nous que i’ay tousiours fauorisé leurs desseins, comme ils ont bien
reconnu quand ie leur ay liuré Monsieur de Guise, & ils les prouueront
bien mieux à present que i’ay allumé expres vne guerre
ciuile pour leur donner moyen de faire leurs affaires, & qu’ils
voyent que pour leur ménager cette occasion ie les ay empeschez
durant cinq ans de faire la paix qu’ils vouloient à toute force : Ce
qui m’a dépleu en ces negociations, c’est que ie croyois les auoir
faites fort secrettemẽt ; Et cependant ces Messieurs du Parlemẽt
ont eu assez bon nez pour s’en apperceuoir, & me l’ont publiquement
reproché. Outre cela ie voyois bien que les François seroient
d’humeur à me chasser vn beau iour comme vn coquin,
sans attendre que i’eusse emply mes besaces comme i’auois fait
mon compte, apres quoy estant Italien comme ie suis, l’Espagne
ne pouuoit douter que ie m’en vengeasse à son profit tost ou tard ;
& certes ie ne désirerois maintenant d’estre Pape que pour excõmunier
à mon plaisir les Chantres du Pont-neuf, & les Colporteurs
qui ont publié l’Arrest du Parlement contre moy, & qui de
plus m’ont appellé Tabarin. Quant aux Cardinaux Italiens,
comme la nation est tres auaricieuse, i’eusse eu assez d’argent
pour en gagner la pluspart, & i’auois des niepces & vn neueu
pour acquerir l’amitié de ceux qui n’eussent pas esté suiets à l’argent.
Apres cela ie me tenois asseuré du support du peuple de
Rome, pource que i’y ay fait plusieurs connoissances durant ma
ieunesse, ayant tousiours pratiqué fort familierement anec les valets
& les artisants, comme le moindre d’entr-eux. Et que ne me
pouuois-ie promettre de l’adresse de mon pere, que vous sçauez
estre vn homme si populaire qu’encores maintenãt au lieu de boire
le vin François qu’on luy enuoye par present pour en faire part
au peuple, il aime mieux s’en priuer, & le vendre a pots à prix raisonnable.

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Mais quand i’ay bien fait mes supputation, le trouue
que l’espargne qu’il peut faire sur ce trafic, & le peu d’argent que
i’ay fait transporter de France, qui ne se monte qu’à dix-sept
millions cinq cens cinquante neuf mille liures, suiuant le dernier
estat de compte que vous m’auez enuoyé le 28. d’Octobre, en cela
compris les interests engendrez par les sommes principales que
vous auez fait profiter sur les meilleures banques d’Italie. Tout
cela, dis-ie, ne seroit pas suffisant pour corrompre tant de testes
enluminées ; & i’aurois peur que pour vouloir gagner tant de
Chappeaux rouges, il ne me fallut porter le bonnet verd, principalement
quand ie songe aux trois millions qu’a cousté le Chappeau
du Cardinal de sainte Cecile. Ie ne sçay pas qui en voudroit
auoir à si haut prix, & moy-mesme quoy, que son frere, ie ne l’eusse
pas achepté à mes despẽs ; mais la Frãce est si accoustumée d’auoir
des Cardinaux qui luy coustent cher, qu’elle a fait cette despence
de grand cœur. Tout le regret que i’ay, est de voir que cét argent
ait esté perdu, & qu’il soit mort auant que de me donner vne voix
dans le Conclaue. Ie voy donc bien qu’il faut refrener vn peu
mon ambition ; & ne pouuant pas estre Pape, me contenter d’estre
plus riche qu’aucun Cardinal ne veu, aussi bien comment
aspirerois-ie aux grandes dignitez, puisque maintenant que ie suis
noté par Arrest, ie ne pourrois pas pretendre à estre Escheuin.
Quoy que personne priuée, ie marcheray à Rome auec grand
grand cortege. Ie viuray opulemment mal gré l’enuie diqueste
bestie oltramantane, & ne seray pas à plaindre, puisque du débris
de mon naufrage on feroit bien la fortune d’vn Potentat.
Vous serez-là Intendant de ma maison, mais il faudra que vous
songiez à estre bon mesnager, car ie ne seray plus en estat de faire
de grands gains, & puis il faut reparer la perte que i’ay faitte à
Paris depuis mon depart, car Messieurs du Parlement se sont saisis
de meubles, & les vendent ; & c’est celuy de tous leurs Arrests
qui me fasche le plus, parce que i’ay grand-mal au cœur de voir
qu’il me faut debourser de l’argent comptant pour en auoir d’autres.
Toutefois i’ay pitié d’eux, & ie leur pardonne, parce qu’ils
ne reprennent que le leur, & qu’il s’en manque beaucoup qu’ils

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ne gagnent en pillage ; tant s’en faut, ie les considere comme des
marchands dans vne barque, qui pour sauuer leur bien d’vn Nauire
qui fait naufrage, s’amusent à pescher des balles de liege, tandis
que les caisses de pierreries coulent à fonds ; mesme pour les
dedommager, de bon cœur ie leur laisse encore ma maison, &
n’ay point de regret de leur auoir fait bastir en France vne si
belle Escurie, puisque il y auoit tãt de cheuaux. Ils trouuerõt en ma
galerie de fort grandes statuës qui coutent plus que leur pesant
d’or, & tel Neron & tel Caligula, qui vaut plus de dix-mil Loüis,
encore me doiuent ils sçauoir bon gré de la peine que i’ay prise
de les acheter & faire venir pour eux, car pour des Antiques ils
n’en pourroient pas faire quand ils voudroient, mais pour des
Louys ils en ont encore les moules ils en feront tant qu’il leur
plaira. Ce n’est pas pourtant par reproche ce que i’en parle au
contraire ie leur en enuoyeray encore au mesme prix s’ils en
veulent, ie loüe Dieu de ce qu’il ma donné l’occasion de faire
vne restitution dont ie sentois ma conscience chargée lors que
ie laisse à la France tout ce quelle ne m’a pas permis d’emporter,
& quand à ce que i’ay enuoyé de là les monts ie croy l’auoir
bien gaigné, c’est la moindre recompense de mon trauail & de
mes veilles, & que les François me puissent donner pour leur
auoir appris le ieu du hoc, & l’inuention des Pastez à la Mazarine,
si i’eusse esté Pape ie luy eusse fait plus de bien & luy eusse
donné tout son soul d’Iudulgence, de Iubilez & d’autres tels
presens de ma vacation, ie ne puis pourtant vous celer que dans
la perte de mes meubles i’ay vne sensible affliction de quitter
mes Singes, helas ils auront souffert beaucoup durant le Siege
de Paris depuis qu’on y à arresté leur gouuerneur cét éloquent
Prelat de DoL. qui d’ailleurs m’estoit si agreable dans la Chaire
parce qu’il auoit rendu courtisans les Euangelistes. Per[2 lettres ills.] ie le
regrette quasi autant que mes magots, les pauures bestes ont
bien mangé leur pain blanc le premier, elles ne pourront estre
venduës a mon Inuentaire qu’à quelque charlatan qui ne sçaura
pas faire tant de tours de passe passe que moy, & qui ne fera
point iouër de si belles marionettes que i’en fis voir il y à deux

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ans dans ma piece des machines. Quand i’y songe i’ay grand regret
à cette folle dépence ie la pouuois espargner, & mettre en
ma bourse, i’aurois quatre cens mil escus qui auroient presque
doublé sur la banque depuis ce temps, mais il n’y à remede
maintenant que ie manieray mon bien i’en seray meilleur œconome
à quoy ie m’attends que vous me seruirez bien. Or comme
i’espere de vous voir en bref, & peut estre à la haste ie vous
entretiendray de bouche plus amplement, apres vous auoir
prié derechef de mettre mon argent en seureté & de m’enuoyer
bonne escorte. Ie me recommande à vous & suis Seigneur Flauio
vostre amy prest à vous seruir Iulle Mazarin. De St. Germain
en Laye le 25. Feurier, 1649.

 

FIN.

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