POESIE
SVR LA BARBE
DV PREM PRESID.

A BRVXELLES.

M. DC. XLIX.

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IE chante d’vn chant satyrique
Vne laide barbe cimique,
La barbe & le menton barbu
De Molé Iuge corrompu,
Barbe sale, barbe vilaine,
Barbe infame, barbe inhumaine,
Barbe qu’a fait vn partisan
Aux frais du pauure païsan,
Barbe affreuse, barbe maudite,
Barbe burlesque & decrepite,
Barbe qui me met en fureur,
Et dont la veuë me fait horreur,
Barbe d’vn vieil & laid mastin
Grand defenseur de Mazarin,
Qui s’offriroit pour vn escu
De seruiette à torcher son cul,
Barbe qui tout prend & deuore,
Barbe que tout le monde abhorre,
Barbe rauallée en pendans,
Barbe à qui ie porte vne dent,
Barbe cruelle, barbe fiere,
Barbe que ie souhaite en biere,
Par vn semblable danger
Que le President Boulanger,
Barbe qui voudroit voir la France
En Greue au bout d’vne potence,
Barbe pendante au vieux menton
D’vn auare & lasche poltron,
Barbe de Bouc, barbe de Chevre,

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Barbe qui descend d’vne levre
Qui cache vn ratelier de dents
Plus puantes que souffre ardent,
Barbe qui entoure vne bouche
Qui produit vne voix farouche,
Barbe qui pend le long d’vn col
A qui ie souhaite vn licol,
Barbe qui couure vne poitrine
D’où sort le mal qui nous ruine,
Barbe d’vn maudit loup-garoux
Qui cause mon iuste courroux,
Tu sentiras barbe de laine
Les traits plus picquans de ma haine,
De laine, non ie me dedis,
Il m’est permis si i’ay mal dit
De me reprendre & de mieux dire,
Disons donc mieux & faisons rire
Tous ceux qui ces vers écriront,
Ou écrits aprés les liront,
N’appellons plus barbe de laine
Vne barbe qu’auons en haine,
Ce mot est trop doux pour celuy
Qui s’engraisse du bien d’autruy,
Qui abandonnant sa Patrie
Noircit sa memoire fletrie,
Et comme vn lasche renegat
Trahit son Roy & le Senat,
Appellons là barbe picquante
Du sang du peuple degoutante,

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Barbe plus fiere qu’vn Grison,
Barbe du grand geant Typhon,
Nommons là barbe de Megere
L’appentil de nostre misere,
Le fondement de nos malheurs,
Et la baze de nos douleurs,
Nommons là barbe à l’escopette
Barbe qui fait nostre disette,
Barbe du Pilote infernal,
Barbe du crin d’vn vieux cheual,
Barbe de soye à porc farouche,
Les brins faits en pointe de fourche,
En picquants d’herisson fasché
De porc espic effarouché,
De chardons, de ronces, & d’espines
Qui picquent iusques aux racines,
Barbe d’vn vieil & laid magot,
Barbe d’vn traistre & d’vn bigot,
Ie voudrois, ô barbe vilaine,
Que de merde du fusse plaine,
Que les mules & les mulets,
Les poules & tous les poulets,
Tous les cheuaux & les cauales
Des escuries Cardinales,
Les chiens, les chiennes & les chats,
Toutes les souris & les rats,
Puissent sur toy barbe boucquine,
Barbe qui put comme rauine,
Ietter comme sur vn fumier

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Tout ce qui sort de leur fessier,
Que les poux, puces & lentes,
Morpions & punaises puantes,
Puissent dedans ton corps épars
Comme estrons dessus les remparts,
Que les chancres & les vlceres
Plus veneneuses que viperes,
Les pustules & les poulains
Que l’on gagne auec les putains,
Et tous les autres grains semblables
Que les François prirent à Naples,
Puissent tous affliger le corps,
Tant au-dedans qu’au dehors,
De celuy, ô barbe bigote,
Qui te cultiue & te porte,
Quand tombant tu sois tost ou tard
Comme celle de du Remard,
Ainsi manton, & barbe infame,
Tu deuiendras menton de femme,
Ie te souhaite encore plus,
Et cecy n’est pas superflus,
Que si les choses souhaitées
Vn iour estoient executées,
Tous les poils cheus ou arrachez
A vn masque soient attachez,
Pour seruir de boufonne trogne
Aux fols de l’Hostel de de Bourgogne :
C’est là plustost qu’au Parlement
Que tu paroistras dignement.

 

FIN. P. B. S.