Anonyme [1649], LA SIGNALEE VICTOIRE REMPORTEE PAR LES IVSTES, SVR LES MALINS ESPRITS. , françaisRéférence RIM : M0_3672. Cote locale : A_7_37.
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LA SIGNALEE
VICTOIRE
REMPORTEE
PAR LES
IVSTES,
SVR LES MALINS
ESPRITS.

A PARIS,
Chez PIERRE SEVESTRE, au mont sainct
Hilaire, dans la Cour d’Albret.

M. DC. XLIX.

Auec Permission.

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LA SIGNALEE
VICTOIRE
REMPORTEE
PAR LES
IVSTES,
SVR LES MALINS
ESPRITS.

IVSTE ? Leue-toy ? n’entend
tu pas Dieu qui t’apelle, te
disant ce qu’il dit autre-fois
à son Fils :Surge ? ecce mortui sunt
qui quærunt te. Leue-toy donc
& te retire de tes sombres cachots, il n’est
pas que tu n’entende sa voix, mais tu te veut

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faire prier comme fit ce grand Prophete Samuel
qui fut appelé de Dieu par trois fois.
Ne crains plus rien, tous tes ennemis sont en
déroute tu as r’emporté la Victoire, vient
maintenant reprendre tes possessions ? r’assemble
le reste de tes freres, afin qu’estant
tous vnis, vous resistiez genereusement à ces
esprits malins, qui ne respirent que vostre
enleuement : vous ne vous osiez monstrer
depuis six ans, & vous ne pouuiez si bien
vous cacher que vous ne soyez aussi tost descouuerts
par ces Diables deschainez, enuoyez
pour cette occasion par leur Maistre, qui pour
vous auoir emprisonné en trop grande quantité,
& vous auoir confié à ses meschans amis,
à maintenant tous les regrets imaginables de
vous auoir ainsi declaré la guerre.

 

Et ne vous estonnez pas, Iustes, de leur superbe,
s’ils vous osent attaquer, ils se sont bien
rebellez mesme contre leur Createur, le Iuste
des Iustes, ie veux dire le Roy des Roys.

Mais vous me direz que peu de temps auant
vostre bataille, ils auoyent emmenez tant de
prisonniers aux pays où l’on ne sçauoit ce que
c’estoit de Iuste, qu’ils ont esté contraints pour
les loger de bastir des chasteaux en Espagne ;

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des Palais somptueux dedans Rome, qui toute
joyeuse de posseder tant de si riches thresors
semble vouloir renaistre dans ses premiers,
triomphes : Mais, helas ! si elle sçauoit que ce
sont les despoüilles de ses plus intimes amis, sa
joye se tourneroit bien tost en tristesse, & en
puniroit, non pas leur vainqueur, mais plutost
leur insatiable, & iusques à present inoüy
rapineur mille fois pire que ces Empereurs neton
Dioclician, & quantitez d’autres, qui ne
respiroient que le sang de ces pauures Innocentes
brebis.

 

Sçachez donc, Iustes, que vous estes vainqueurs,
mais par vne façon tout extraordinaire :
car ces mal-aduisées voleurs vous ayant
emprisonnez dans trop de lieux, auez esté
descouuerts & mis aussi-tost en liberté, puis
on vous a donnez à des genereux soldats, qui
ont vaillamens Combatus pour vostre redemption,
& vous ont enfin rendus la liberté,
dont vous pouuez maintenant ioüir auec
franchise.

Reuenez, Iustes, reuenez dans vostre patrie,
de peur qu’elle n’encoure la mesme peine
que Sodome, qui pour ny pas auoir vn
Iuste a esté subuerty par le feu du Ciel, ce

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que tres certainement luy fut arriuée estant
menacée si viuement par ces malins esprits, si
elle n’eut preuenu leur fourbe & resister a
leurs tentations, par le merite du peu qu’il
luy restoient des Iustes, delaissez par ces ennemis,
odieux à tout le monde.

 

FIN.

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