Anonyme [1649 [?]], LA FRANCE DESOLÉE AVX PIEDS DV ROY : OV LE GOVVERNEMENT TYRANNIQVE de Mazarin est succinctement descrit. , français, latinRéférence RIM : M0_1423. Cote locale : C_5_13.
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LA FRANCE
DESOLÉE
AVX PIEDS DV ROY :
OV LE GOVVERNEMENT TYRANNIQVE
de Mazarin est succinctement descrit.

Nulli fas Italo tantam subuertere gentem. Virg.

SIRE,

Vostre naissance miraculeuse & inesperée m’auoit
fait croire que le Ciel fauorable, ayant exaucé mes vœux & mes prieres,
vous auoit donné à moy pour estre mon Restaurateur, & pour
me redonner cette premiere splendeur, qui me rendoit la Maistresse
de toutes les autres Nations.

La beauté naturelle de vostre visage, sur lequel les Graces, la Maiesté
& l’Amour font éclatter leurs plus grandes merueilles ; cette
bonté pleine de douceur & de tendresse, & en vn mot, tout ce bel
assemblage de perfections, dont vous rauissez tous ceux qui vous
considerent, me donnoient des contentemens indicibles, & estoient
comme autant d’auant-coureurs, pour m’asseurer que ie verrois vn
iour, mes enfans victorieux & triomphans de tous les peuples de la
terre, sous la vertu guerriere de vostre bras, & sous la douceur de
vostre Sceptre.

L’Auguste Reyne Anne d’Austriche Mere & Regente de vostre
Maiesté, dont la sagesse & la pieté m’auoit fait conceuoir tant de
prosperitez, me donnoit aussi des tesmoignages infaillibles, que ie
verrois sous sa conduite, la fin de mes calamitez, & le commencement

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de mon repos & de ma felicité. Et lors que ie considerois les
faueurs admirables, & les benedictions que Dieu luy a si abondamment
départies ; en la faisant naistre sur le throsne d’Espagne, pour
l’esleuer sur celuy de la France, qui est le plus haut comble de toutes
les puissances humaines, pour la rendre Mere bien heureuse de
vostre Maiesté, & Regente de vostre personne & de vos Estats : le
Ciel l’ayant fauorisée de toutes ces graces, en vn temps auquel i’estois
victorieuse de tous les peuples de l’Europe, & que mes Generaux,
& particulierement les Princes de vostre sang rendoient de
tous les costez vos armes victorieuses & redoutables. En sorte que
cette bonne Reine affermissant le Sceptre des Fleurs de Lys entre les
mains de vostre Maiesté, pouuoit, comme cette illustre vefue Debora,
dont parle l’Escriture, rendre la iustice à l’ombre des palmes &
des lauriers, que nos vaillans guerriers cueilloient de tous les costez.

 

Ie pensois, dis-ie, que les reflexions Chrestiennes, que cette grande
Princesse feroit sur tant de faueurs celestes, l’obligeroient à en
estre reconnoissante enuers la Diuinité qui les luy auoit départies,
& qu’ayant esté si souuent prosternée deuant ses Autels pour obtenir
par ses prieres, la paix generale de la Chrestiente, lors qu’elle n’auoit
pas les moyens pour la faire ; Elle en ietteroit les salutaires fondements
au mesme instant qu’elle en auroit le pouuoir. Et ainsi elle
auroit attiré sur sa teste & sur celle de vostre Maiesté, les loüanges &
les benedictions de toutes les Nations de la terre, & auroit éleué sa
gloire au plus haut faiste du Temple de l’Eternité ; auec les augustes
tiltres qu’elle se seroit acquis de Princesse de la Paix, & de Restauratrice
de la France ; Et tirant le plus grand de tous ses auantages d’estre
Mere de vostre Maiesté. Elle le seroit encore deuenuë de tous les
peuples qui composent cette Monarchie, & ie l’aurois tousiours
nommée la Source seconde de tout mon bon-heur.

Mais helas ! ie ne sçay quel astre malin enuieux de mes prosperitez,
a changé mes esperances, en changeant l’esprit & les volontez
de cette bonne Reine. Car au lieu de voir fleurir l’Oliue sous sa
Regence, comme il y auoit suiet d’esperer ; i’ay eu le regret de voir
son authorité, & la vostre par consequent, tomber sous vn faisceau
de verges de chesne, qui est le symbole de la guerre ; & sous la hache
cruelle d’vn impitoyable Tyran Sicilien, qui ayant obsedé l’esprit
de cette grande Princesse, a changé ses bonnes intentions, & luy
persuadant que tous ses soins & ses trauaux ne tendoient qu’à conseruer
l’authorité Royale & la grandeur de l’Estat, il a si bien sceu captiuer

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son cœur, & se mettre dans son estime, qu’elle s’est démise
de toute sa Regence entre les mains de ce rusé & traistre Ministre,
que ie puis à present nommer auec iuste raison, le flambeau funeste,
qui m’embraze les entrailles : & la Furie infernale, qui seme la discorde
& la diuision parmy mes enfans qui sont vos suiets ; C’est cet
insolent & ingrat Mazarin, indigne de l’eminente dignité, dont le
feu Roy l’a reuestu, qui m’ayant toute l’obligation de sa prodigieuse
fortune & de sa grandeur, s’en sert à present comme vn desnaturé
vipere, à me percer le flanc, & à me deschirer le cœur, & à y verser
le plus mortel poison que sa rage puisse conceuoir, pour m’arracher
cette mourante vie qui me reste, apres auoir desia causé vne extreme
foiblesse à tous mes membres, en tirant le sang & la substance de
mes os, pour en gorger son insatiable auarice.

 

Ouy, e’est ce perfide & ce malheureux Ministre Estranger, qui
ayant dépoüillé l’humanité, a rendu par ses conseils iniques, vostre
bonne Mere, en quelque façon coupable du crime de la guerre, encore
qu’elle ne l’ait pas allumée, en abusant, comme il a fait, de sa
trop grande facilité, & l’obligeant à rompre deux ou trois fois, les
doux accords & les amiables traittez d’vne paix generale, que nos
Plenipotentiaires auoient accordée à Munster, à la gloire de vostre
Couronne, & à celle de tous les François.

Est-il possible, bon Dieu, que pour nous affliger, & nous chastier
de nos iniquitez, vous ayez voulu éblouïr les yeux de cette sage Reine,
& luy ayez empesché de connoistre la malice cachée & les desseins
frauduleux de cette Harpie, qui n’a fomenté le trouble & la
discorde, que pour auoir vn pretexte appatent, d’exiger & d’amasser
tous mes tresors, par le moyen de mille mal-heureux Partisans
qui ont esté ses fauoris & ses supposts, pour les transporter en Italie,
& puis se mocquer à son aise de nostre stupidité. Et sa noire & auide
cruauté est allée iusques à vn tel point contre vostre Monarchie,
qu’on peut dire qu’il auoit fait dessein de la perdre & de la damner,
puis qu’il en a enleué tous les Iustes, & qu’il y a suscité dix mille execrables
parricides, pour la destruire de fonds en comble, & nous
oster le dernier Louys ; faisant assez connoistre par ce moyen, qu’il
a tousiours beaucoup plus aimé vostre figure, que vostre personne,
& que son horrible auarice (que tous les tresors des Indes ne pourroient
rassasier,) luy a fait preferer son interest à la gloire de vostre
Estat, & au soulagement de vos miserables Suiets, que ses rapines si
souuent redoublées ont mis aux derniers abois.

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Estant certain, que cet abominable Corsaire n’eust eu le naturel
barbare, & l’ame diabolique, il deuoit consacrer & employer
toutes les forces de son esprit, à se rendre digne des glorieux auantages
qu’il auoit receus de mon heureuse & liberale main, en rendant
la Regence à la Reine vostre mere, & vostre Regne le plus florissans
& les plus éleuez qui ayent iamais esté en aucune Monarchie.
Mais tout au contraire, il n’a eu que des pensées malignes
pour ma ruine ; il a entretenu la guerre & le trouble dans toute la
Chrestienté, il a abbatu l’authorité de vostre Maiesté, éloigné les
Princes de la part qu’ils doiuent prendre an maniement des plus
grandes affaires de l’Estat, il a choqué les Parlemens, mesprisé la
Noblesse, offensé les Ecclesiastiques, & violé les priuileges & les
libertez de l’Eglise Gallicane, & ruiné entierement le tiers Estat :
en sorte qu’on n’a veu succeder à mes premiers maux que la faim,
la peste, la guerre & le desespoir. Bref, il a rendu beaucoup de mal
pour beaucoup de bien. Et son ambition l’ayant aueuglé, il n’a cessé
de commettre plusieurs violences contre les plus gens de bien
du Royaume ; il a fait emprisonner Monsieur de Beaufort, pource
qu’il fut le seul de tous nos Princes assez genereux pour s’opposer à
l’insolente fortune de cet Estranger : Et Monsieur le Mareschal de la
Mothe Houdancourt, pour luy rauir la Duché de Cardonne, que ce
vaillant Seigneur auoit acquis auec tant de valeur & de merite : Monsieur
le President Barillon, vit aussi sa liberté opprimée, & sa vie fut
esteinte au milieu de son cours, par les diaboliques pratiques de cet
insulaire Cyclope, pour auoir perlé auec trop de candeur & trop de
vertu de ses maluersations & de son peu de merite. Et si Dieu n’eust
enfin réueillé le Parlement & le peuple de Paris, pour s’opposer puissamment,
comme ils ont fait depuis quelque temps, à sa cruauté,
il eust remply toutes les prisons qui sont dans les villes de ce Royaume,
de Presidens & de Conseillers, comme il auoit desia fait de plusieurs
millions de pauures paysans, qui ne pouuoient plus fournir à
ses horribles concussions.

En vn mot, il n’y a iamais eu, monstre, dragon ny beste farouche,
qui ait plus fait de mal & de rauage, & qui pourtant ait esté
plus long temps protegée. Et dans cet estonnement ie suis forcé
de croire (connoissant comme ie fay le bon naturel & les sages intentions
de la Reine,) ce que plusieurs personnes d’esprit, disent,
qu’il faut necessairement que ce méchant Ministre se soit seruy de
quelques filtres ou caracteres magiques pour ensorceler & aueugler,

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comme il a fait, l’esprit de la Reine & des Princes qu’il approche.
Car s’il n’y auoit quelque chose de diabolique, il seroit impossible
qu’il eust si long temps duré ; estant ignorant, mal habile,
lasche, auaricieux & imprudent, comme il est. Mais sur tout ie
m’en estonne, lors que ie considere qu’il n’a iamais rien fait qui
soit tant soit peu considerable, & que ses conseils ny sa conduite
n’ont produit aucune chose dont la Reine puisse tirer aucune
loüange : au contraire les siecles à venir s’estonneront qu’on l’ait
souffert si long temps, & que cette illustre Princesse n’ait esté la
premiere à le faire chastier, non seulement de ses voleries excessiues,
& trop apparentes, mais aussi des choses qu’il luy a conseillées
de faire, & qui ont si mal reüssi à sa gloire. Et de ce que sa Maiesté
portant la peine & le blasme de la continuation de la guerre, & des
excessiues impositions qu’on a redoublé sur les peuples, n’en est pas
tant aimée ny respectée, comme elle estoit au commencement de sa
Regence.

 

Que si sa Maiesté faisoit quelquefois reflexion sur toutes ces
choses, & qu’elle y songeast vn peu comme il seroit necessaire : Elle
verroit quel preiudice luy apporte la confiance qu’elle a en ce
traistre, & elle connoistroit assez facilement qu’il est la seule cause
que cette Paix tant souhaittée, & si necessaire à toute la Chrestienté,
ne se fait point sous sa Regence : & qu’enfin, si cela continuë,
il luy ostera la gloire d’estre l’Architecte, & l’Arbitre de ce
diuin ouurage, qui seroit l’acheuement & la perfection de la statuë de
sa Maiesté.

Que si l’on considere sans passion, & auec les purs & les veritables
mouuemens, que doiuent auoir les Chrestiens & les vrais François,
il n’y a personne d’entr’eux qui ne confessé que ce méchant Estranger
s’est depuis long temps acquis par ses actions le titre infame
d’vn Tyran cruel, plustost que celuy d’vn sage & fidele Ministre.
Et il est assez facile de le iuger par les antitheses, & par les contraires
opposez de l’vn & de l’autre. Vn bon Ministre aime le bien &
la gloire du Prince & de l’Estat, qui l’ont éleué au maniment des
principales affaires : celuy-cy n’a aimé le bien & la gloire de l’vn &
de l’autre, que pour le leur rauit & pour se l’approprier. Le bon
Ministre tasche de procurer la paix, & celuy-cy l’a éloignée, & a
tousiours fomenté la guerre. Le bon Ministre trauaille incessamment
au soulagement, au repos, & à la felicité des peuples qui luy
sont commis, celuy-cy au contraire l’a ruiné & accablé par mille

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vexations, & l’a reduit à vne misere & desolation si extreme, qu’il
ne luy reste plus qu’vne foible voix pour en faire ses plaintes. Le
bon Ministre conseille à son Prince de recompenser les vertueux,
& de chastier les meschans, (qui est la plus excellente maxime
pour faire fleurir les Royaumes ;) celuy cy n’a éleué que des gens
de neant, & n’a fauorisé que ceux qui sont remplis, comme luy, de
toute sorte de vices, à sçauoir les impies, les profanes, les fourbes,
les maltoutiers, & ceux qui sont ennemis de la nature, & qui peruertissent,
comme luy, l’ordre de toutes choses : sans auoir iamais
recompensé les vertueux, les doctes, ny les vaillans : en sorte que
sous son gouuernement la plus grande marque d’vn homme d’honneur,
estoit celle qu’on tiroit de n’estre point connu ny aimé
de ce lasche & ingrat Italien. Le bon Ministre a soin de caresser, &
payer ceux qui sont dans le seruice actuel, dans les armées, ou ailleurs
au seruice de vostre Maiesté : mais celuy-cy a pillé tout l’argent,
& n’a payé personne, a retranché toutes les pensions, qui
seruoient d’esguillon à la vertu, & a mesme fait saisir tous les gages
des Officiers, & fait banqueroute a ceux qui ont esté assez sots
d’auancer leur argent. Et quant aux caresses, il n’y a iamais eu homme
au monde, qui en aye moins fait à tous ceux qui ont eu affaire
auec luy. Au contraire il se tient tousiours enfermé. Et les Princes,
les Ducs & Pairs, & les Mareschaux de France, ont esté souuent
obligez de picquer le coffre, & de contrefaire le Dieu Terme dans
son antichambre, sans pouuoir le voir : ou s’il est obligé de paroistre,
ce n’est que comme vn esclair, & auec vn visage refrogné, & vne
contenance si interdite & si timide, qu’on connoist assez facilement
que ses crimes le suiuent incessamment, & qu’il a l’ame bourrellée
par l’apprehension qu’il s’est donnée, qu’on ne se vange sur
sa personne du mal qu’il sçait d’auoir fait à tout le monde. Le
bon Ministre prefere le plaisir de son Prince au sien particulier :
mais celuy-cy fait souuent le contraire. Nous auons veu ses bastimens
continuez & acheuez, pendant que chacun voit ceux du
Louure abandonnez, & se perdre à faute de les faire couurir, & de
reparer quelques ouuertures au couuert qui se pourrit, à faute
de trois ou quatre cens francs, qu’on espargne, cependant que les
Finances de vostre Maiesté sont employées auec excez au luxe & à
la bombance de ce superbe & infidel Achitophel. Bref le bon Ministre
tasche de purger l’Estat de tous les vices qui le peuuent corrompre,
& qui ont accoustumé d’attirer l’ire de Dieu, mais celuy-cy,

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y a introduit des ieux de hazard, qui nous estoient inconnus. Et
les vices contre nature, qui estant iadis en tres-grande horreur en
ce Royaume, & punis sans remission, sont à present familiers dans
l’vsage ; & ceux qui frequentent les Italiens qui sont venus à la
Cour auec ce Monstre, les mettent à d’en faire en pratique, & ne
cessent d’en parler ouuertement, & d’en faire des railleries parmy
eux. Ce qui est vne chose horrible deuant Dieu, & les hommes, &
qui ne peut estre reparée & punie que par le feu.

 

Et auec tout cela, grand Dieu, vostre bonté & vostre patience
sont si grandes, que vous auez éleué au dessus de tous les gens de
bien vn si prodigieux & si execrable vipere : & vostre diuine Prouidence
a permis qu’il receust tant de gloire, que d’estre le premier
Ministre de ce grand Monarque, aux pieds duquel ie deplore mon
desastre auec le sien : pource que ie vois cette ieune & admirable
plante, qui me doit regir, estre à present gouuernée par des mains si
impies & si sacrileges, que i’apprehende qu’elles ne corrompent les
belles qualitez que la nature liberale a eslargies à ce ieune Roy.

Et ce qui me fait aussi prosterner à vos pieds, SIRE, c’est que ie vous
coniure par l’amitié que vous estes obligé de me porter, qu’il vous
plaise de me presenter à la Reine vostre Mere, afin que ioignant vos
prieres à mes tres-humbles gemissemens, son cœur puisse estre attendry
par l’obiect pitoyable de ma misere : & que me voyant maigre,
abbatuë, & tourmentée par mes propres, & par mes plus chers
enfans, qui suiuans les sentimens, & appuyans la Tyrannie de ce
diabolique Ministre, me donnent à present tous les iours des impitoyables
coups de dague dans le sein, & en tirent auec vne rage &
fvreur desnaturée mes pauures entrailles, pour en contenter l’auidité
des nations estrangeres armées à ma ruine : Qu’il vous plaise,
dis-ie, grand Roy, qui auez accoustumé d’estre le sacré Protecteur
des Princes affligez, de me mettre sous vostre sauue-garde, moy
qui suis vostre fille, vostre heritage, & vostre plus ferme appuy ne
souffrez pas que ie meure, auparauant que vous auoir rendu aussi
glorieux que vos Ancestres. Et pour cet effet, priez, suppliez, &
coniurez vostre sacrée Mere de chasser ce malheureux & perfide
Ministre, qui vous cause tant de mal, & qui a coniuré ma perte,
non seulement par la continuelle guerre qu’il entretient par
toute la Chrestienté : mais aussi par celle qu’il a commencée dans
le milieu de vostre Royaume, en vous enleuant de vostre lit,
de vostre throsne, & du milieu de vostre bonne ville de Paris,

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pour vous esloigner de vos plus fideles subjets, & pour obliger
vostre Majesté à estre tesmoin oculaire de sa barbarie, & de la
felonnie qu’il exerce enuers moy, à qui il a de si grandes obligations.
Et quoy que ce malheureux sçache que la douceur & la clemence
sont les plus grandes qualitez des Roys, il vous apprend
tout le contraire, il fait armer vostre authorité contre vous-mesme,
& vous rend spectateur de la desnaturée & ingrate guerre qu’il fait
à vostre plus Auguste Parlement, & à vostre plus belle & plus excellente
Ville, à celle qui est le plus agreable & le plus noble sejour
de vostre Majesté, à celle qui est comme le grand ressort de tout
le Royaume, & la ruine de laquelle entraisne tout le reste apres soy.
Ouy, Sire, il a allumé le flambeau de la guerre au milieu de vostre
Palais & de vostre heritage, & cepẽdant il a la hardiesse & l’effronterie
de paroistre deuant vostre Majesté ; il saccage la campagne,
il destruit les Villes, il perd toutes vos conquestes, il vole vos tresors,
il met vos champs en friche, il desole toute la nature, & renuerse
vostre Couronne & vostre Sceptre, & foulant aux pieds le
respect qu’il vous doit, son insolence luy fait gourmander vos Princes,
& mettre au desespoir tous vos peuples.

 

Prœdone perempto quiescam.

A PARIS, chez Arnould Cotinet, ruë des Carmes.

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