M. [1649], HARANGVE ROYALE prononcée deuant leurs MAIESTEZ A COMPIEGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1612. Cote locale : C_5_42.
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AV ROY.

SIRE,

L’inuention de ce Peintre fut trouuée tres-agreable,
qui ayant dépeint dans vn mesme
table au les grandeurs de Cesar, & les respects
que les Dieux rendoient à ses victoires ; representoit d’vn costé
Iupiter qui luy mettoit vne Couronne dessus la teste, & de
l’autre les Diuinitez qui consideroient cette action auec estonnement.
Sire, nous ne sommes plus dans les malheurs d’vn siecle,
qui n’approuuoit que le mensonge, & n’adoroit que des
faussetez ? nous ne viuons plus parmy les erreurs d’vn peuple
enseuely dans les tenebres obscures de l’infidelité ; & la veritable
Religion que nous professons, & qui ne presche que des veritez
eternelles, nous deffend de croire, qu’vn autre que Dieu
puisse couronner nos Roys tres-chrestiens, & qu’vne autre
main que la sienne soit capable d’eleuer des trophées de leurs victoires.
C’est luy qui les anime au combat, qui leur donne des
forces pour vaincre leurs ennemis, qui leur communique des
lumieres dans les affaires les plus embroüillées, comme les plus
importantes à la conseruation de leurs Personnes aussi bien

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que de leur Estat ; c’est luy qui leur inspire des desseins qui sont
aduantageux à la gloire de leur Sceptre, qui leur facilite les
moyens pour executer plus genereusement leurs entreprises. Bref
c’est luy qui est le premier mobile & la cause de toutes leurs
actions, & comme il n’est la cause & le principe, il en est aussi
la fin & le couronnement. Oüy, grand Prince, c’est le Dieu
que vous adorez, & qui seul est adorable, qui vous gaigne des
victoires, & qui vous en donne l’honneur ; c’est luy qui rend
vos conquestes glorieuses, & qui veut que vous en receuiez la
gloire. C’est luy qui a ioint aux bornes de vostre Empire,
Graueline, DunKerque, Lens, Piombino, Portolongone, &
qui ordonne que vos suiets recognoissent vostre valeur, & iettant
aux pieds de vostre Maiesté des palmes, des lauriers, des
fleurs, enfin c’est luy qui veut que nous publions eternellement
vos loüanges, & que les grandes qualitez que vous possedez
eminemment nous obligent d’estre à iamais vostres par estime,
comme nous le somme par droit de naissance ; agreez donc Sire
que nous fassions ce que le Ciel nous commande, & permettez
qu’en mon particulier i’aye l’honneur de me dire,

 

De vostre Majesté,

Le tres-humble, tres-obeïssant,
tres-fidel seruiteur & suiet,
M.

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M. [1649], HARANGVE ROYALE prononcée deuant leurs MAIESTEZ A COMPIEGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1612. Cote locale : C_5_42.