Anonyme [1652], LA CONIVRATION DECOVVERTE, DES SIEVRS SERVIENT, LE TELLIER, de Lyonne & autres : Triumvirat du Conseil du Cardinal Mazarin. Contre Messieurs les Princes & la Ville de Paris, proscripts par Arrest de la Cour de Parlement. I. Pour la justification de la pure intention de Son Altesse Royale. II. Dessein du Triumvirat, pour faire vn changement dans l’Estat. III. Leurs trahisons contre la Ville de Paris. IV. Mazarin declaré ennemy juré de la Maison Royale. , françaisRéférence RIM : M0_757. Cote locale : B_20_6.
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LA CON IVRATION
découuerte des Sieurs Seruient, le Tellier
& de Lyonne, Triumvirat du Conseil
du Cardinal Mazarin : Contre
Messieurs les Princes & la Ville de
Paris, proscripts par Arrest de la Cour
de Parlement.

LA pluspart des sousleuemens & des malheurs
qui ruinent les Estats & les diuisent,
n’ont autre source que l’ambition de ceux qui
gouuernent la personne du Prince ; car c’est l’humeur
commun de telles gens que la nature ou la
fortune a raualez au dessous de ceux qui tiennent
les premiers rangs en l’Estat, que comme
ils estiment indigne d’eux tout autre soin que
celuy que la Souueraineté détrempe dans la
douceur du pouuoir absolu, ils dédaignent de
ployer leur esprit à des pensées moindres que
leur ambitieuse vanité, & se plongeans dans
toutes les voluptez où leur inclination les porte,
ils abandonnent le gouuernement des affaires,
comme vn bien vacquant à deux ou trois, qui
pour esleuer leur fortune sous leur authorité,

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leurs inspirent si doucement par l’oreille dans
l’ame les mouuemens propres à l’auancemẽt de
leurs desseins. De sorte que sans le don extraordinaire
de ce rayon celeste de prudence, dont la
grace diuine éclaire son Al. R. & Messieurs les
Princes. Ce seroit vn miracle s’ils resistoient
aux artifices funestes & malicieux de ce Triumvirat,
qui compose à present partie du Conseil
du Roy, & qui est ennemy de l’Estat. Car il n’y
a rien de si faux qu’ils ne luy persuadent bien, de
si déraisonnable qu’ils ne luy conseillent, & rien
de si mal-aisé qu’ils ne luy fassent supporter : de
là vient le mal de la France, & ce que ie voy de
pis, le nostre. Comme ces grands orages, qui
font les dégats sur la terre, & les naufrages sur
l’eau, se forment par fois des vapeurs relantes
de quelque marescage attirées par la chaleur du
Soleil, aussi ces grands remuemens qui troublent
aujourd’huy l’Estat, procedent des passions
secrettes de ce Triumvirat, ie dis de ces
trois qui sont l’ame du Conseil du Roy, Seruient,
le Tellier & de Lyonne.

 

Ceux à qui, ce qui se passe à la Cour, est vn peu
moins incognu que ce qui se fait à la Chine, ne
demanderont pas des truchemens, mais ils porteront
tout aussi tost sur ces trois autheurs du
mal ; on sçait leurs noms, on cognoist leurs interests,
on voit leurs artifices & leurs desseins.

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Mais pour ce que plusieurs à qui l’éloignement
des Prouinces où leur naissance & leur condition
les ont confinez, oste le moyen d’épuiser la
verité vers sa source, peuuent, dans la diuersité
des bruits qu’on a assez semez là-dessus, auoir
esté surpris par les rapports artificieux de certaines
gens qui donnent à tout ce qu’ils disent
des couleurs de tout ce qu’ils desirent. I’ay creu,
pour dissiper ces nuages, dont on leur a peut-estre
cy-deuant obscurcy la cognoissance, iugé
estre à propos que ie leur fasse cognoistre le plus
briéuement qu’il me sera possible, la vraye cause
de la misere qui nous assiege auiourd’huy de
tous costez ; Ie sçay que voulant iustifier, comme
ie fais la sincerité des desseins & des actions
de son Altesse Royale & de Messieurs les Princes
en leur conduite. Ie n’entreprend pas vn petit
ouurage : je cognois l’humeur maligne du
Siecle, & préuoy dés icy combien il me sera difficile
de pouuoir adoucir par le discours la trempe
de ces esprits aigres, à qui rien ne plaist, que
ce qu’ils trouueroient mauuais, si quelqu’vn de
ceux qui leur déplaisent le trouuoient bon. En
vn temps comme le nostre où la médisance à
tantost passé de coustume en vertu ; ce n’est pas
parmy telles gens, moindre crime de loüer
ceux qu’ils n’aiment pas, que d’en tuër vn qu’ils
haïssent, les Pasquins sont receus auec applaudissement,

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& les Panegyriques auec dégoust,
pour froids, pour impertinens & pour infames
que sont ceux-là : on ne se peut saouler de les
voir, de les lire & de les admirer, autant de calomnies,
sont autant de perles de conte, & pour
beaux, pour parfaits, & pour rares que soient
ceux cy, toute la grace qu’on leur peut faire,
c’est de passer la veuë dessus en baillant, & puis
les jetter sur le tapis, au lieu de les mettre au feu,
tout n’est que fausse monnoye.

 

Nous sommes auiourd’huy au temps où tout
le remede qu’on applique aux playes que reçoit
la France, est l’artifice de feindre qu’on ne s’en
émeût point, la dissimulation des trahisons &
des entreprises qu’on fait de tous costez contre
Messieurs les Princes est la prudence raffinée de
cette saison icy : & ce Triumvirat pense auoir
beaucoup gaigné, quand ils ont peu obtenir de
ceux qui les pressoient, que sous le nom d’accommodement
on leur laissast le moyen d’attendre
encore quelque temps à les perdre.

Mais ils prirent vn train bien different : car
ces procedures molles & lasches qui sentoient
plus la decadence d’vne vieilles Monarchie, que
la vigueur d’vn ieune Monarque de douze ans,
furent tost apres conuerties en des resolutions
masles & courageuses entr’eux, dignes vrayement
de la reputation & de la gloire ancienne,

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de la plus braue & genereuse nation de l’Vniuers :
il falloit aller au deuant des maux, qui ne
manquoient à reuenir tant qu’on les attendoit
& qu’on se contentoit de les repousser.

 

Ce fut à quoy ils se resolurent, & n’auoient
non plus à cœur que de faire vn changement au
Gouuernement de l’Estat & au Conseil du Roy,
l’vn & l’autre estans entre les mains du Cardinal
Mazarin & de son Triumvirat. Mais ce Cardinal
par vn artifice, pour ne dire perfidie ordinaire
à sa nation, pour se maintenir par le mauuais
Conseil de ce Triumvirat, fit arrester au Palais
Royal, puis emprisonner au Chasteau du
Bois de Vincennes Messieurs les Princes de
Condé, de Conty & le Duc de Longueuille,
comme s’ils eussent esté coupables de leze-Maiesté,
pour auoir approuué seulement ce
changement tant necessaire pour le bien & le
salut de l’Estat.

Durant leur detention ce Ministre estranger
& son Triumvirat pour fortifier sa faction contre
les princes par des alliances auec le Duc de
Vendosme & le Duc d’Espernon, & rendre ce
dernier tout puissant en Guyenne, il luy enuoya
des forces pour faire la guerre à Bordeaux, l’vne
des plus fidelles Villes de France & clef du
Royaume, laquelle se deffendit courageusement
contre la violence tyrannique du Duc

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d’Espernon, & afin de la reduire à souffrir ledit
esclauage qu’on premeditoit ; Mazarin & son
Triumvirat firent aller le Roy en Guyenne, &
tirerent toutes les forces de France pour perdre
cette Ville innocente, & resoluë en la deffense
de ses priuileges.

 

Cette guerre Mazarine fut entreprise contre
le sentiment de Monsieur le Duc d’Orleans, son
Altesse Royale, s’interessant iustement en la détention
de Messieurs les Princes, poursuiuit leur
deliurance.

Le Roy estant retourné à Paris, son Altesse
s’vnit auec la Cour de Parlement, laquelle donna
Arresten leur faueur. Mazarin voyant son
dessein rompu, & apprehendant le iuste ressentiment
que la France auoit de sa tyrannie, prist
resolution de se retirer sans attendre le retour
des Princes, que son Altesse Royale enuoya deliurer
du Havre de Grace, où ils estoient. Le Parlement
par vn Arrest les declara innocent, &
ordonna que Mazarin sortiroit de France sans
esperance d’y reuenir, & enjoint aux Communes
luy courir sus, en cas qu’il y entrast.

Son absence ne mit point les personnes des
Princes en asseurance, car son Triumvirat, qui
tenoit le Roy comme obsedé, ne laissoit pas de
continuër ses intelligences auec Mazarin, quoy
que hors le Roiaume, & qui donnoit de la jalousie

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à Monsieur le Prince voyant qu’il n’y auoit
point de seureté pour lui à la Cour.

 

Monsieur le Duc d’Orleans qui ne desiroit
que le repos de l’Estat, trauailla à ce que les trois
testes qui composoient ce Triumvirat se retirassent,
comme ils firent, & furent proscripts
par Arrest de la Cour de Parlement ; mais ils ne
s’éloignerent pas tant de Paris, qu’en moins de
trois heures ils n’y peussent retourner, & ne laissoient
d’écrire au Mazarin, & lui rendre compte
de toutes choses & receuoir de lui les ordres
de ce qu’ils auroient à faire.

Monsieur le Prince ayant eu du Roy la dignité
de Gouuerneur pour sa Maiesté, de Guyenne
& de la ville de Bordeaux, partit de Paris, alla
en Berry donner ordre aux seuretez de son Chasteau
de Mouron, puis alla prendre possession
de son Gouuernement de Guyenne.

Le Triumvirat de Mazarin tire le Roy hors
de Paris, sous pretexte d’aller à Fontaine-bleau ;
mais passant la riuiere de Loire à Gyen, entre
en Beiry & va à Bourges. Le Triumvirat conseille
de faire inuestir le Chasteau de Mouron, le
Comte de Paluau, creature de Mazarin, a ordre
de prendre quelques Compagnies du Regiment
des Gardes Françoises du Roy & du Regiment
Suisse, & se rendre aux enuirons de Mouron.

Monsieur le Prince aduerty qu’on l’attaquoit

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& qu’on lui declaroit la guerre, arme de son
costé pour se mettre en estat de se deffendre.

 

Le Triumvirat mene le Roy à Poictiers, fait
créer le Comte de Harcourt Lieutenant General
de sa Maiesté, de l’armée leuée pour aller
poursuiure Monsieur le Prince, lequel auoit
auec luy, le Prince de Conty son frere, le Duc
de Nemours, le Duc de la Roche-Foucault, le
prince de Matsillac & autres qui l’assisterent en
cette guerre, & comme elle s’échauffoit, Monsieur
le Prince mande au Comte de Tauannes de
faire des leuées pour lui au païs du Liege, comme
il fit. Le Duc de Nemours se rend à Bruxelles
vers l’Archi-Duc, qui lui donne quelque
Caualerie d’Allemands, pour grossir cette armée,
il l’avoit, en fait la reueuë, & commande
au Comte de Tauanne de la faire passer en France,
ce qu’il fait, & ayant passé la Seine à Mantes,
elle se rendit en Beausse, puis alla joindre les
trouppes de son Altesse Royale commandées
par Monsieur le Duc de Beaufort.

Le Triumvirat de Mazarin, sçachant la resolution
qu’il auoit de reuenir en France execute
ses ordres, pour sa conduite, il se rend à Sedan,
où le Mareschal d’Ocquincourt, le Comte
de Nauailles, le Comte de Quincé & le Sieur
Faber lui menerent leurs trouppes d’enuiron
cinq mil hommes Caualerie & Infanterie, auec

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lesquelles il passe en France nonobstant l’Arrest
du Parlement de Paris, qui auoit mis sa teste à
cinquante mille escus payable à celui qui l’apporteroit.

 

Le Triumvirat donne ordre aux passages des
riuieres, corromp le Maire de Gyen pour leur
liurer le passage de Loire, ayant refuse la garnison
que son Altesse Royale y enuoyoit, il entre
en Berty, va à Saumur, puis à Poictiers prés son
Triumvirat, où il joint son armée auec celle du
Roy, & en donner vne partie au Comte de Harcourt.

Quelque temps apres par le Conseil du mesme
Triumvirat, la Cour sort de Poictiers & se
rend à Saumur, où il conseille Mazarin de se rendre
maistre d’Angers, & d’y mettre garnison,
ce que le Duc de Rohan, qui en estoit Gouuerneur,
refusa, le Mareschal d’Ocquincourt & le
Comte de Quincé l’assiegent auec deux mille
hommes, mais inutilement le Duc de Rohan la
défend iusques à l’extremité, lequel voyant les
Habitans resolus de ne point souffrir le siege, il
se vit obligé de rendre la Ville au Mazarin, fit
entrer plus grand nombre de soldats qu’il n’auoit
esté accordé, lesquels y vesquirent a discretion.

L’Armée de Monsieur le Prince amenée de
Hainault par le Comte de Tauannes, & commandée

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par le Duc de Nemours, joignit prés
Chasteau d’Vn celle de son Altesse Royale, conduite
par le Duc de Beaufort.

 

Mazarin & son Triumvirat tirent le Roy
hors de Saumur, l’amenent à Amboise, puis à
Blois, où aians demeuré quelque temps, &
voiant que ceux d’Orleans ne le vouloient receuoir,
il mena le Roi à Sulli, puis à Gien.

Au mesme temps, Monsieur le Prince aiant
laissé son armée sous le commandemẽt du Prince
de Conty son frere, part de Guyenne lui neufiéme
& se rend au Gastinois, où il prend l’Armé
du Duc de Nemours, s’asseure de Montargis
& de Chastillon sur Loin.

Mazarin fait passer partie de l’Armée du Roy
en Gastinois, sous la conduite du Mareschal
d’Ocquincourt, qui fut rencontrée entre Chasteau
Renard & Chastillon par celle du Duc
de Nemours, lequel en défit vne bonne partie.

De Gyen, la Cour alla à Auxerre, descend à
Melun & à Corbeil, & vint par Chilly à S. Germain
en Laye, & Monsieur le Prince à Paris. Là
le Triumvirat de Mazarin trouua de nouueaux
desseins pour ruiner l’armée des Princes, ils choisistent
le Mareschal de Turenne pour Mareschal
de leur armée, & en la conduite des affaires,
Mazarin fait le Duc de Vendosme & le Duc de
Boüillon Ministres d’Estat, lesquels auec son

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Triumvirat ordonnoient les choses necessaires
pour la guerre.

 

Le Roy aiant demeuré quelque temps à S.
Germain en Laye, Mazarin le fit retourner à
Corbeil estant conseillé par les deux nouueaux
Ministres d’Estat & par son Triumvirat de faire
assieger la ville d’Estampes par le Mareschal de
Turenne, dans laquelle estoit l’Armée de son
Altesse Royale & des Princes, siege qui a reüssi
à la honte du Cardinal Mazarin & de son
Triumvirat.

Ceux qui considereront l’Histoire de ce temps
ici, & voudront en dire leur sentiment sans passion,
iugeront de ces sinistres éuenemens & desastreux
pour la France, & en donneront le blâme
à la mauuaise conduite de ce Cardinal, &
que l’on repasse la veuë auec la pensée sur tous
les peuples & sur tous les Siecles, on trouuerra
que la cheute & décadence de la pluspart des
grands Royaumes n’a point eu de cause plus ordinaire
que le mauuais gouuernement & la blâmable
administration de ceux qui ont la conduite
des affaires. Telle s’est veuë autrefois l’Italie
gouuernée par vn grand nombre de pernicieux
Ministres qui estoient autant de petits
tyrans qui la déchirerent & la ruinerent : C’est
ce qui s’est veu en France, lors principalement
que les François ont esté si mal aduisez que d’appeller

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des Estrangers au gouuernement de l’Estat :
comme ils firent du temps de Clodion le
Cheuelu, qui auoient chassé & appellé vn Chef
Romain pour regner en sa place, lequel par tant
de mauuaises actions & exactions, se rendit tellement
odieux, qu’ils furent contrains de le déposer
& de rappeller Clodion : il n’y a rien qui
fasse plus de prejudice à vn Estat que d’auoir de
mauuais & ambitieux Ministres, qui en leur
gouuernement sçauent faire tout autre chose,
fors de donner de bons conseils aux Princes, cas
qui leur oste le bon conseil, ne leur laisse rien
qui les puisse empescher de se perdre.

 

Aussi est-il sans doute, que si le Cardinal
Mazarin & son Triumvirat ses adherans,
voioient le Roi prendre de meilleurs Conseils,
ce qu’ils ne voudroient, ils feroient tout leur
possible pour chasser tous ceux qui leur déplairoient
d’autour sa Maiesté, & commenceroient
par ceux qui les luy donneroient ; Et c’est à quoi
quelque mine qu’ils fassent, ils trauaillent sourdement
par dessous terre à éloigner la paix, de
peur que la Maison Royale ne se trouue vnie en
vne parfaicte intelligence, & les Princes reprendre
leurs rangs aux Conseils du Roy, &
pour y paruenir, ils y contribuent les plus exquis
artifices dont ils se peuuent aduiser. Que
si cela reüssissoit suiuant leurs desirs, ils n’en feroient

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pas de moindres feux de ioye en secret,
que s’ils auoient gaigné deux batailles sur son
Altesse Royale & sur Messieurs les Princes.

 

Il faut dire la verité : Cette prudence qui fait
comme vne sorte de prophetie dans l’esprit de
sadite Altesse Royale, & qui perçant l’aduenir
preuient les effets dans leur causes, cette vigilance
qui tient iour & nuict ses yeux ouuerts sur
ce qui conserue le seruice du Roy, le soulagement
de l’Estat & du public : cette actiuité qui
lie si promptement l’execution de ses desseins,
auec leur resolution, qu’on en void quelquefois
plutost l’vne, qu’on ne sçait pas l’autre, donnent
à la France toute bonne esperance d’auoir la
paix tant souhaitée.

Et quelques impressions qu’on s’efforçast de
lui donner, on ne l’a peu iamais porter ouuertement
à chose du monde qu’il n’estimast contraire
au vœu qu’il auoit fait de se contenir religieusement
dans l’obeïssance naturelle qu’il
doit au Roy, ce qu’il témoigne encore auiourd’huy,
qu’il met tous ses interests entre les mains
de sa Maiesté, pourueu qu’on éloigne le Cardinal
Mazarin, qui s’est manifestement declaré
ennemy des princes & de la maison Royale, secondé
en cela par Seruient, le Tellier & de
Lyonne, Triumvirat de son méchant Conseil,
& qui de fraische datte l’ont porté à faire attaquer

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la Ville de paris le Mardy deuxiéme iour
de Iuillet, en faisant entrer le Mareschal de Turenne
auec vne puissante Armée dans les Faux-Bourgs
de S. Denis & S. Martin, où ils ont tué
les Bourgeois, & pillé leurs biens, tourna sa batterie
sur le Faux-Bourg de S. Anthoine, a dessein
de le ruiner, & en suite s’emparer de la Bastille
par les intelligences de ses stipendiaires
qu’il a dans paris, & en bon nombre, où il pretendoit
faire entrer le Roy comme dans vne ville
gaignée à la teste d’vne grande armée, & en
mesme temps l’exposer au pillage des siens, le
tout en trahison, sous pretexte de vouloir entendre
à la paix, & ayant laissé les iours precedens
les aduenües libres pour y faire entrer les marchandises,
le bled, la farine & le pain.

 

Les Officiers sont d’ordinaire les instrumens
les plus propres pour gaigner sur les esprits des
Grands ce que l’on ne desire d’eux. Ce sont les
ressorts qui font remüer ces machines assez
mouuantes d’elles-mesmes, comme a fait ce
Triumvirat, en rendant Mazarin ennemy de
son Altesse Royale, de Messieurs les princes &
de la Ville de paris, laquelle a encore assez de
courage & de forces pour resister à leur tyrannie,
comme elle a fait cognoistre aux attaques
du Faux-Bourg de sainct Anthoine.

FIN.

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Anonyme [1652], LA CONIVRATION DECOVVERTE, DES SIEVRS SERVIENT, LE TELLIER, de Lyonne & autres : Triumvirat du Conseil du Cardinal Mazarin. Contre Messieurs les Princes & la Ville de Paris, proscripts par Arrest de la Cour de Parlement. I. Pour la justification de la pure intention de Son Altesse Royale. II. Dessein du Triumvirat, pour faire vn changement dans l’Estat. III. Leurs trahisons contre la Ville de Paris. IV. Mazarin declaré ennemy juré de la Maison Royale. , françaisRéférence RIM : M0_757. Cote locale : B_20_6.