Anonyme [1649], LA PRISE DE CHARENTON PAR LES TROVPES du Roy commandées par Son Altesse Royale. Où huit régimens de Paris ont esté entiérement défaits. , françaisRéférence RIM : M0_2870. Cote locale : A_1_11.
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LA PRISE
DE CHARENTON PAR LES TROVPES
du Roy commandées par Son Altesse Royale.

Où huit régimens de Paris ont esté entiérement défaits.

NE cherchez plus icy d’autres pointes que
celles de ma douleur, de voir mes concitoyens
s’opiniastrer d’autãt plus à leur
ruine, que le Roy & la Reine interessez
en leur conservation, les en veulent
garantir. Helas, qu’ont-ils à faire de vouloir
contraindre les puissances superieures
à prendre la loy d’eux, qui seroyent
par ce moyen leurs maistres ? Et quand ils
auroyent autant de raison comme ils n’en peuvent avoir en cette
entreprise, pourquoy se rendent ils mal heureux des à present de
peur de l’estre à l’avenir ? C’est quasi ce que Demades reprochoit
aux Atheniens, qu’ils se mettoyent en danger de perdre leur terre
pour s’estre trop meslez de cõtester contre Alexandre des affaires
du Ciel. Que vous importe-t’il bourgeois de Paris qui gouvernera
l’Etat ? Laissez aux Princes & Seigneurs mécontens accõmoder
autrement leurs affaires qu’à vos dépens ; reprenez vostre commerce,
& par luy vostre abondance, desarmant les troupes du
Roy par vostre obeyssance, la seule offrande qu’il demande de
vous, & ce d’autant plustost que la force vous succede si mal
comme vous voyez : qui est toutefois le plus grand bien qui vous
puisse arriver, puis qu’autrement pour vn maistre vous en auriez
plus de trois cent. C’est à ce saint respect que doivent tendre les
vœux de toutes les ames pieuses ; & vous Religieux, ce n’est pas
à flater de mille éloges en sa presence la plus devote Reine
que la France ait iamais euë que vous pouvez éviter le vice d’ingratitude
pour ses bien-faits : C’est en ramenant les peuples à
leur devoir vers Sa Majesté & celle du Roy son fils, l’innocente
image de la Divine ; A faute dequoy les chiens muets ne trouveront
que matiere de confusion devant Dieu & les hommes.

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Cependant puis que le malheur de nos divisions m’oblige encor à
vous entretenir de ce qui se passe autour de la ville de Paris,
je n’en sçaurois parler avec methode, sans vous establir les
quartiers du Roy qui la bloquent.

Il y en a six principaux dans lesquels Sa Majesté a distribüé ses
troupes, attendant qu’elles fussent renforcées de celles qui lui arrivent
de divers autres endroits. Les deux plus considerables
sont à S. Cloud & à S. Denis, tous deux à deux lieuës de Paris,
ausquels commandent sous son Altesse Royale Generalissime
des armées du Roy, & sous le Prince de Condé Lieutenant general,
les Mareschaux de Grammont & du Plessy-Praslin, chacun
avec quatre mille hommes de pied & quinze cent Chevaux :
Le troisiesme quartier est à Meudon, sous le Cõte de Palüau, avec
mille hommes de pied & six cent Chevaux : le quatriesme, à Lagny,
à sept lieuës de Paris, sur la riviere de Marne, commandé
par le Chevalier de Montecler, avec mille hommes de pied &
cinq cent Chevaux : le cinquiesme, à Corbeil, sur la riviere de
Seine, à sept lieuës de la mesme ville de Paris, où commande le
Marquis de Navailles, avec pareil nombre d’infanterie & de cavalerie :
& le sixiesme, à Montleheri, à mesme distance de Paris
que le precedent, commandé par le sieur de Boissac, aussi avec
mille hommes de pied & quatre cent Chevaux, outre les troupes
qui sont dans le quartier du Roy à S. Germain en Laye.

Et pour ce que tenãs les deux rivieres fermées au dessus de Paris,
il ne sembloit pas d’abord que la garde du pont de Charenton
fust necessaire, les troupes du Roy ne s’en estoyent pas saisies :
mais la necessité des Parisiens s’estant renduë ingenieuse à rechercher
toutes les avenuës pour se faciliter l’abord des vivres,
ils se saisirent vers le quinziesme de Ianvier dernier de ce poste
abandonné & de son pont, qui leur donnoit passage dans la Brie,
d’où ils tiroyent quantité de vivres, & s’ouvroyent les chemins
d’ailleurs : Ce qui joint à la fortification qu’ils y avoyent commancée,
& à la nouvelle receuë que le sieur de Clanleu ci-devant
Mareschal de camp de l’armée du Roy, & lors l’vn de leurs
Lieutenans generaux, s’estoit engagé vers ceux de son parti à
defendre ce lieu, S. A. R. & le Prince de Condé partirent du quartier
du Roy avec le Mareschal de Praslin le matin dudit jour 7
pour S. Denis, où ils avoient donné rendez-vous aux troupes,
quelles estant arrivées sur le soir, Sadite Altesse Royale les fit
marcher en bataille, toute la nuit à Aubervilliers, de là à Rosui,

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d’où s’estans rendus des les quatre heures du lendemain matin
au chasteau de Vincennes elle attendit que ces troupes fussent
arrivées, ce qui ne se put faire que trois heures apres.

 

Ces troupes estoyent composées de six bataillons d’infanterie,
à sçavoir, d’vn de cinq compagnies des Gardes Françoises,
commandé par le sieur de Courcelles Capitains, deux des
Gardes Suisses, vn du regiment de Navarre, commandé par le
Comte d’Estrées, vn du regiment de Son Altesse Royale, sous la
charge du Marquis de Vardes, vn du regiment de Persan, commandé
par son Mestre de camp, & vn autre encor du regiment
de Bourgogne, ci-devant de Conti, commandé par le sieur de S.
Poin, de vingt-neuf escadrons de cavalerie, deux du regiment
Royal, vn de son A. R, & quatre du regiment de Condé, trois de
celuy de Grammont, deux de Chapes, deux de Beins, vn de Saint
Simon, vn d’Harcour, deux de Ransau, deux de la Villette, vn
de Montecler, vn du regiment de Clere, vn des gardes du Mareschal
du Plessis, vn de la noblesse volontaire de Bourgongne,
& quatre de gens d’armes de Son A. R, de Condé, de
Bourgoigne & d’Anguien, toute laquelle infanterie & cavalerie,
faisoit environ trois mil cinq cens hommes de pied, &
trois mille Chevaux, lesquels auec six petites pieces de canon,
estans sorties du bois de Vincenne, sur les neuf heures du matin,
du mesme iour huictiesme : & sur l’avis que receut Son Altesse
Royale, que les Generaux de Paris estoyent sortis avec tout ce
qu’ils avoyent d’infanterie & de cavalerie, & les Parisiens avec
quarante mille hõmes armez, hors la porte S. Anthoine, s’estans
avancez jusqu’à Piquepuce, pour tenir au sieur de Clanleu la
parole qu’ils lui avoyent dõnée de le secourir, en cas qu’il fust attaqué,
elle mit sesdites troupes en bataille, sur la valée de Fescamp,
sur vne ligne avec quelques Corps de cavalerie de reserve
au derriere, puis retourna à l’instant devant Charenton avec
le Prince de Condé, où estoit le reste de ce petit corps d’armée
destiné pour l’attaque du lieu, au nombre de deux mille hommes
de pied seulement, mais si bien deliberez, qu’il y auoit toute esperance
de bon succez, nonobstant la belle contenance des
gens commandez par le sieur de Clanleu, qui avoit dans cette
place environ trois mille soldats : Ce qui pourroit donner sujet
d’estonnement à ceux qui ne connoistroyent pas l’experience &
le cœur des Géneraux de l’armée du Roy, de ce qu’ils auroyent
entrepris d’attaquer en plein jour & à descouvert, des soldats en

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plus grand nombre que les leurs, retranchez plusieurs iours auparavant.
Dans ce mesme temps, son Altesse Royale & le Prince
de Condé, furent avertis par vn homme qui sortit de Charenton,
que la nuit du sept au huict les Parisiens ayant eu avis de
la marche des troupes du Roy, se doutant que c’estoit pour l’attaque
de cette place là, y avoient jetté deux mille hommes de renfort,
outre les mille qui y estoyent auparavant, sous ledit sieur
de Clanleu & de son regiment : ces deux mille hommes composez
des regimens de Conti, commandé par le Chevalier de Fontaine,
de celuy de Brissac, de Brie, Petitiere, Bagnols Cugnac, &
Villebois. Ce qui eust pû faire changer le dessein de l’ataque commetres
perilleuse, en presence de l’armée Parisienne, & avertis
il y avoit deux iours. Toutefois, les troupes du Roy en ce petit
nombre s’avancerent en cet ordre.

 

Ils donnerent trois attaques à la place par autant d’endroits :
la premiere commandée par le sieur d’Atnaut Mareschal de
camp, fut faite par les regimens de Navarre & de Bourgongne :
le sieur de Corsain Capitaine au mesme regiment de Navarre,
commandant les enfans perdus, soustenus par vn escadron de
la Ferté-Imbeut, à la droite à vne barricade & traverse qui fermoit
vne ruë, & encor à la porte du bourg, qui est du costé de
Paris.

La seconde, à la gauche de Navarre, estoit commandée par le
Comte de Broglie Mareschal de camp, & Mestre de camp du regiment
de Champagne, avec celui de son Altesse Royale, & deux
escadrons de gens d’armes & de chevaux legers de Bourgongne,
& des gardes du Mareschal du Plessis, Elle se faisoit au retranchement
qui couvroit la tour d’vn moulin à vent, & la batterie
des attaquans qui estoit de trois canons, lesquels firent d’abord
grand feu, & tuerent sept ou huict des attaquans, & quelques
chevaux, laquelle execution de leurs canons, ceux des assaillans
commandez par les sieurs du Bourder & la Louviere Lieutenans
de l’artillerie, respondirent si vigoureusement, qu’ils mirent
les assiegez en desordre : Et en cet instant le Comte de Broglie
fit dresser des eschelles contre vne muraille percée en plusieurs
endroits par ceux de dedans pour tirer à couvert, & d’vn
autre costé fit travailler si diligemment à saper cette premiere
muraille, qu’elle fut incontinent ouverte, & y passa des premiers
avec les enfans perdus, du regiment de S. A R. & poussans les
assiegez l’épée dans les reins, iusques à leur premiere barricade,

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il y fit encore appuyer des eschelles, qui faciliterent heureusement
son entrée de ce costé dans la place : tous les Officiers de
ce regiment s’y portans avec grande valeur & conduite, & les
soldats fort resolument : Dans laquelle action, le Comte de Broglie
fut accompagné des Comtes de S. Georges & de S. Front
Piémontois, du sieur de la Prugne Lieutenant de Roy au gouvernement
de la Rochelle, & des sieurs de S. André, d’Eze, de Lort,
de Gois, de Neüilly Capitaines, & de Gribovale Lieutenant au
régiment de Champagne, tous volontaires.

 

La troisiesme ataque estoit commandée par le Marquis de Persan
Mareschal de camp, avec son regiment d’infanterie : vn escadron
de cavalerie du regiment de Clere & Monteclere, & se fit
à la gauche du regimẽt de S. A. R, contre vne muraille vis à vis du
Temple de ceux de la Religion pretenduë reformée, & entra pareillement
dans la place par son ataque.

Il ne sera pas croyable à ceux qui ne l’ont pas veu, avec quelle
allegresse les assaillans ataquerent tous ces postes, où ils ne se
porterent pas avec la retenuë ordinaire à ceux qui vont en des
lieux perilleux, comme ceux là : car ils y alloyent tous avec
vne telle gayeté & ardeur, que ceux qui les commandoynt ne
purent jamais laisser de distance entre les enfans perdus & les
Corps qui les suivoyent : se pressans tous les vns les autres à qui
donneroyent des premiers, & tesmoignans vn tel mespris
de ceux qu’ils attaquoyent, & vne si mauvaise opinion de leur
courage, qu’il n’y eut presque point de temps entre les aproches
de cette place & son ataque, nonobstant la multitude des
barricades & des traverses dont ils avoyent fermé les ruës &
toutes les avenuës de ce lieu. Aussi estoyẽt-ils animez par la présence
& le visage serein de S. A. R, & du Prince de Condé, tousjours
aussi fermes que de coustume dans les dangers.

Tout ce qui se trouva en armes & en estat de deffense essuya la
premiere colére des vainqueurs : dont quelques compagnies de
cavalerie qui avoyent esté laissées dedans pour la seurté des convois,
ausquels cette place devoit servir de rendez-vous & de lieu
pour les assambler, voyans vn tel carnage, ne trouverent leur salut
qu’en leur fuite par le pont avant qu’il fut rompu, comme il a
esté depuis : Mais comme il se trouve peu d’avantages tous purs
& qui ne soyent mefiez de quelque perte, outre celle que le public
souffre en perdant autant des sujets du Roy, comme il en a
esté tüé de part & d’autre, qui sont les malheureux fruits de nos

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guerres civiles : apres que le sieur de Clanleu qui avoit ramassé
quatre-vingts hommes de son débris, eut esté derechef rompu
& ses gens dissipez & tüez par le Duc de Chastillon Lieutenant
géneral, assisté des sieurs de Bouteville, de la Tour Bassompierre,
du Comte de Chavagnac, de la Tour de la Province de
& uyenne, & de quelques autres ; ce Duc poursuivãt sa victoire fut
malheureusement blessé à mort d’vne mousquetade qui lui fut
tirée de haut en bas d’vne maison percée, en sa vingt-huitiéme
année, laissant à L. Majestez, à nos Géneraux & à toute l’armée
vn regret extréme de sa mort, qui arriva le lendemain neufiéme,
sur les dix heures du matin, qui est la mesme qu’il avoit esté
blessé.

 

Le Marquis d’Orne fils aisné du Comte de Saligni, de la
mesme maison de Coligny, le sieur de Belespine Capitaine
dans Picardie, & le sieur de Serant Capitaine dans Persan,
qui accompagnoyent le Duc de Chastillon, les sieurs
de Pois, la Neuville, & Bellefosse, Capitaines dans Navarre,
& environ soixante soldats de l’armée du Roy, y ont aussi esté
tüez. Mais du party contraire, il en a esté tüé 800 sur la place,
& la pluspart du reste noyé ou fait prisonniers, & entre ceux-ci
les sieurs de Fontaines & Petitiere Mestres de camp, plusieurs
autres Capitaines & Officiers, dont le seul régiment de
Navarre en a plus de 20. On ne sçait aussi ce qu’est devenu le sieur
de Cugnac, l’vn des Mestres de camp, & Mareschal de camp en
l’armée Parisienne, petit fils d’vn grand homme, duquel il n’y a
pas d’apparence qu’il ait pris l’avis pour se jetter dans ce parti là.

Quant au sieur de Clanleu, apres s’estre vaillamment deffendu,
il se resolut de ne pas survivre à la perte du poste qui lui avoit
esté confié, & refusa le quartier que lui offroit le sieur de Vautourneux
Capitaine & Major du régiment de Son Altesse Royale, &
& ainsi mourut percé de plusieurs coups : ce qu’il eust pû faire
plus honorablement & plus fidellement pour son Roy dans
Mardic ou dans Dixmude.

Il seroit impossible de vous marquer icy dignement le courage
& le jugement de Son Altesse Royale, & du Prince de Condé,
que l’on a veus mépriser tellement les perils de cette attaque,
qu’ils ne nous laissent que l’admiration de leurs exploits jointe
aux obligations qu’à la France à la protection du Ciel, qui se lasse
moins de les conserver des perils, qu’eux de s’y exposer.

Ils estoyent accompagnez des Ducs de Nemours, de Mercœur,

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du Chevalier de Guise, des Ducs de Candale, de Roannez &
d’Anville, & de plusieurs autres Seigneurs : lesquels à l’exemple
de Son Altesse Royale & du Prince de Condé, convioyent en vain
l’armée Parisiẽne à tourner visage vers eux. Au lieu dequoi, apres
avoir beu la honte d’avoir veu deffaire ses troupes, elle eut encor
celle de se retirer la premiere, & s’en retourner à Paris. Ce
que voyant les troupes du Roy chargées de butin, & enrichies de
l’argent que les soldats Parisiens venoyent de recevoir, elles se
retirerent aussi, fort satisfaites, & emmenant les canons de ce
poste, avec force grenade & munitions de guerre, que l’esperance
de tenir plus longtemps y avoit fait amasser.

 

A laquelle gloire prennent grande part, le Mareschal du
Plessis Praslin, & le Marquis du Plessis son fils Mareschal de camp
en cette armée, le sieur d’Arnaut, le Comte de Broglie, le Marquis
de Persan, les sieurs de la Moussaye, de Pienne & Langlade
Mareschaux de camp, le Marquis de Varde Mestre de camp du
regiment de Son Altesse Royale, le sieur de Quinserot Capitaine
au regiment de Navarre, tous deux blessez, cettui-ci d’vn coup
de canon à la cuisse, & l’autre legerement au visage. Le Mylord
d’Igbi, que son courage porta dans les escadrons Parisiens, où il
s’alla signaler d’vne blesseure, le sieur d’Adencour Capitaine de
Persan fut aussi blessé, & le sieur de la Tour de douze coups, mais
tous sans peril.

La consequence de cette action, outre ce qu’il importoit grandement
à la reputation des armes du Roy, de remporter les premiers
avantages sur ses sujets rebelles, consiste entr’autres choses
en la perte de huict régimens choisis des douze que les Parisiens
ont levez : en la difficulté qu’ils auront desormais à tirer des
vivres qui leur venoyent presque de ce seul quartier : en la connoissance
de leur foiblesse par l’experience qu’ils ont faite de la
valeur des troupes du Roy, comparée à l’aprentissage de leur
nouvelle milice, que les troupes Royales ont défaites en vn camp
retranché, en plus grand nombre que ceux qui les attaquoyent, en
presence de leur armée, qui a tesmoigné par sa retraite sans combattre,
qu’elle n’avoit autre dessein que de fournir de tesmoins
pour faire des enquestes par tourbe de la défaite des siens, & de
la prise de ce poste : qu’ils ont estimé capable de resistance, comme
il l’estoit, puis qu’ils ont engagé plus de la moitié de leurs
troupes à sa défense : Et finalement, en la consternation que doit
vray-semblablement causer à leur parti vne telle perte dans leur

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manque de vivres : sur tout voyans que l’avance des grandes sommes
de deniers faite à leurs Géneraux, leur est inutile.

 

Le neufiéme, Son Altesse Royale, apres avoir demeuré
quarante heures à cheval, accompagnée du Prince de Condé,
sur l’esperance que les Parisiens, voyans qu’ils avoyent
affaire à des forces tant inégales en nombre, s’engageroyent
au combat, & s’en voyant frustrée, fit rompre deux arches du
pont de Charenton, pour leur oster par là toute esperance de passage,
& s’en retourna par S. Denis en cette Cour : où elle receut,
par vn concours general, comme fit aussi le Prince de Condé, l’accueil
que meritoit vn si grand service rendu à l’Estat, en la cõjoncture
presente des affaires : Qui fait juger aux plus grossiers ce
que doivent attendre les Parisiens, quand le reste des troupes du
Roy sera arrivé, & qu’humainement ils ne peuvent esperer d’autre
salut, qu’en se remettant promptemẽt dans l’obeyssance qu’ils
doivent à leur Roy legitime : à quoi ils sont incessamment conviez,
les succez ne diminuans rien des bonnes inclinations de
Leurs Majestez.

Imprimé à S. Germain en Laye, le douziesme
Fevrier 1649.

AVEC PRIVILEGE DV ROY.

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