Vaudémont, Charles de / Charles IV, duc de Lorraine [?] [1652], LA DECLARATION DV DVC DE LORAINE A SON ALTESSE ROYALLE, ET A MESSIEVRS LES PRINCES, Sur l’approche de ses Trouppes és enuirons de Paris. Ensemble sa Lettre escritte à Messieurs du Parlement sur ce sujet. , françaisRéférence RIM : M0_898. Cote locale : B_8_48.
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LA
DECLARATION
DV DVC DE LORAINE A SON ALTESSE
ROYALLE,
ET A MESSIEVRS
LES PRINCES,
Sur l’approche de ses Trouppes
és enuirons de Paris.

Ensemble sa Lettre escritte à Messieurs du Parlement sur
ce sujet.

A PARIS,
Chez CLAVDE LE ROY, au mont
saint Hilaire.

M. DC. LII.

Auec permission de son Altesse Royalle.

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LA DECLARATION DV DVC
de Lorraine, à son Altesse Royalle, & à Messieurs
les Princes, sur l’approche de ses Trouppes és enuirons
de Paris.

Ensemble sa Lettre escrite à Messieurs du Parlement,
sur ce sujet.

MONSEIGNEVR, & chere Frere,

I’ay desiré de tout mon cœur vous faire sçauoir
la sincerité de mon ame ; & n’ay sçeu jusques
à present, à cause de quantité d’obstacles,
lesquels se sont opposez à ma volonté ; A ce que
j’entends, chacun à Paris, parle diuersement de
mon approche ; & mesme l’on ma voulu faire
croire que vous doutiez de la Foy que ie vous
ay des si longtemps jurée. C’est pourquoy i’ay
trouué bon, auant que d’approcher de vostre
Altesse, de luy renouueller mes anciennes protestations ;
luy monstrer que tout les bruits que
€™on à fait courir dans la Ville de Paris, ne tendent

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qu’à la distraire de l’affection qu’elle m’a
tousiours tesmoignée, & qu’en fin ie luy feray
voir le contraire auant qu’il soit peu de jours
Vostre A. R. sçaura, que mon Armée est composée
de dix mil hommes effectifs ; sans mettre
en ligne de comte quelques Trouppes de Volontaires
lesquels veulent soustenir vostre party,
celuy des Princes, & de Messieurs du Parlement ;
semblablement le mien ; tous lesquels ne font
qu’vn ; la Iustice de mes armes, vous la sçauez ;
& ne faut pas croire que ie desmorde ; que ie
voy vos ennemis & les miens jusque contre terre.
Il est temps, Monseigneur, de declarer vne
juste guerre ; afin qu’en suitte nous puissions viure
dans les delices que peuuent amener vne durable
Paix, j’ay desia aduerty vostre A. R. que
j’apporte quand & moy les Articles du Roy d’Espagne
pour la Paix Generalle. Ce dessein est du
Ciel & non pas des hommes, c’est pourquoy il
est juste que vous y prestiez la main, auec Messieurs
les Princes, mes tres-cher Cousins, il y à assez
long espace que vous viuez sous la tyrannies
des Ministres domestiques & Estrangers, & moy
aussi, il nous en faut sortir, & ne plus attendre ;
l’occasion se presenté, elle est belle, & tres-facile
à executer. Il faut donner au Peuples de tout
l’Europe du repos, il y à par trop d’années qu’il
gemit ; il le faut retirer de ses souffrances. Ie ne

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viens à Paris que pour ce seul sujet, il faut deliurer
le Roy de prison, ou plustost de subjession
d’vn abominable Estranger, lequel ne respire
que le sang d’estruit, pert, & gaste tous les Royaumes
de la Chrestienté, il est necessaire de remettre
vostre Roy & Neueu, sur le Trosn duquel
on la voulut oster. L’aller querir de main forte ;
& l’emmener triomphant de ses volleurs, dans
sa bonne ville de Paris ; ie n’ay fait approcher
mes Trouppes que pour ce seul sujet ; & vous
puis protester, qu’il m’estoit facile de me saisir
de quantité de place par où j’ay passe, lesquels
n’estoient garnie d’aucune d’effence. Mais à Dieu
ne plaise, ie n’ay aucun desir de m’attaquer à la
France, car elle ne m’a jamais fait aucun mal ;
trop bien ie puis asseurer, Vostre A. R. que ie
feray tous mes efforts pour me vanger de ceux
qui sont cause de sa desolation & de ma d’estruction,
ie vous proteste encor qu’il n’y aura
coing que ie ne remuë, afin de les attrapper, si
vostre Altesse Royalle, m’en donne la commission ;
sçachez que les jours approches qu’il faut
que nous viuions en Paix : & qu’il n’est plus de
saison de la laisser eschapper, nous la tenons
dans nos mains, il n’en faut plus douter. Le
Ciel nous la liure, il ne reste plus que d’en joüir,
[1 mot ill. ] donc parestre, Monseigneur, nos courages,
& nos forces, ie vous y conuie, ce sont des

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actions heroïques, que vous permettrez à celuy
qui ne fut jamais autre chose.

 

MONSEIGNEVR, & cher Frere,

De Meau, ce 25. May 1652.

Vostre tres-humble seruiteur & Amy,
CHARLE DVC DE LORRAINE.

LETTRE DV DVC DE LORRAINE,
escritte à Messieurs du Parlement, touchant son
approche és enuirons de la ville de Paris.

VENERABLE SENATEVRS,

Vous ne deuez point craindre, de la si soudaine
approche de mes Trouppes, puis quelle ne
sont dediées que pour le seruice du Roy des Princes,
de vous mesme, & de Messieurs de Paris ;
contre les volleurs, les pillages les concussions,
les viollemens, les incendies, les tortures, & les
cruels massacres, que commettent journellement
les Mazarins, ie viens pour les d’estruire,
& pour mettre la France l’Espagne & la Lorraine
en repos, par le moyen de la Paix, que i’espere

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qu’auec l’assistance de Monseigneur & frere le
Duc d’Orleans, de Messieurs les Princes & de
vous, conclurent dans peu de temps, ie croy
que nulles plaintes de mes gens ne sont encores
venües iusques à vos orreilles, & vous connoistrez
que mes armes ne sont leuées que pour
multiplier les bonheurs, & chasser loing les malheurs
qui vous talonnent au sujet d’vn Estranger ;
ie vous preste mon bras & ma vie ; & promet
de vous retirer de ses tyrannies, pourueu
que vous me permettiez de me vanger, chez
vous, de celuy qui vous consomme, & lequel m’a
malicieusement spolié de mes Estats ; ie mourray,
ou ie le mettray entre vos mains afin d’exercer
sur luy non la rigeur, ains seulement la Iustice
de nos Arrests. Ors cela n’esperez point de Paix,
& croyez que tant que cet homme rougissant de
malisse regnera, que vous n’aurez jamais de repos ;
De moy ie ne vous demande rien pour la
subsistance de mes Trouppes, grace à Dieu j’ay
de quoy les entretenir plus de huit ans, sans leur
permettre la milliesme partie des insolences,
que le sieur Mazarin souffre regner parmy les
siennes. Ie veux & c’est mon desir de faire sçauoir,
ó ! Venerable Senateurs, que i’ay auec moy dix
mil hommes effectifs, sans quelques compagnies
de braues volontaires qui se sont jettez
dans mes Trouppes, comme malgré moy ; lesquels

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m’ont protesté de ne porter leurs armes
que contre Mazarin & [1 lettre il. ]es adulateurs, j’ay bien
voulut vous auertir de cecy, afin d’esuacuer les
faux bruits que le party inique fait courir de ma
personne ; quand ie seray à Paris, Venerable Senateurs,
ie vous y ray voir & feray deuant vous,
mes humbles protestations si vous les trouuez
pour necessaires, & quoy que ie puisse arriuer ie
vous tesmoigneray, que ie suis n’ay que pour
estre.

 

Mes VENERABLES SENATEVRS,

De Meau, ce 25. May 1652.

Vostre tres affectionné, CHARLE
DVC DE LORRAINE.

FIN.

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Vaudémont, Charles de / Charles IV, duc de Lorraine [?] [1652], LA DECLARATION DV DVC DE LORAINE A SON ALTESSE ROYALLE, ET A MESSIEVRS LES PRINCES, Sur l’approche de ses Trouppes és enuirons de Paris. Ensemble sa Lettre escritte à Messieurs du Parlement sur ce sujet. , françaisRéférence RIM : M0_898. Cote locale : B_8_48.