Clément, Jean [1649], HARANGVE PRONONCÉE AVX PIEDS DV ROY ET DE LA REYNE, En presence de Messieurs les Ducs d’Anjou, d’Orleans & autres Princes du Sang, & principaux Officiers de la Couronne, à Sainct Germain en Laye le Lundy 19. iour d’Auril 1649. Par Me Clement, Iuré Coutelier à Paris, si renommé pour les Controuerses. Les Iurez des Corps des Métiers de la Ville, estant tous allez ensemble ce iour là protester de leur obeïssance & fidelité à leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_1608. Cote locale : C_5_38.
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HARANGVE PRONONCÉE
aux pieds du Roy & de la Reyne, en presence
de Monsieur le Duc d’Anjou, &
autres Princes & Grands de la Cour, à
S. Germain en Laye le Lundy 19. Auril
1649. par Maistre Clement Juré Coutelier
à Paris, si renommé pour les Controuerses.
Les Jurez des corps de Mêtiers
de la Ville estans tous allez ensemble ce iour
là protester de leur obeïssance & fidelité à
leurs Majestez.

SIRE,

Ce ne sont pas icy les plus
considerables Habitans de vôtre bonne
Ville de Paris, mais ce ne sont pas les
moins fidelles, ny les moins obeissans de
vos sujets, qui ont souhaité, SIRE, auec

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beaucoup de passion de venir faire à genoux
vne protestation toute particuliere
à Vôtre Maiesté de leur obeissance. Nous
n’auons iamais eu tant de ioye, MADAME,
que lors que l’on nous a asseurez
que Vôtre Maiesté ne dedaignoit
pas de nous faire l’honneur de nous receuoir
à ses pieds, & de nous entendre.
C’est ce qui nous a donné la liberté de
nous presenter icy pour rendre à Vos Maiestez
nos tres-humbles soumissions, &
pour leur protester que nos desseins ont
tousiours esté & seront à iamais de viure
& de mourir dans vne entiere fidelité
& parfaite obeissance telle que nous deuons
à vos Majestez. Que si pour nôtre
malheur nous auons esté trompez en ce
qui s’est passé depuis que Vos Maiestez
sont sorties de Paris, nostre simplicité,
MADAME, est nostre meilleure iustification :
Protestans que nous verserions
plutost iusques à la derniere goute de nôtre
sang, que de manquer à la fidelité que
nous vous deuons. Si nous estions assez
heureux, MADAME, pour rencontrer

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quelque occasion où Vos Majestez en
voulussent faire l’épreuue, nous ne manquerions
pas de leur faire voir des chefs
d’œuures de nostre amour & de nostre
obeissance. Mais aprés ces témoignages
de zele qui partent du profond de nos
cœurs, nous nous sentons obligez, MADAME,
de faire connoistre à Vostre
Maiesté le ressentiment que nous auons
de la grace qu’il luy a pleu nous faire en
nous donnant la Paix. Nous n’ignorons
pas que nous deuons ce bon-heur à la
seule bonté de Vostre Maiesté, & que
nostre soulagement nous est particulierement
venu de vostre Clemence, & de la
douceur de vostre Conseil & de vostre
Gouuernement. Aussi, MADAME,
nous vous en rendons nos tres-humbles
remercimens, & en reconnoissance d’vn
si grand bien, nous continuerons de faire
nos prieres à Dieu pour la conseruation
de vos Personnes sacrées, & pour la prosperité
d’vn si glorieux Regne, & d’vne si
douce Regence. Ce sont-là, MADAME,
les veritables sentimens des pauures Artisans

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de Paris, qui n’ont plus à souhaiter
pour comble de leur felicité, que de reuoir
Vos Maiestez dans le Louure, où
elles sont tant desirées de tout le Peuple ;
mais principallement de nous, MADAME,
dont le bon-heur & la ioye depend
entierement de vos presences, puis qu’elles
nous donnent le moyen de gagner nôtre
vie, laquelle nous reconnoissons estre
obligez de sacrifier pour le seruice de Vos
Maiestez. Nous y sommes engagez par
nostre naissance, par vos graces, & par le
serment que nous faisons lors que nous
sommes receus à nos maistrises. Nous le
garderons inuiolablement comme nous
deuons : Et nous ne croirons pas, MADAME,
qu’il puisse iamais sortir de plus
beaux ouurages de nos mains, que ceux
qui feront connoistre par nos actions, que
nous sommes les tres-humbles & tres-obeïssans
& tres fidelles seruiteurs & suiets
de Vos Maiestez.

 

Apres quoy le Roy de sa propre bouche leur
dit, qu’il estoit fort aise de les voir, & que leurs

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soumissions luy estoient fort agreables. La Reyne
leur fit à peu prés la mesme réponse, & leur
promit de ramener le Roy à Paris aussi-tost que
les affaires le permettroient. Ce qui fit pleurer
de ioye tous ces pauures Artisans, qui s’en retournerent
tous glorieux de l’honneur qu’ils
auoient receu : publiant les tendresses de nostre
ieune Prince, & de nostre Grande Reyne.

 

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Clément, Jean [1649], HARANGVE PRONONCÉE AVX PIEDS DV ROY ET DE LA REYNE, En presence de Messieurs les Ducs d’Anjou, d’Orleans & autres Princes du Sang, & principaux Officiers de la Couronne, à Sainct Germain en Laye le Lundy 19. iour d’Auril 1649. Par Me Clement, Iuré Coutelier à Paris, si renommé pour les Controuerses. Les Iurez des Corps des Métiers de la Ville, estant tous allez ensemble ce iour là protester de leur obeïssance & fidelité à leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_1608. Cote locale : C_5_38.