LA FRANCE
FLORISSANTE
Souz le regne
DE LOVIS XIV.

ENTRE les plus excellentes vertus
qui soustiennent les Sceptres
des plus grands Princes, la Pieté,
la Iustice, la Force & la Prudence,
ce sont celles qui font esgaller auiourd’huy
nostre ieune Roy la gloire des Catons,

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des Cæsars & des Ottomans, & qui rendent
la glorieuse memoire de louis le Iuste
son tres honoré pere que Dieu absolue, recommandable
à la posterité : Et pour preuue de ceste
verité, il ne faut point d’autres tesmoignages
que les effects signalez qu’vn chacun esprouue
de iour en iour de son esprit puissant & iudicieux
dans l’aage de son adolescence, & sans doute
toute la France ne sçauroit esperer que ces vertus
qui sont comme les bases & l’appuy de la
Couronne ne comble son regne de bon heur &
felicité. Car si vous iettez les yeux sur la pieté,
vous aduouërez que c’est vne des principales
vertus dont vn Prince doit estre doüé, afin de
pratiquer trois choses necessaires, sçauoir l’honneur
qu’il doit à Dieu, à sa patrie, & à ses illustres
parens, à Dieu, par ce que les Roys tiennent de
luy & leur vie & leur Couronne, à leur patrie
pour les deuoirs ausquels ils se sont obligez
en acceptant le regime, & aux parens pour les
obligations de les auoir mis au monde, & conserué
leur Sceptre.

 

En second lieu, personne n’ignore sans que la
Iustice nul estat ne peut subsister, d’autant qu’vn
Prince sans Iustice ne peut rendre à ses subiets

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ce qui leur doit en contreschange des hommages
qu’ils luy doiuent, ayant besoin d’vne balance
pour peser leurs actions, & la regler iustement
en leurs differends, d’vn bandeau pour ne
regarder l’vn plustost que l’autre, & de l’espée
pour les defendre des actes d’hostilité, dont l’effort
ne peut estre repoussé que par la force aussi
necessaire à vn Souuerain, comme les deux
autres precedentes, pour ce que sans la Force
vn Prince ne peut regner, estant la seule vertu
qui luy fait mespriser les entreprises les plus
difficiles : Mais ces vertus, quoy que sublimes,
ne se conseruent & maintiennent que par la
Prudence qui est entre les autres vertus ce que
la veuë est entre les sens. C’est elle seule qui
importe le plus à vn Prince : car elle le fait recognoistre
comme l’Or, la Pierre de touche, attendu
quelle est seule qui doit guider les actions,
& sur laquelle elles se doiuent regler
comme les iustes [1 mot ill.] aux degrez du Soleil.

 

Or puis que nostre Monarque possede emidemment
[1 mot ill.] ces heroiques vertus ; il faut
esperer que voyant doresnauant à France tranquile
nous cueillerons les fruits d’vne amiable

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Paix, apres auoir gousté les amertumes du tẽps
par les derniers mouuemens passez, qui ont esté
dissipez par le bon regime & sage conduite
d’vne Reyne tres-Chrestienne & deuote, &
par la prudence & aduis de Monseigneur le Duc
d’Orleans autant accomply en merites, que recommandable
pour sa vertu, lequel à tousjours
combattu l’opiniastreté par sa constance,
& à l’exemple duquel nostre ieune Roy promet
à l’aduenir d’establir la Paix vniuerselle par toute
la Terre. D’autant que c’est vn grand bien
dans vn Estat quand on reconnoist aux bonnes
mœurs ceux qui approchent plus pres de la
personne d’vn prince, & qui l’instruction particuliere
qu’il en reçoit le forme a vne vertu plus
eminente, & c’est par ses sentimens que dans
son administration & gouuernement de Royaume
la France à esté esprise d’vne ioye excessiue,
& particulierement sa bonne Ville de Paris, en
laquelle les feux de ioye auec le bruit des Canons,
& les acclamations populaires ont retenty
en presence de leurs Maiestez accompagnee
de toute la Cour. Ce qui nous fait presumer
que nostre Hercule François, qui dans le commencement
de son regne ne produit que des
actions genereuses, continuera ses iustes entreprises

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iusques à vn bout qu’il establira vne paix
vniuerselle a la France, & auancera ses victoires
a vn point, qu’il fera tomber en admiration
les cœurs les plus inuincibles.

 

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