Anonyme [1649], A MONSIEVR DE BROVSSEL CONSEILLER DV ROY AV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_5. Cote locale : E_1_115.
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A
MONSIEVR
DE BROVSSEL
CONSEILLER DV ROY
AV PARLEMENT
DE PARIS.

A PARIS,
Chez FRANÇOIS NOEL, ruë Sainct Iacques, aux
Colomnes d’Hercules.

M. DC. XLIX.

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A MONSIEVR DE BROVSSEL CONSEILLER
du Roy au Parlement de Paris.
STANCES.

 


Illustre Senateur, Heros Incomparable,
Qu’on ne m’accuse pas te croyant Adorable
Si i’esleue à ta gloire vn si fameux Autel :
Quel honneur dans ces lieux ne doit-on point te rendre
Dans les siecles passez vit-on iamais mortel,
Qui pour le bien du peuple oza plus entreprendre.

 

 


Ny le bruit des prisons, des tourmens, ny des chaisnes,
Ny l’horreur des bourreaux, ny de leurs dures genes,
N’ont iamais esbranlé ton inuincible cœur :
Tu l’as tout exposé, pour l’honneur de la France
Et pour le bien public, ton extréme vigueur
A monstré les effects de ta ferme asseurance.

 

 


Que tu t’es trauaillé pour destourner l’orage
Qui menaçoit nos iours d’vn funeste naufrage :
Pilote genereux de l’Empire Gaulois
Sans l’art industrieux de ta sage conduite
Serions nous pas captifs dans les iniustes loix
D’vne troupe de gens que l’Enfer à produite.

 

 


Iniustes Partisans, qui bruslans d’auarice,
Bannissez la vertu pour establir le vice,

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Et ne vous repaissez que du sang des humains :
Larrons, audacieux, impudens, heretiques,
Retiendrez vous tousiours nos tresors dans vos mains
Sans vouloir soulager nos miseres publiques.

 

 


De Broussel est armé du bras d’vne Deesse
Qui veut vous punissant finir nostre tristesse,
Et de nostre seul bien ourdir vostre mal-heur
Voyez comme il combat pour auoir la victoire,
Malgré tous les demons le Ciel pour son bon-heur
Le fera triompher dans vn thrône de gloire.

 

 


Vostre rage a vomy contre luy sa furie,
Et le plus grand effort de vostre barbarie
Produisit son effet quand il fut enleué :
Cet énorme attentat, cette lasche industrie
L’ont mis dedans les fers, qu’en est-il arriué ?
Les François ont rendu le Pere à sa Patrie.

 

 


Parmy les legions des soldats tous en armes,
Parmy le bruit confus du peuple en ses alarmes
Qui demandoit auoir ce Soleil eclipsé :
Qu’on fut rauy voyant esclater sa lumiere
Lors que plus on croyoit qu’il estoit oppressé
Ou qu’il fut le butin de quelque cimetiere.

 

 


Quel heureux changement cette forte tempeste,
Qu’on eust dit qui vouloit tomber sur nostre teste
Et qui si promptement auoit armé Paris,
Se calma dés l’instant qu’on vit libre Brousselles
Alors toutes nos pleurs se changerent en ris
Madrid seul s’affligea d’en sçauoir les nouuelles.

 

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Au milieu du Pont-neuf se fit cette entreueuë,
Qui surprit nos esprits d’vne ioye impreueuë
De te voir de retour mon Heros glorieux ;
Que d’applaudissemens & que de bien-veillances,
L’air retantit des cris qui furent iusqu’aux Cieux
Raconter le succés de nos resiouїssances.

 

 


Vn seul homme pour toy fit qu’il s’en arma mille
Aux armes crioit il en chacune famille,
On nous vient d’enleuer nostre vnique support,
Retirons-le des fers, garantissons sa vie,
Puis qu’il nous a si bien affranchis de la mort :
Allons, disoit Lisis, où l’honneur nous conuie.

 

 


Enfin on t’a rendu nostre Ange tutelaire,
Obiect qui d’vn clin d’œil calme nostre misere,
Et remets en splendeur l’authorité du Roy :
Vous regnez maintenant dans son lit de Iustice,
Senat Auguste & Saint en faisant vne loy
Pour punir les meschans par vn iuste supplice.

 

 


Que vous reste-t’il plus pour couronner vos peines,
Qu’à ranger au deuoir ces ames inhumaines,
Qui sans crainte de Dieu, volent impunément,
Faites les regorger ces infames harpies,
Par vos fameux Arrests, Auguste Parlement,
Et vous verrez bien tost, nos haines assoupies.

 

FIN.

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