Anonyme [1652], LA RVINE DE L’IMPIETÉ PHARISIENNE DV TEMPS. Dediée à Messieurs les pretendus Commetropolitains de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3565. Cote locale : B_10_34.
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LA RVINE DE L’IMPIETÉ
Pharisienne du temps : Dediée à
Messieurs les pretendus Commetropolitains
de Paris.

MESSIEVRS,

Il y-a long-temps que ie considere
vos saillies, vos entrées,
& issues. Certes ceux qui vous
ont disloquez au crops hyerarchique
de l’Eglise, (sauf tout respect) vous ont,
auec eux mesmes, au regard de leur troupe exhiarchique,
inuentée & dereglée, par identité de raison,
le prenant à la rigueur, mis en tres-grand desordre :
quelque consideration qu’ils pussent auoir :
fort bonne en apparence, le dessein en estant souuerain
pour refrener la tyrannie : mais toutefois
nuisible en ses effects ; ne correspondans aux premieres
intentions : à cause de l’ambition & desobeïssance
naturelle des hommes, sources de tous
maux, que cette gauche inuention empesche d’humilier
& reduire. Car nous voyons tous les iours :
que soubs pretexte de heurt à vos pretendus droits,
lors qu’vn vigilant Pasteur desire mettre ordre à ce
qui est de la charge, vous cognoissant possible caballistes,
& priuez de la sincerité requise aux occasions
de seruir Dieu, euite vos consultes, pour
acceler ses remedes ; vous prenez plaisir à les contredire :

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& vous opposer à leur effect. C’est pourquoy
quoy bien souuent manque de courage, il demeure
chargé des debris de la gloire de Dieu : dont les
esclats vous casseront pourtant la teste ; quelque
esquif que puissiez prendre.

 

Pour vous conuaincre, ie ne veus que le iour
d’hier, iour Dominical, d’enhaut & d’embas, tout
Sainct & Sacré au culte Diuin : Auquel les enfans
d’Israël estans encore dans leur saincte simplicité,
n’osoyent mesme se defendre lors qu’on les
attaquoit pour le respect d’iceluy. Et vous comme
Souuerains, en ce cas, du moins le pretendez-vous,
ne craignez de le profaner par vn solemnel
marché d’immondes d’anrées, & estalages de
toute marchandise, aux portes de vostre Metropolitaine :
voire mesme, ce qui est horrible & execrable,
dans l’entrée d’icelle : & à boutiques ouuertes
dans l’enceinte de vôtre malheureuse exẽption.

Que l’antiquité de coustume ne vous remplisse
les yeux de sa vermoulure. Car quand elle procederoit
pour le iour natal de la Royne du Ciel &
de la Terre ; Tousiours si eussiez eutant soit peu de
Religion, le respect du sainct Dimanche vous deuoit
faire transferer vostre maudite foire à ce l’andemain :
ainsi qu’en telles rencontres il se pratique
par toute la France & ailleurs. Mais que tel vsage
se puisse prescrire pour le regard dudit iour Natal
de nostre bonne Dame & Maistresse ; estant abusif,
il ne se peut, par la regle de droit, quod nunquàm
valuit : nunquàm subsistere potest. Et encore
moins en bonne politique ciuile & Chrestienne,

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par la seule raison de cet Eminentissime Titre au
dessus de ceux des puissances temporelles : que les
histoires nous cnseignent auoir esté par les Anciens
sisoigneusement obserués ; que toute captiuité
s’y trouuoit en liberté : & tout negoce en esclauage.
Sans parler du lieu tres-indigne d’vn tel
mespris : & tres-venerable aux Anges & aux hommes.
Aquoy ne faites reflexion, ainsi seulement
à faire valoir le talent : Combien louërez vous
vos Places, Boutiques & Etaux, en quoy n’estes pas
bestes. Car ie sçay fort bien que tirez du moins cinquante
liures d’vne pauure femme, pour auoir la
liberté de vendre ses cierges & chandelles dans
l’enclos de vostre-dite Eglise. (O Ciel ! ô Terre ?
ou sont vos foudres & vos abysmes, pour vanger
vostre Createur.) D’où peut-on iuger du surplus :
sans estre certain, si encore ne partagez
point auec ces pauures aueugles, pour le droit de
queste dans la maison de l’Eternel ; Tant vous
estes exacts & soigneux de profit, pour la gloire
de vostre Dieu Mammon, & la reparation de
vos Palais, materiels & charneles, au detriment
de celle de vostre Redempteur, & de vos consciences,
& de celles de vos prochains : qui sont ses
temples viuans.

 

Ce sont là vos seules reflexions. Car pour le reste
comme vous pensez estre les sublimes, en suffisance
Sorbonique ; vous croyez que sans hesiter,
on s’en doiue raporter à vostre infame direction.
Et parce moyen scandalisez, auec vos semblables,
de telle sorte le Christianisme qu’il est impossible
d’y reduire les Barbares, Athées & Heretiques ; ne

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se soruans d’autre poussiere pour nous ietter aux
yeux, que de celle là, quoy que vaine deuant
Dieu. Les vns nous appellans chiens, & auec raison :
ne faisans plus de cas de nos Eglises qu’eux,
soit au dedans, soit au dehors en circuit : iusques à
leur imitation, y faire nos immondices & ordures !
quoy que le tout en soit sainct & venerable : non
seulement de ces sacrés Cabinets ; mais encore de
tous les endroits qui sont honorez de quelque vestige,
& marque de nostre foy : comme de Croix,
Images pubiques & particulieres : lesquelles toutefois
à vostre exemple, sont aussi traictées de la
sorte ; tesmoin la Croix de la place de Greue : qui
par sa belle structure & l’estenduë de son assiete,
ne sert, parlant par respect, que de voirie & de retrait,
(Magistrats vous le payerez aussi.) Et les autres
auec pareille raison nous qualifient de ces beaux
noms, de libertins & hypocrites, sans ressentiment
interieur de la Majesté Diuine, que nous croyons
resider personnellement dans ces Arches d’Alliance.
Comme fit le deffunct Roy d’Angleterre à certains
courtisans qu’il trouua sans respect dans vne
Eglise où il entra, & ensuitte leur dit : que s’ils
auoient la foy telle qu’ils professoient ; ils ne deuroient
cesser de baiser la terre de ce lieu sacré, à
quoy vos Penitentiers deuroyent plustost tenir la
main, qu’a refuser l’absolution à ceux & celles,
qui sans raison se confessent d’auoir desire la mort
aux autheurs de tous nos maux ; particulierement
à l’infame, proscrit & suppost de Satan Mazarin,
ne l’ayant fait que dans le zele de la gloire de Dieu,
& du repos public.

 

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Ensemble aux insolences & irreuerences qui se
font tous les iours dans vostre Eglise, mesme par
vos suffisances (les gens de bien exclus,) qui se promenent,
& discourent pendant & hors le seruice
Diuin, comme daus vn cours profane : non pour
edifier le Royaume de Dieu, mais le destruire. Il
est vray, que si ces promenades estoient afin de
prendre garde ausdits desordres : & en cas de rebellion
& mespris, les faite mettre en mesure par vos
Suisses auec leurs hallebardes ; ie me tairois : mais
c’est tout le contraire. Qui a fait dire à S. Pierre
dans sa premiere c. 4. v. 17. que, tempus est vtiudicium
incipiat à domo Dei. Et me contraint de remontrer
au Pere Eternel, en toute humilité, respect, &
assurance : que s’il ne met promptement ordre à la
gloire de son Fils Iesus nostre Sauueur, par de tres
seueres & notoires chastimens, sur tous les Autheurs,
Agens, & participans de telles abominations,
à salut toutefois si c’est son plaisir ; le plus
beau des fleurons de sa Couronne est perdu : & que
ie ne m’en entremettray d’auantage.

S’il n’y auoit que vous à en receuoir l’affront,
& la peine, ce ne seroit que jeu : mais, suiuant
l’ordre de la Iustice Diuine, les innocens sont tousiours
les premiers soubs le marteau. Ce qui le iour
precedent, lors que i’entrois dans vostre Eglise fut
fort bien reconnu, & confirmé par de bonnes personnes
foraines : lesquelles apres auoir consideré
tel desordre à vos portes ; leuant les yeux & mains
vers le Ciel, Hisoient : Helas grand Dieu ! qu’est-ce
que cela ? nous n’auions iamais veu tel malheur :
helas ! nous en porterons l’endosse.

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Partant l’Autheur de la Lettre d’Auis à Monsieur
vostre Prelat, ou Comprelat, ainsi que le
prenez : comme si le Caractere & la puissance Episcopale
se pouuoit diuiser : & ne fust le col & les espaules
du corps Mystique de l’Eglse : par où directement
& necessairement, suiuant l’Institution
Diuine, le chef verse ses influences au reste d’iceluy :
dont les Curez sont les bras auec les paulmes :
& le reste des Prestres les doits. L’Autheur, disie,
cy-dessus a eu raison de parler des Idoles muettes
& hurlantes aux portes de vostredite Eglise : &
croy qu’il preuoyoit cette impieté Pharisienne : qui
tire l’echelle : estant beaucoup plus desagreable à la
Diuine Majesté ; que ne fut onques l’ancienne Idolatrie
de nos Ayeuls : ces pauures idiots estans priuez
des lumieres, que vos passions & auarice cachent
sous le muy.

Ensuitte dequoy, Messieurs, si estes sages &
auisez, ne perdés le peu de temps qui vous reste
pour appaiser la colere du Tout-puissant ; en
luy faisant l’amende honorable requise en ce cas :
Autrement dans sept fois sept iours, à conter
d’hier, vous en ressentirez des échantillons. Fasse
le Ciel que les eaux viues & claires de ma foible &
beguayante éloquence ne seruent de derniere
trempe, pour l’entier & parfait endurcissement de
vos cœurs : ains les dispose à receuoir l’impression
de la forme quelles porte. Ce sont les vœux,

MESSIEVRS,

De Paris le 9. iour de
Septembre. 1652.

De vostre plus humble &
affectionné le Pelerin fatigué.

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Anonyme [1652], LA RVINE DE L’IMPIETÉ PHARISIENNE DV TEMPS. Dediée à Messieurs les pretendus Commetropolitains de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3565. Cote locale : B_10_34.