Anonyme [1649], DEFFENCE POVR MESSIEVRS LES MINISTRE OFFICIER DE FINANCES ET AVTRES. Ou le combat de la vertu contre la Calomnie. , françaisRéférence RIM : M0_990. Cote locale : C_7_11.
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DEFFENCE
POVR
MESSIEVRS LES
MINISTRE.
OFFICIER DE
FINANCES
ET AVTRES.

Où le combat de la vertu, contre la
Calomnie.

IL y a grande apparence que la foiblesse de vos escrits,
ne faict qu’alterer les bonnes opinions que vous deueriez
auoir des personnes de merittes, & de consideration
qu’il semble que vous n’ayez autre tasche que desleuer
de terre iusques aux nuës vos petits iugements, qu’affin
de rabaisser d’autant plus la hauteur inimitable, d’aucunes
ames Heroyques, & que mesme à mesure que les
iambes vous faillent, vous ayez plus de courage à blasmer,
ce à quoy vous ne pouuez atteindre quelques efforts que
vous puissiez faire par vos escrits.

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Il est tres aysé de recognoistre que la pluspart des esprits
de ce temps, ne sont ingenieux que pour obscurcir la gloire
des meilleurs Ministres de la France, Officiers de Finances
& autres, & qu’ils ne taschent que de donner à
leurs actions vertueuses des pretensions sinistres de des
causes, vaines & reprochables ; Ce qui n’est pas vne des
grandes subtilités du monde, il ne faut qu’auoir l’ame vn
peu maligne, pour ietter de l’ordure contre la beauté la
plus esclatante, & la plus parfaite, & ainsi la mesme peine
que l’on prend à d’estracter des Principaux Ministres, &
de ceux qui ont la direction des Finances, on la peut aisement
prendre pour rendre plus d’honneur à les rares
personnages, que le Ciel à produict pour l’administration
& le gouueruement de la France, estant le propre aux
gens de bien de deffendre la vertu, en quelque part ou
elle se trouue & aux meschans de s’attacher à son contraire
qui est la Calomnie.

Il est du tout impossible de se taire, voyant que par
certains Libelles infames, ont deschire les excellantes
qualitez de les prudens comportemens de ceux que nostre
sage Roy, & la Reyne Regente Madame sa mere, tient
le plus pres de leurs Majestés, sur la fidelité desquels ils se
reposent de leur plus grandes, & importantes affaires ces
esprits noirs & malins, n’osans espandre leurs mauuaises
humeurs sur la personne d’vn si grand Prince, il les versent
sur ceux qu’il ayme, & les estime d’autant qu’ils l’ayment
& l’estiment neantmois la vertu de ces incomparables Ministres
sera mille foys plus forte que les deffences que l’on
pourroit dresser à leur honneur, ny que les murmures iniques
de leurs enuieux, toutte la gloire de leur dessein n’estant
autre que d’apporter autant qu’ils pourront tout le
seruice qui est deub au Roy & au bien de son Estat.

A quoy bon tant de bruit parmy cette Calomnieuse
populace, & a quoy bon tant de parolles inutilles à l’encontre
de ceux qui ne cherchent aucunes loüanges, que

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celles qui viennent de la vertu laquelle hayt & mesprise
les medisances de cette marmaille d’hommes insolẽs, qui
osent impudamment acuser ces genereuses ames d’auoir
allumé les feux qui ont consommé toute la France, & en
cela ils se montrent bien aueuglés, & d’ames & d’esprit,
tous ceux qui sont tant soit peu, versez dãs les affaires d’Estat
connoissans assez le contraire de ce que ces Seigneurs
ont tousiours procuré la Paix, tant auec les Estrangers,
qu’auec les Domestiques, car toutes les iniures, & les ordures
que ces scandaleux osent vomir contre la grandeur,
des bons & des fidels Subiets de sa Maiesté, c’est de les
faire Autheurs des souffrances du Peuple, des guerres
presentes & des plus grands mal heurs dont elles sont
pour l’ordinaire accompagnées.

 

Il est aysé de voir par vne si grande quantité de libelles
diffamatoires, qu’ils ne taschent qu’a exciter vne
emotion populaire dencouurir l’inimitié du Roy, & qu’a
se procurer vne infinité de maux, de troubles, & de
desordres & que si ces excellens resta reteurs de l’Estat
ces ames Heroiques, qui ont tout le temps de leur vie
seruy la France de leurs salutaires conseils, & du bonheur
de leur espée, ne prenoient le soin & mettre à neant
vne si grande confusion dans cet Estat, maintenir l’honneur
& la gloire, qui est deub au Roy & à la Reyne
Regente, & faire voir à vn chacun que le blasme qu’on
donne aux Officiers de Finance, dans l’administration
de leurs charges, est bien esloignée de la croyance que
l’on à de leurs deportemens, il y a grande aparence que
les ennemis seroient bien ayse de proffiter, de la ruine
& de la perte d’vne si puissante Monarchie, quelle seroit
tout à faict inesuitable.

Les bons François ont de tres grandes obligations,

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& doibuent prier pour l’ame du Roy Louys le Iuste
que Dieu absolue de ce que ce grand Monarque à dignement
departy, & pourueu à tant de grandes Offices, &
particulierement d’auoir mis les dignitez, les plus releuées
du Royaume entre les mains de ceux qu’il auoit
recognu pour les plus experimentez, dans l’administration,
& le gouuernement de cet Estat, pour les plus
sages, & les plus iustes de ses subiects, & qu’il n’y en à
pas vn sinon ces Calomniateurs qui ne le recognoissent
pour genereux benins accessibles, Iustes, Clemens,
prudens, resolus & charitables, aymant la Iustice respectant
les Loix & Ennemys mortels des vices, & vicieux
qu’en vn mot ils sont le cœur des bons Chrestiens
le soustien de la France l’esperance des fidelles sujets
la crainte des meschans & l’asseurance de tout le
monde.

 

Ie diray encore plus que l’enuie mesme, s’écarmouchant
ainsi sans cause & bruyant si insolamment à l’entour
de ces grands personnages leur rend vn entiere tesmoignage
certain, de leur prud’homie, & de vertu à laquelle
ces mescontens ne pouuans paruenir, ils s’esleuent à l’encontre,
& taschent de l’abbatre, & raualler ainsi, le
le chien iappe contre la Lune qu’il ne peut mordre ainsi
le vilain Corbeau ne se pouuant paistre des corps, qu’il
void il volle tout à l’entour & remplist l’air voisin de
ses croacemens à l’encontre si on prend la peine de
lire l’Histoire tant saincte, que prophane, on y remarquera
par tout que la superiorité, & l’inferiorité, la subiection,
& la maistrisse sont obligés à vne naturelle contestation
continuellement elle n’entreprincent, & s’entrepillent,
elles ont tousiours quelque rancune, quelque
plainte, & quelque grincement de dens, l’vne à

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l’encontre de l’autre, iamais il ne s’est trouué ny ne se
trouuera aucun homme de meritte dont la vie, & les
actions les plus pures n’ayent esté controllées, du plus
grand nombre des hommes de leur temps.

 

Celuy la seroit totallement ridiculle, qui voudroit
plaire à tous ceux qu’il gouuerne, si les Anges conuenoient
icy bas en forme d’hommes pour nous y gouuerner,
ils ne seroient pas long-temps exempts des
censures de la folle populace, la Sagesse du tout puissant
ne faict rien qu’auec poids & auec mesures, &
neantmoins combien de petits mastins enragez, iappent,
& grondent à l’encontre, la blasphement impudamment
en l’ordre, & au gouuernement du monde,
voulant mesurer la grandeur eternelle, au petit pied de
leur corps & de leur taille, ozans blasphemer cette prouidence
diuine que tout le monde exalte ; que tous les
cieux racontent, que toutte la nature honore ; que tous
les peuples adorent, que tous les sages admirent, que
tous les demons confessent, & que les morts & les viuans
ressentent & auouent.

Qui ne s’estonnera de ce que ces Calomniateurs
employant toutte leur industrie, à
rechercher tous les plus specieux, pretextes
enioliuez d’apparentes, couleurs pour donner
quelques lustres apparens, à leurs libelles
fameux, tousiours plains de la foulle du peuple,
des disgraces & mescontentemens, d’aucun
dses desordres publics, flattant par telles
discours estudiez la coustume, qui n’a pas la

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clefs de beaucoup de choses, pour esmouuoir
les debordemens de cette mer impetueuse,
d’hommes incensez qui ne peuuent trouuer
de repos que dans la tempeste, & qui ne
se font escouter que dans le bruit. Mais qui
voudroit se donner la peine, de rechercher
plus profondement les causes de telz
desseins si pernicieux à l’Estat, on verra clairement
que les perturbateurs du repos public,
n’ayment le bien public que pour leur vsages
particuliers, que leur langage n’est autre que
iargon & qu’ils ont bien la voix de la vertu,
mais qu’ils n’en ont nullement l’essance, n’ayant
autre fin pour pensée, autre cause mouuent
qu’vne vengeance priuée la vanité, la
gloire & le proffit particulier.

 

Ces considerations iointes à vne infinité
d’autres aussi fortes, soustiennent les forces &
les courages de ces Seigneurs, Ministres Officiers
de Finances, & autres sçachans, la Calomnie
ne les pouuoir vaincre, que de se coucher
tard, & se leuer matin pour le salut public
& de veiller pendant que les autres dorment
en repos.

Qui nous verroit iusques dans l’ame, (peuuent

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ils dire) ne nous trouueroit coupables
ny des afflictions publicques, ny de la ruyne
de personne non plus de vengeance, ny d’enuie,
& quoy que la licence du temps, &
nostre grande authorité nous le permist nous
n’auons mis la main, es biens ny en la bource
de qui que ce soit, ny ne sommes seruis du
labeur de personne sans loyer. De fonder la
vertu de nos actions, sur la probrobation
d’autres ce seroit n’auoir pas l’vsage du sens
commun, principallement en vn siecle si corrompu.
La bonne estime de la populace est
iniurieuse Dieu nous veille garder d’estre gens
de bien, selon leur humeur nous auons estably
vne meilleurs reigle, chacun au dedans
de soy mesme nous auons nos loix, & nostre
cœur pour iuger de nous, & nous sçauons
seuls si nous sommes clemens, ou cruels, iustes
ou deuotieux Il y en à qui ne nous voyent
qu’au trauers des images de leurs passions ceux
qui nous iugent sans nous cognoistre ; se font
plus de tort qu’à nous, & nous voulons bien
que ces mesmes Calomniateurs sçachent que
nous mesprisons de bon cœur, d’estre mal
menez de telles hommes, qui nous Calomnient

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nous raportant à celuy qui iuge iustement
de qui seul nous attendons, toutte nostre
gloire, & nostre recompence qui montrera
finallement, la difference qu’il y à entre
ceux qui font bien & ceux qui ne sçauent
que mesdire.

 

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