E. P. [1649], HARANGVE FAITE A LA REINE, A AMIENS. , françaisRéférence RIM : M0_1563. Cote locale : A_4_21.
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HARANGVE
FAITE
A LA
REINE,
A
AMIENS.

Par E. P.

A PARIS,
Chez IEAN DV CROCQ, au Mont S. Hylaire,
prés le Puits Certain.

M. DC. XLIX.

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HARANGVE FAITE A LA REINE,
à Amiens.

MADAME,

La blancheur qui embellit par l’esclatante
beauté de ces luy, & le vermeil des roses qui
triomphent par l’émail de la blancheur des lys,
vnissent tout en bonté & grandeur, l’on la verra paroistre,
grande Reine, lors que Paris, triomphera de
vostre presence ; L’esclair en brillera par le Soleil de
la paix qui reluira sur nous ; Nous qui eschauffés de
plus en plus en l’ardeur de vos volontez diuines,
voulons tesmoigner à nostre bon Roy le desir que
nous auons de nous consommer au seruice de vos
deux Majestez. Pour cét effet, le desir n’est autre
que de vous presenter nos vies, & d’estre immolées
pour la conseruation de vostre Royaume : L’aurore
n’est si tost leué pour rougir, mais jaunir la terre,
que nous n’ayons bien-tost senty la chaleur des
rayons solaires : Aussi-tost que Vostre Majesté aura
paru dans vostre bonne ville de Paris, nous vous
asseurons grande Reyne, que le clair flambeau de
Concorde esclairera tout ce Royaume ? Royaume
qui tout perdit dans les ondes des flots & tempestes
de la guerre ? Vous pouuez grande Reine calmer

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ces orages & tempestes dont nous sommes accablées
vous pouuez en vn moment dissiper tous
ces broüillarts qui trouble tout vostre Royaume.
Blanche Mere de nostre bon Roy sainct Louis, fut
cause apres la conduite & grandeur de l’Eternel,
que nos Ancestres vescurent en vne admirable pacification
qui agrandit par apres le Christianisme,
& planta la Croix au milieu des Mosquées, des Mahometans,
donc cette bonne Reine tesmoigne encore
maintenant de nouueau par l’ardente charité,
quel à enuers son Louis, le vostre & le nostre ; que
celuy qui rompit par son bras victorieux les escadrons
de ceux qui le vouloient broüiller, & eut le
pouuoir d’abonnir tout : Cheminez par tels sentiers,
& vous verrez que tout vous réüssira à vne mesme
loüange que celle que remporta cette belle Iuste
& Blanche Reine vostre ayeule, Clotilde auparauant
elle le fit sur la naissance de l’agrandissement
de nos Rois par ces prieres & sages entreprises que
Clouis surmonta ses ennemis, embrassa la vraye
Foy de Dieu, & demeura paisible en son Royaume.
Bouctheur, autrement saincte Berthe Mere du
grand Roy Charlemagne, fit par ses journalieres
oraisons enuers Dieu, que durant la vie de Pepin, les
François furent sans guerre Ciuile. Charles allant
sur les erres de son pere, passant d’vne mer à l’autre,
conquit tout ce qui estoit refractaire à son Createur,

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& donna aux François vne vnion toute sainte.
Vous grande Reine, imitez les vertus de ces vertueuses
Reines, les champs s’en réjoüirons par la
fertilité qu’ils vous promettent ; les eaux s’embeliront
par l’arrosement christalin qui paroistera sur
ces doux boüillons, les oyseaux chanteront d’allegresse,
les hommes en general bailleront des preuues
de leur ioye. Nos Princes en seront extrémement
contens ; Nos Magistrats seront en plus grande
deuotion de rendre la Iustice : Nos Ecclesiastiques
seront portez auec vn plus grand zele au culte
sacré : Enfin tous viuerons en vne telle certitude de
nos biens, aduancement de nos familles, triompherons
de la gloire de Dieu, & de nostre bon Roy, &
de vostre Maiesté ; la France fleurira par dessus tout
ce qui est dans le circuit de la terre habitée, se voyãt
en paix & tranquillité, le Ciel sera embelly, le Soleil
iettera ses rayons sur vous, & sur vostre Royaume,
vostre nom est si admirable, que si ie n’auois peur
d’estre estimé flateur ie vous dirois que cette grande
saincte Anne que toutes les fois qu’elle reuenoit
chez elle que c’estoit vne ioye admirable, vne allegresse
nom pareille. Cette maison n’estoit que benedictions,
paix & tranquilité ; L’on en dira autant
de vous grande Reyne, lors que vous rentrerez
chez vous ; le dis chez vous à vostre maison Royalle
de Paris, où vous serez comblée de benedictions

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tant du Ciel que de la terre : Acheminez-vous donc
grande Reine, allez esclairer cette grande cité qui
est maintenant dans les tenebre, ce faisant vous n’eclairerez
pas seulement cette grande Ville, mais
tous ceux de vostre Royaume qui sont dans les mesmes
obscuritez.

 

Coriolanus autrefois fut beniste du peuple Romain
pour auoir empesché le saccagement de la
ville de Rome, empesché, s’il vous plaist, celuy de
vostre Royaume qui doit bien tost arriuer si n’y
mettez la main : Cela estant, vous serez beniste de
Dieu, & des hommes, & de toutes les Nations du
monde, les guerres Ciuiles n’ont esté iamais que la
ruine des Empires, Royaumes & Republiques.

Les Iuifs le sçauent bien dire, les Grecs à s’en
souuenir, les Carthaginois à s’en attrister, en ayant
perdu leurs sceptres, & leurs victoires, mais sans aller
plus loing grande Reine, vostre Royaume en
prend le mesme chemin. L’Espagne n’a-t’elle pas
bien eu à soufrir, & soufre encore à present, l’Angleterre
quelle mort Tragique est-il arriué en la personne
du Roy, belle exemple pour vostre Royaume.
Euitez, s’il vous plaist, ce desastre, vous sçauez
que c’est la Paix qui conserue tout & glorifie tout,
le Dieu des viuans la recommendé à tous ces bien-aymez,
c’est la beauté du Ciel, & sera la beauté de,
vostre Royaume. Conseruez-nous grande Reine

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conserués nostre Roy, ce Roy de Dieu donné, ce
grand Roy qui doit dominer toute la terre, & qui
doit gagner tant de belles victoires : Ce Roy qui est
le miracle de toute la terre, & de tout le monde ;
Permettez, grande Reine, s’il vous plaist, que ie tesmoigne
à mon Roy qui est a vostre presence, l’amitié
des Parisiens, & de tout son peuple.

 

Grand Roy tout comblé de benedictions de
tous vos peuples, principallement des Parisiens de
royal sejour du plus grand Roy de l’Vniuers, le seul
Empire Chrestien, le plus releué & bien voulu du
Ciel, redouté de toute la terre, & la seule terre où
Dieu a espandu sa grace, & le plus precieux tresor
de ses benedictions, qui ne luy manqueront iamais
non plus que sa Diuinité & qu’à leur
essence mesme ne se separe point d’eux, pourueu
qu’ils soient Rois tels qu’il faut, comme vous estes
mon Roy, nous le voyons à vostre sacrée personne,
Grand LOVIS, vostre pauure peuple est presque
abismé soubs le faix d’vne tyrannie nom pareille, ne
respirent plus que sa miserable fin. Grand Roy
rejetton de sainct Louis, faite nous esperer, vne
paix general : Imitez ce grand Henry IV. d’immortelle
memoire : Imitez ses actions, tant en ce qui regarde
la paix : Vous serez vn second Charles. Magne

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comblé du Ciel, assisté de Dieu, & des Anges, & de
vostre peuple.

 

Madame acheminez vous donc à vostre bonne
Ville de Paris ; quittez celles des campagnes pour
restablir vostre Royaume, lequel deperis de iour
en iour, amenez auec vous ce rejetton de ce grand
Roy sainct Louis vostre cher fils & Roy, venez le
faire asseoir en son lict de Iustice ; Par ce moyen,
vous metterez vostre Royaume & vostre Estat en
repos ; Il n’y aura grands ny petits qu’ils ne se jettẽt
à vos pieds, & ne vous sacrifiẽt leurs biens & leurs
vies, S’il y a quelques seditieux, vos deux Majestés
les feront éuanoüir en mesme temps, comme la
fumée se dissipe dans l’air.

FIN.

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