Anonyme [1649], CAYER CONTENANT. LES TRES-HVMBLES Remonstrances des Deputez du Parlement de Bordeaux, presenté au Roy & à la Reyne Regente, le second Octobre mil six cens quarente neuf. , françaisRéférence RIM : M0_662. Cote locale : C_1_10.
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La seconde raison de cette necessité se tire de la deffiance
inuincible, qui est dans les esprits de pouuoir
iamais trouuer de seuretés pour leurs personnes ny
pour leurs familles contre ses vangeãces de Monsieur
d’Espernon, outre sa disposition naturelle à cette passion,
ils rappellent le souuenir des inhumanitez de
toutes ses gueres, de celle de l’an 1635. des infractions
desia des deux traittez, & qui plus est de sa conduite
dans le temps d’vne pleine paix où il a commis des
violences contre tous les ordres, a fait persecuter les
Euesques, maltraitter les Officiers, assassiner dans les
villes & au milieu des ruës à Agens & Bordeaux des
personnes considerables, emprisonner de son authorité
priuee des Ecclesiastiques, des Gentils hommes de
naissance & autres particuliers, viure ses gardes sur
le peuple, & ne s’en seruir que pour venger ses passions,
ruiner par eux & autres gens de guerre les lieux & les
villes qui ont des attaches à des personnes qu’il n’ayme
pas, comme il est arriué à la ville de Bazas, qui est ruinee
sans resource à la consideration de son Euesque où
le Lieutenant General & l’Aduocat du Roy ont esté
contraints de quitter l’exercice de leurs charges &
abandonner leurs maisons. Ils considerent aussi que
dans la Cour des Aydes, qui est l’obiet de ses faueurs,
son esprit de vengence luy a sait faire vne exception
publique & scandaleuse du sieur Hosten dans les exceptions
qu’il a donnees aux autres Officiers, & de

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toutes ces choses ils tirent de telles consequences, que
quoy que la paix soit le bien le plus sensible des peuples,
que ce soit l’obiet de toutes ses passions & le seul
fondement de leurs fortunes, si Monsieur d’Espernon
demeure Gouuerneur de Guienne ils regardent la paix
comme le dernier de tous leurs maux, ils l’appellent
fausse paix, parce que par elle ils tomberont dans la
main de leur ennemy irrité de l’estat auquel il est reduit.
Dans cette extremité, quel autre conseil peut prẽdre
le Parlement que de proposer ce changement à
leurs Maiestés pour le bien de leur seruice ; car pour son
interest propre s’il est vray, que l’authorité des Parlemens
reçoiue quelque contrepois par celle des Gouuerneurs,
il auroit aduantage que Monsieur d’Espernon
subsistast, puis que de long temps il ne sçauroit
estre dans la Guyenne que fort foible & fort odieux,
mais cela est trop preiudiciable au seruice du Roy,
principalement s’il empesche, comme il fait la pacification
de la Prouince.
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Anonyme [1649], CAYER CONTENANT. LES TRES-HVMBLES Remonstrances des Deputez du Parlement de Bordeaux, presenté au Roy & à la Reyne Regente, le second Octobre mil six cens quarente neuf. , françaisRéférence RIM : M0_662. Cote locale : C_1_10.