Sandricourt,? de [1652], RESPONSE POVR MESSIEVRS LES PRINCES AV LIBELLE SEDITIEVX Intitulé, L’ESPRIT DE PAIX, Semé dans les Ruës de Paris la Nuit du 25. Iuin 1652. PIECE ACADEMIQVE. Par le sieur DE SANDRICOVRT. , français, latinRéférence RIM : M0_3449. Cote locale : B_16_57.
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RESPONSE POVR MESSIEVRS
les Princes, Au Libelle intitulé,
L’Esprit de Paix.

NE sçais-tu pas aussi que ie suis Academique,
& que ie n’espouse ny party ny Cabale ? Crois-tu
que j’espargne les Princes, & que ie pardonne
aux Testes couronnées quand ie les surprends dans
le tort ? Lis mes Ouurages* Esprit inuisible qui vagabõde
par tout pour y semer la sedition. Sçais-tu bien
tout Lutin que ie suis, que ie ne seme point les diuisions ?
que ie suis l’Ange des bons Conseils, baptisé
Philocelte, & la Victime voüée pour le salut de mon
Païs ? Arreste Mazarin fieffé : Es tu pas ce Genie qui
fit échapper les Secretaires des Enfers ? le te reconnois
à la Morgue, car si tu és Esprit, ie suis né Intelligence.
Allons, teste à teste comme fourbisseurs. & l’épée nuë
de la verité qui soit de franche Olinde. Que dis-tu
pour débaucher les Peuples ?

* Mõ Politique
Lutin.
& ses suites

Que tu és indifferent & des-interesse ? Y en a-t’il de
ces indifferents qui ne peschent pas en eau trouble ?
Ne m’a-t’on pas dit que tu auois enuoyé presenter
vne chandelle à saint Michel, & l’autre à son Dragon.

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Tu te tiens donc chancelant & immobile dans les
Troubles de ton païs, & dans les funestes diuisions
de l’Estat à qui tu és redeuable des plus nobles de tes
Amours ? Ea non media sed nulla via est, velut euentum
expectantium, quò fortunæ Consilia sua applicent. * Tu te ferois
mocquer si tu le faisois, & tu tournerois la iuste
cholere des deux partis contre ton Apathic. Escoute,
suis mon Conseil & ne sois point traistre ny lasche
comme ces doubles visages qui attendent l’yssuë que
les affaires auront pour prendre party selon le vent :
autrement on diroit que tu serois de l’humeur de ce
Tyran* de Syracuse qui suspẽdoit ses armes en la
guerre des Barbares contre les Grecs, & qui tenoit
ses Ambassadeurs à Delphes pour espier de quel costé
tomberoit la fortune ; ie vois bien que le feu est trop
prés de ton voisinage pour ne t’en point emouuoir.
Que dis-tu là-dessus ?

 

* Liuius
lib. 12.

* Gelon.

Que tout l’Estat est en combustion, que les Prouinces
sont desolées, les Peuples fugitifs, les Loix mortes,
le Commerce rompu par tout où l’Animosité des
Partis a porté ses ressentimens, & qu’il n’y a liberté de
respirer que dans les lieux où la Guerre n’a point
encore esté. Iusques-là tu chante tout d’or. Mais tu
demande aussi tost.

Quel interest nous auons dans le party des Princes.
Tu te declare donc contre leurs Altesses, puisque
tu t’efforce de nous dégager ou de ne nous point engager
auec eux : Et en faueur de qui ? Tu as beau le
dissimuler & le dénier. *Ce n’est point pour toy mesme

* En la
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Sandricourt,? de [1652], RESPONSE POVR MESSIEVRS LES PRINCES AV LIBELLE SEDITIEVX Intitulé, L’ESPRIT DE PAIX, Semé dans les Ruës de Paris la Nuit du 25. Iuin 1652. PIECE ACADEMIQVE. Par le sieur DE SANDRICOVRT. , français, latinRéférence RIM : M0_3449. Cote locale : B_16_57.