P. B. [signé] [1649], LETTRE ENVOYEE A MONSEIGNEVR LE DVC DE LONGVEVILLE PAR VN DE SES SVBIECTS. , françaisRéférence RIM : M0_2229. Cote locale : A_5_10.
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LETTRE
ENVOYEE
A MONSEIGNEVR
LE DVC DE
LONGVEVILLE
PAR VN DE SES
SVBIECTS.

MONSEIGNEVR,

Bien qu’il semble estre contre le
respect qu’vn subiect & vassal doit

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à son Prince & Seignenr de luy
vouloir donner quelques aduis,
i’ay neantmoins crû estre de mon
deuoir de nous aduertir des faux
bruits que ceux qui sont mal affectionnez
à vostre Altesse, & enuieux
de sa gloire & de son bonheur
auoient ces iours passez disparsé
par la ville de Paris pour tascher
de ternir l’esclat & la splendeur
de vostre illustre naissance
par vne action qui ne pourroit auoir
entrée que dans vne ame lasche
& cassaniere, & pour vray dire
Monseigneur ie vous aduouray
que leur stratageme auoit eu vn tel
effet qu’ayant formé de mauuaises
opinions de nostre fidelité, tout le
peuple continuant tousiours dans
ses aueuglemens ordinaires & perdant
toutes sortes de respects, &

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ensemble le souuenir des obligations
qu’il doit auoir à vostre
Altesse s’estoit laissé emporter à
des soupcons qui ne peuuent estre
receus que des esprits les plus
malfaits puis qu’elles n’ont pour
fondement que le retardement
de vos troupes en Normandie,
comme s’il estoit ignorant que
dans cette grande Prouince il ne
s’y renconttast pas des ennemis
de l’estat à combattre aussi bien
que dans cette ville de Paris, ce
qui me forceroit de dire que vostre
absence luy est en quelque
façon plus necessaire & auantageuse
que vostre presence,
d’autre part l’experience que
toute la France a fait tant de fois
de vostre constance le d’euroit

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asseurer que vous n’estes capable
de la moindre alteration,
mais la prouidence diuine en
vouloit disposet d’vne autre sorte,
puis que ce mesme peuple
ayant appris que l’aduancemẽt de
vos trouppes auoit esté retardé
par les sieurs de Fontaine-Martel,
Compte de Cleré, & Baron
de la terre Imbault qui auez quelques
trouppes s’estoient rendus
maistres de Guillebeuf, ou ayant
fait brusler quelques maisons
s’estoient retirés vers Ponteau
de mer, ce qui auoit obligé vostre
Altesse d’y faire auancer vostre
armée pour arrester le cours
de leurs armes & s’opposer à
leurs pernicieux desseins qui ne
tendoiẽt qu’a faire reuolter tout

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ceux de nostre gouuernement,
il n’a pas dis-ie si tost appris cette
noucelle qu’en mesme temps
il a changé ses sentimens si contraires
à vos louables intentions
& a declamé contre ces seditieux
publiant hautement leur
malice ; C’est pourquoy Monseigneur
embrassant en cette occasion
la cause commune ie suppliray
tres-humblement vostre Altesse
de vouloir excuser vn peuple
qui le plus souuent pour chasse
auec passion les choses qui luy
sont tout a fait contraires, &
mesprise celles qui peuuẽt beaucoup
contribuer à son aduancement
& vtilité, esperant que vous
ne luy denires pas la continuation
de vos veilles & de vos

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soins, & à moy la permissiun de
me dire.

 

MONSEIGNEVR,

De vostre Altesse.

Le tres-humble tres-obeyssant &
tres-obligé sujet. P. B.

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P. B. [signé] [1649], LETTRE ENVOYEE A MONSEIGNEVR LE DVC DE LONGVEVILLE PAR VN DE SES SVBIECTS. , françaisRéférence RIM : M0_2229. Cote locale : A_5_10.