Mercier, V. [signé] [1649], PANEGYRIQVE A L’HONNEVR DV ROY PRESENTĖ A SA MAIESTĖ. , françaisRéférence RIM : M0_2660. Cote locale : A_6_57.
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PANEGYRIQVE
A L’HONNEVR
DV ROY
PRESENTĖ A SA MAIESTĖ.

A PARIS,
Chez la Veufve THOED PEPINGVĖ, & EST.
MAVCROY, ruë de la Harpe vis à vis
la ruë des Mathurins.

M. DC. XLIX.

Auec Permission.

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AV ROY.

SIRE,

Quand ie considere que dans mon
impuissance ie n’ay rien à vous offrir qui
ne soit infiniment au dessous des Vertus que
possede Vostre Majesté ; L’éclat de tant de
grandeurs qui l’enuironnent me fait apprehender
auec raison d’y laisser de si foibles marques
de mon Zele & de ma soumission ; neantmoins
comme ces Anciens n’ont pas esté moins estimez,
ny moins loüables, bien qu’ils n’offrissent aux
Diuinitez qu’ils adoroient que des choses basses
& de peu de merite, parce qu’ils ne pouuoient
pas dauantage ; que ceux d’Ephese ne presentassent
au Soleil que des lampes, luy qui est la
source des lumieres ; & que ceux de la ville
d’Ida, au recit de Pausanias, ne chargeassent les
Autels dediez à son honneur que de bouquets
de fleurs ; bien qu’il soit la cause vniuerselle de
toutes les beautez, de toutes les raretez, & de
toutes les productions de la terre. Ainsi, Grand
Prince, bien que nos hommages, nos respects,

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& nos soumissions, ne soient rien en comparaison
de ce que vous estes, & de ce que vous m’estes,
& que nous ne puissions iamais nous acquitter
dignement de nos deuoirs enuers Vostre Majesté ;
Receuez pourtant ce tesmoignage de nos cœurs,
& ces preuues de nos sinceres affections. Permettez,
que ne pouuant aggrandir vostre gloire,
nous en publions au moins les splendeurs, que ne
pouuant rien contribuer au bon-heur de vostre
Estat, nous en tesmoignions au moins de la réjoüissance,
& que nous estant impossible d’exprimer
les rares qualitez de vostre Ame, au moins
nous en disions quelque chose. Cette hostie de
loüange prise en nous mesmes, est la plus riche
qui puisse partir de nos plus cheres affections : &
bien qu’elle ne soit pas capable de rehausser par
vn superbe Panegyrique les admirables circonstances
d’vne vie si glorieuse comme est la vostre,
elle est neantmoins le caractere des soumissions
que vous rendent vos sujets, & moy en
particulier, comme estant,

 

SIRE,

De V. M.

Le tres humble, tres-obeïssant, tres-fidele
seruiteur & sujet, MERCIER.

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PANEGYRIQVE
A L’HONNEVR
DV ROY.

SIRE,

L’eminente qualité de Roy est vn abregé de tout
ce qu’il y a de bon, de beau, & de grand dans le monde.
La gloire, la puissance, & les richesses sont les appanages
d’vne Couronne, dont les peuples respectent
la Majesté, & admirent l’éclat auec estonnement. En
vn mot, tout ce qui se trouue de plus aymable, & de
plus digne d’estre regardé, sont les vrais sujets des
loüanges deuës aux Roys. La veuë & la consideration
des choses grandes, est vn meslange de plaisir & d’estonnement.
La beauté rauit les affections à soy, & le
bien les anime à sa poursuitte, & à sa ioüissance. L’abondance
des commoditez de la terre dont on fait vne
estime extraordinaire, n’a que trop d’admirateurs, de
suiuans, & d’esclaues ; & l’indigence ne cherche que
ce qui est capable de luy donner du soulagement dans
l’extremité de son malheur. C’est à mon aduis ce qui
a obligé les hommes d’approcher la personne des

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Roys, & ce qui les a contraint en voulant satisfaire à
leurs desirs, de satisfaire en mesme temps à ceux du
Prince dont ils esperoient la faueur. En effet, de quelque
costé que se tourne la grandeur, elle a beaucoup
d’yeux qui la regardent : & plus elle a de spectateurs,
plus elle semble augmenter son merite. De mesme
que ce ieune homme, dont il est parlé dans Esdras,
qui s’esleuoit à mesure que des vieillards luy mettoient
des couronnes sur la teste, & respectoient sa vertu.
L’interest donc, & l’amour du propre bien ont esté le
seul motif qui ont obligé les hommes de se rauir d’eux-mesmes
pour se donner à autruy, & de renoncer à leur
propre liberté pour se rendre esclaues auprés des Princes,
afin de les seruir, de les honorer, & de les loüer.
Neantmoins, SIRE, les plus sages connoissent parfaitement,
que le plus grand bon-heur d’vn Prince, est
d’auoir auprés de luy des personnes desinteressées, &
de ne point souffrir que ceux qui donnent des loüanges
à leur vertu, ayent vn esprit infecté de flatterie,
ou vne ame corrompuë de mensonge. Puisque cette
peste malheureuse est la ruïne des Princes, & la destruction
des Royaumes. Les flatteries de Carpene
rendirent Crassus esclaue des Parthes. Irus, Ortige,
& Icare furent cause de la ruïne de l’Empire de Gnosse ;
& sans doute tous les Monarques qui voudront
prester l’oreille à cette Syrene enchantée, perdront
bien-tost leur sceptre, ou du moins terniront l’esclat
de leur diademe, & la gloire de leurs plus belles actions.
Ouy, grand Prince, si c’est vn manquement d’affection

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de ne rien dire des Roys, c’est vne espece de
trahison d’en dire trop ; & le Souuerain qui est sage
& prudent aura moins de peine à supporter les calomnies
d’vn ennemy, qui seruent d’antidote contre
le vice, que les applaudissemens d’vn flatteur,
qui bien souuent sont vn poison mortel à
la vertu, & de funestes appas à la malice. Ie sçay,
grand Roy, que les rayons qui enuironnent vne
Couronne esbloüissent quelques-fois les yeux de
ceux mesmes qui la portent, & que les Princes se persuadent
facilement, que comme on ne sçauroit rendre
trop de deuoirs, & de sousmissions à leurs Majestez,
de mesme aussi qu’on ne peut donner trop d’eloges
& de loüanges à leur vertu. Ie sçay encore, qu’il
faut beaucoup deferer aux Princes que nous honorons,
& que nous ne pouuons auoir trop de ciuilité, ny
de complaisance pour leurs personnes : mais il est à
craindre, que nos deferences ne deuiennent criminelles,
& que par les mesmes moyens que nous esperions
acquerir leurs bonnes graces, nous ne passions pour
des coupables, qui ne meritent que des supplices & des
chastimens. Et certes si Phalaris deffendit à ce Poëte,
qui estoit sur le poinct d’escrire ses loüanges, de ne
parler que de ses actions & de ses mœurs ; si Agesilaus
ne voulut estre loüé que de ceux qui auoient autresfois
mesdit de luy ; si Alexandre se mist à la fin en colere
contre ceux qui flattoient ses passions, & qui approuuoient
tous ses desseins. Ie puis croire, grand Prince,
qu’estant éclairé des lumieres du Ciel, & cognoissant

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ce que vous estes par la faueur d’vne clarté qui ne vous
peut tromper ; j’attirerois vostre colere & vostre indignation,
si ie voulois paroistre ingenieux à vous loüer,
ou que i’entreprisse de parler des rares qualitez que
vous possedez auec vn peu d’exageration. Mais, SIRE,
afin que ie m’acquitte de mon deuoir sans encourir aucun
blasme de vostre Majesté, permettez que ma plume
descriue les incomparables vertus de vostre Ame,
& que ma langue publie les grandeurs qui vous rendent
recommandable auec autant de sincerité, que
de zele & d’affection. Ie sçay, grand Prince, que l’on
ne peut parler auec verité de ce que vous estes, sans ofsencer
vostre modestie, & que vostre humilité est desia
si parfaite, qu’elle se contente en elle-mesme de posseder
ce qu’elle possede, sans que cela paroisse au dehors ;
De mesme que ces fontaines, qui ne se respandent iamais
hors de leurs sources ; comme ces lumieres, qui
bruslent sans éclairer ; comme ces tresors, qui sont cachez
& qu’on ne cognoist point ; comme cette lampe
precieuse, dont parle Pausanias, qui estoit dans le
Temple d’Ephese, & qui n’éclairoit que l’Autel où reposoit
l’image de la Mere des Dieux ; ou comme Dieu
qui auparauant la creation du monde, trouuoit en soy
ses delices, ses perfections, ses contentemens, sans se
soucier que les Anges en fussent les idées, que les hommes
en admirassent la grandeur, & que les Cieux en
publiassent la Majesté & la gloire. Neantmoins, SIRE,
quoy que vous fassiez, vous ne pouuez vous dérober
à vous-mesme, non plus qu’aux yeux de ceux qui vous

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regardent : & les personnes qui ont l’honneur d’approcher
la vostre remarquent que vous auez de parfaites
inclinations à la Vertu, & des sentimens extraordinaires
pour la Religion que vous professez. S’il est vray,
comme nous n’en pouuons douter, que la pieté soit la
premiere iustice que nous rendons à Dieu ; si c’est elle
qui maintient les Monarchies, & qui appuye les Couronnes ;
si c’est elle qui fait cherir les Roys & du Ciel,
& de la terre, qui les oblige de rendre à la Majesté souueraine,
qu’ils adorent, des respects & des venerations ;
si c’est elle qui regle les mouuemens, & les passions des
Princes, ne pourrions-nous pas dire, grand Roy,
qu’estant profondement enracinée dans vostre cœur,
vous pouuez rendre vostre Royaume eternel, deuenir
la merueille du monde, & vn grand Sainct entre les
Roys. Et certes, qui n’admireroit les soins que vostre
Majesté prend d’assister tous les iours à la Messe auec
vne deuotion qui tire les larmes des yeux de ceux qui
la considerent, & qui donne de l’estonnement aux
Anges ; qui n’admireroit encore auec quelle satisfaction
interieure vous faites vos exercices spirituels ;
auec quelle attention d’esprit, & auec quelle modestie
vous vous trouuez aux ceremonies de l’Eglise ; la frequentation
des gens de bien que vous aymez particulierement,
est vne preuue asseurée de l’integrité de vostre
conscience, comme la haine que vous portez aux
meschans est vne marque infaillible de vostre Vertu
incomparable. Si Numa Pompilius estoit estimé le

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fauory des Dieux, s’il estoit admis à leurs conseils, &
à leurs secrets ; s’il conuersoit familierement auec eux,
n’estoit-ce pas sa pieté qui luy donnoit tous ces auantages.
La vostre, grand Prince, est mille fois plus considerable,
& ie puis dire hardiment, qu’elle est le canal
par lequel vous receuez les graces & les lumieres du
Ciel, que c’est par elle que l’Esprit diuin habite dans vostre
cœur, comme dans son Temple animé, & que
c’est par son moyen qu’il vous communique ses secrets,
& vous découure ses mysteres. Si la pieté est si
genereuse, qu’elle deuienne maistresse des entreprises
les plus desesperées ; Si elle foule courageusement aux
pieds tout ce que le monde apprehende ; Si elle repousse
auec adresse les assauts de la fortune, & se mocque
de sa violence ; Si venir à bout de tous ses desseins
est vn effet de son courage, & vne faueur de son assistance ;
Si elle se fait aymer de ses ennemis, & admirer
de ses propres subjets ; Quelle merueille que les Roys
soient ébloüis de l’éclat de ses splendeurs, eux qui toûjours
sont passionnez des belles choses ? Enfin si selon
la pensée de l’Apostre, la pieté est vtile à tout, & que
sans elle les autres Vertus sont comme inutiles, ie puis
dire, grand Prince, que la vostre estant dans vn haut
degré de perfection, vous triompherez puissamment
des cœurs de vos subjets, & vous vous rendrez victorieux
de toutes les nations de la terre. Parmy les doctes
vous trouuerez des imitateurs ; parmy les Estrangers
des admirateurs, & les vns comme les autres loüeront

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également les eminentes qualitez de vostre Ame
Royale. Mais, SIRE, ce n’est pas assez que l’on cognoisse
la grandeur de vostre pieté, si l’on ne sçait d’où
elle a pris son fondement, & d’où elle a tiré son origine.
Si ie resonne auec la Theologie Chrestienne,
ie diray, que comme nous ne pouuons nous porter
à des entreprises genereuses que par les mouuemens du
S. Esprit : que nous ne pouuons, dit S. Paul, prononcer le
nom du Dieu que nous adorõs, si sa bonté ne deslie nos
langues : & que comme la pratique d’vne vertu surnaturelle
nous est impossible sans l’assistance de la grace :
qu’ainsi les premiers sentimens de la pieté sont des
pures liberalitez du Ciel, des faueurs de sa bonté, &
des preuues de son amour. Mais en suitte, ie puis dire
aussi que la pieté des Roys vient de la bonne education
que l’on leur donne, & des bons exemples qu’ils
voyent. Ouy, grand Prince, c’est le Ciel qui est le principe
de vostre pieté, & c’est la vie innocente de la Reyne
qui en est la perfection. Et comme le Soleil est le
pere des metaux, que le trauail & l’artifice des hommes
perfectionne & enrichit, de mesme Dieu a mis dans
vostre cœur les premieres semences de la Vertu, de la
Religion, de la Pieté : mais la Reyne nostre tres honorée
Dame, & tres-aymée Princesse, les a arrouseés
de ses larmes, cultiuées de ses soins, fauorisees de ses
prieres, & les a fait croistre iusques au comble de la
perfection qu’elles possedent maintenant. On ne veit
iamais vne Reyne plus sage, ny vn Prince plus obeïssant :

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on ne veit iamais vne Princesse plus vertueuse,
ny vn Monarque plus accomply : & comme les qualitez
de la Mere sont incomparables, nous pouuons dire
que le Fils ne peut estre comparé à personne, ny personne
comparé à luy. Comme toutes les affaires du
monde, mesme les plus importantes à la conseruation
de l’Estat, ne sont pas capables d’occuper son esprit,
mais seulement de le diuertir ; il n’y en a point qui entretiennent
dauantage ses pensées, ny qu’elle ayt plus
à cœur, sinon celles d’esleuer le Roy dans les qualitez
dignes d’vn grand Prince, & d’vn Monarque tout
Chrestien. Pour ce sujet, elle ne permet auprés de sa
Majesté que des personnes de prudence, de iugement,
de doctrine, de probité ; sçachant que l’exemple & les
actions ont beaucoup plus de pouuoir sur les esprits,
que l’eloquence la plus flatteuse, & la Rhetorique la
mieux estudiée. Mais sans parler en particulier des
soins qu’à la Reyne de l’education du Roy, n’est-il pas
vray qu’en cecy paroist l’excellence de sa conduitte,
de luy auoir donné Monsieur de Beaumont Euesque
de Rhodez pour Precepteur, personnage digne d’vn
employ si releué, & d’vne occupation si glorieuse,
estant certain qu’entre les mains d’vn homme si docte
& si vertueux, sa Majesté peut apprendre tout ce que
les Roys doiuent sçauoir, & tout ce que les Saincts
doiuent pratiquer. Sçachez, grand Prince, que les
bonnes instructions sont souuent cause de la grandeur
des Monarques, & que les sages aduis d’vn Precepteur

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qui les gouuerne, est vne pierre precieuse qui donne le
lustre à leur diadesme, de la gloire à leur Couronne,
& de l’authorité à leur sceptre. L’histoire remarque
qu’Alexandre ne fit iamais rien qui fut indigne d’vn
Prince en presence de Mœcenas, ou de Crates. La familiarité
que Minos eut auec Iupiter l’espace de neuf
ans entiers dans la grotte du mont Ida, le fit respecter
de tous les peuples. Ceux de Sparte creurent que Licurgus
estoit disciple d’Apollon. Les Romains eurent
opinion que Numa auoit puisé la prudence, auec
laquelle il gouuernoit leur Empire, des entretiens qu’il
auoit auec la Nymphe Egerie. Pericles ce grand personnage,
dans l’estroite conuersation qu’il eut auec
Anaxagoras, auec Pitocles, & Damon apprist la doctrine
qui le rendit si considerable, & si merueilleux au
gouuernement de l’Empire. Iamais Dion n’auroit eu
la gloire d’estre vn des plus illustres Capitaines du
monde, & l’vn des plus sages Politiques de la terre, si
Platon ne l’eut rendu excellent Philosophe. Et entre
toutes les loüanges que l’on donne à Pitagore, la plus
glorieuse est celle d’auoir appris aux Princes d’Italie les
moyens de bien regir le timon de leurs Estats. En fin
SIRE, tous les Monarques qui ont voulu eterniser leur
nom, & rendre leur memoire immortelle, ont toûjours
eu aupres de leurs Majestez des sages Conducteurs
qui leur donnoient des instructions necessaires pour
bien gouuerner leurs subjets. Ainsi Agamemnon
auoit Nestor à son seruice ; Periandre auoit Thales ;

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Hipparque & Policrate auoient Anacreon. Philippe
estant en ostage à Thebes se rendit capable de jetter
les fondemens de la Monarchie des Macedoniens par
les entretiens familiers qu’il eut auec Pelopidas, & auec
Lisandre. Eumene n’estoit iamais sans Hierosme Cardain,
& Menandre estoit les delices des Roys d’Egypte
& de Macedoine. Ie pourrois dire, grand Prince,
que vous estes vn chef-d’œuure de la nature, & que
Dieu ayant fait des miracles à vostre naissance, le Ciel
doit continuer à rendre vostre vie glorieuse, & vos
actions admirables. Mais, SIRE, la plus parfaite, comme
la plus veritable loüange que l’on puisse donner à
Vostre Majesté, consiste dans les respects, les sousmissions,
les deuoirs, l’obeïssance que vous rendez à la
Reyne, & à vostre Precepteur ; l’on remarque que vostre
sacrée Personne a beaucoup plus de soin de se faire
instruire en la science des Saincts, qu’en la Politique
de la terre, qu’elle fait plus d’estime des maximes du
Ciel, que des loix de la Cour ; & que comme vn autre
Salomon, elle prefere la sagesse à toutes les grandeurs,
à toutes les richesses, à toutes les voluptez imaginables ;
aussi comme ce Prince par sa Vertu a esté la
parfaite figure de Iesus-Christ, la terreur de ses voisins,
les delices de son peuple, la gloire du Royaume d’Israël ;
nous esperons de mesme, Prince incomparable,
que vostre pieté vous rendra imitateur du Roy de
l’Empyrée, que vostre Vertu surmontera vos ennemis,
que vostre bonté regnera par amour dans vos subjets,

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& que la sagesse que vous recherchez auec tant de
soin, vous rendra la merueille de l’Vniuers, l’estonnement
des siecles passez, & l’admiration des suiuans.
Oüy, SIRE, tandis que vous vous addonnerez à l’estude
de la sagesse, & à la poursuite de la Vertu, nous
sommes asseurez de joüir d’vne paix tres-heureuse, &
d’vne tranquillité tres-parfaite. En cét estat, la fortune
qui foule aux pieds les plus belles choses, qui efface
la splendeur des plus illustres familles, qui humilie les
plus courageux, qui esbranle les Empires, qui renuerse
les Monarchies, & qui secouë les rochers & les montagnes,
n’aura aucun pouuoir sur vous, ny sur vostre
domaine ; & bien qu’elle esleue ses tempestes, ou exerce
ses cruautez contre les collines, & contre les monts ;
Vous serez comme celuy d’Olympe, qui estant esleué
au dessus des nuës, n’apprehende ny les foudres du
Ciel, ny les infections de l’air, ny les mauuaises vapeurs
de la terre. Ainsi, grand Roy, nous viurons
tousiours heureux sous l’Empire de vostre regne, &
les actions glorieuses que vous ferez dans vn aage plus
auancé, seront des matieres pour publier vos loüanges,
& faire l’histoire d’vne vie qui iamais n’a eu de pareille.

 

Il est permis à la Vefve Theodore Pepingué, & Estienne
Maucroy d’imprimer le Panegyrique en l’honneur du Roy, &
deffenses à tous autres de l’imprimer. Fait ce 29. Avril
1649. Signé, D’AVBRAY.

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