Savoie, Charles-Amédée de (duc de Nemours) [signé] [faux] [1652], LETTRE DE MONSIEVR LE DVC DE NEMOVRS, A SON ALTESSE ROYALE: DANS LAQVELLE SONT CONTENVS les Moyens infaillibles de faire la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_2022. Cote locale : B_5_37.
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LETTRE De Monsieur le Duc de Nemours,
à son Altesse Royale, dans laquelle
sont contenus les Moyens infaillibles
de faire la Paix Generale.

MONSIEVR,

Vostre Altesse Royale sçaura qu’estant
arriué à Bruxelles, ie me suis acquitté
de la Commission qu’elle m’auoit
donnée, le plus exactement qu’il
m’a esté possible. I’ay fait sçauoir à
Monsieur l’Archiduc le sujet de ma
venuë auprés de luy : ie luy ay fait ouuerture
des iustes intentiõs que vous
auiez de procurer la Paix à toute
l’Europe ; il m’a fait assez connoistre

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par la ioye qu’il m’en a tesmoignée,
qu’il n’a pas moins de passiõ que nous
pour vn bien si general, & si necessaire
à toute la Chrestienté. Il a loué
hautement les genereuses resolutiõs
des Princes de France, les a estimées
bien-heureuses d’auoir V. A. R. pour
appuy, & a desiré de contribuer tout
son pouuoir à les faire reüssir.

 

I’ay remarqué dans les esprits de
tous les Grands de cette Cour vn zele
sans dissimulation, qui les portent
à fauoriser vne entreprise si vertueuse,
que les peuples de ces lieux qualifient
du nom de sainte inspiration, se
jettant à genoux pour demander cette
bienheureuse Paix, & me suppliãt
de moyenner auprés de V. A. R. vn
bonheur si rare, & si parfait De si belles
dispositions sont des voyes tres-asseurées
pour arriuer à cette desirée
tranquilité qui fait tout le bonheur

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des peuples, & la plus grande
gloire de leurs Princes. Il ne faut pour
cela que persister dans le plus iuste
dessein qui fut iamais pris, & l’on verra
renaître ce calme qui est trauersé
depuis si long-temps par les ennemis
du repos de l’vn & de l’autre Royaume ;
peut-estre que celuy qui est le
plus contraire à ce doux establissement
se sentira luy-mesme forcé à
l’agréer quand il reconnoistra par les
puissantes allarmes qu’on luy donnera,
& que sa conscience mesme luy
pourra susciter, qu’il n’y a rien de si
souhaitable que la Paix, puisqu’il est
si dangereux de regner parmy les
troubles. C’est à quoy il faut trauailler
serieusement à mon aduis, & c’est
là le plus digne employ qui peut occuper
vne grãde ame telle qu’est celle
de V. A. R. & comme il ne se treuue
personne aujourd’huy qui ne soupire

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apres vne chose si charmante, tout
le monde aussi donnera mille benedictions
d’vn projet si releué & si digne
de V. A. R. c’est ce que l’on fait
desia par toutes ces Prouinces où les
Grands & les petits luy addressent
tous vnanimement leurs vœux, & se
preparent à ne luy rien refuser pour
l’accõplissement d’vn bien qu’ils sont
prés d’achepter aux despens mesme
de tout leur sang, & de tout ce qu’ils
ont de plus precieux.

 

Il ne m’a donc pas esté difficile
d’obtenir en ces lieux tout ce que i’y
pretendois ; En suite dequoy ie me
suis acheminé vers les Troupes qui
estoient desia presque toutes prestes
à marcher en Campagne.

A mon arriuée i’y ay treuué quelques
desordres sur les differents qui
s’y estoient meûs pour la préeminence
des Commandemens, chacun se

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croyant aussi digne & aussi capable
que son compagnon. Mais ayant pris
la conduite de toute l’Armée, selon
les ordres que i’en auois de V. A. R.
i’ay veu cesser assez heureusement
toutes ces petites querelles, & chacun
s’est contenté de tenir le rang
que ie luy auois donné, ayant en cela
obserué autant que i’ay pû la iustice,
& reconnu le merite de chacun ; si
bien que ie puis asseurer V. A. R. qu’apres
estre entrez en Frãce nous sommes
en estat de prendre nostre marche
par où elle iugera plus à propos,
& que nous n’attendons plus que ses
ordres pour y obeïr ponctuellemẽt,
ne croyant pas que rien se puisse opposer
à nôtre passage pour nous rendre
à Mantes, où l’on nous asseure
que V. A. R. se doit rendre aussi, afin
de voir l’estat & la disposition des
Troupes, qu’elle treuuera en fort

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bon ordre. Ie ne manqueray point de
les faire auancer à ce rendez-vous,
où i’auray l’hõneur de tenir comptes
à V. A. R. de ma negociation, en laquelle
ie m’asseure qu’elle connoîtra
que ie suis,

 

MONSIEVR,

De Vostre Altesse Royale,

Le tres-humble, & tres-obeïssant
seruiteur,

C. DE SAVOYE Duc de Nemours.

A la Fere ce 23.
Fevrier 1652.

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Savoie, Charles-Amédée de (duc de Nemours) [signé] [faux] [1652], LETTRE DE MONSIEVR LE DVC DE NEMOVRS, A SON ALTESSE ROYALE: DANS LAQVELLE SONT CONTENVS les Moyens infaillibles de faire la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_2022. Cote locale : B_5_37.