Anonyme [1651], LE CHANGEMENT D'ESTAT A LA MAIORITÉ DV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_679. Cote locale : B_6_31.
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LE
CHANGEMENT
D'ESTAT
A LA MAIORITÉ
DV ROY.

M. DC. LI.

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LE CHANGEMENT D’ESTAT
à la Majorité du ROY.

SI la France a iamais eu occasion
d’esperer vn notable soulagement,
en attendant le bon-heur
d’vne Paix generale, C’est sans
doute, dans la fauorable conjoncture
dans laquelle nous voyons aujourd’huy
l’Authorité & l’obeïssance, qui sont
les poles des Monarchies, contribuer à remettre
la fortune publique. Quelle benediction
à cét Estat, que la fameuse ville de
Paris, le sejour & les delices de tant de Rois,
le premier mobile qui donne le branle aux
autres Villes de ce Royaume, & qui mesmes,
par la correspondance du commerce, fait la
grandeur & la richesse des Estats voisins,
bien qu’auparauant elle fust diuisée en des
sentimens si contraires, se soit rèünie dans
vn mesme esprit par ses applaudissemens &
ses acclamations, à solemniser la pompeuse

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Ceremonie de la Maiorité du Roy. Que cét
Auguste Parlement, qui dans vne mesme
pensée, neantmoins pour son seruice & le
bien du public, se partageoit en tant d’opinions
differentes, n’ait eu qu’vn cœur & vne
voix pour l’affermissement du Trône de nostre
Prince ; & qu’enfin la Maison Royale se
soit prosternée aux pieds de son souuerain
auec vne profonde soûmission.

 

Que si les peuples de leur costé tesmoignent
vn zele si ardant à l’obeïssance du Roy ;
Sa Maiesté seconde leurs vœux & leurs esperances,
par le choix de trois Personnes d’vne
probité eminente, & d’vne suffisance consommée,
imitant dans le commencement de
son Gouuernement la Prouidence diuine, qui
commet les Intelligences les plus parfaites à
la conduite & au mouuement des Cieux.

Il ne faut que les nommer, pour nous promettre
par leurs Aduis tous les soulagemens
que la necessité presente de l’Estat pourra
permettre.

L’integrité de Monsieur de Chasteauneuf,
sa longue experience dans les Affaires, la
bonne & la mauuaise fortune qui ont partagé
sa vie, sans aucune atteinte à sa Vertu, la

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rendent trop connuë, pour douter qu’il n’employe
tant de belles parties à procurer le repos
& la tranquillité Publique.

 

Monsieur le Premier President, autant inébranlable
à tous éuenemens, que clairvoyant
aux illusions à Iustice, & inflexible à
tout ce qui la pourroit corrompre, retiendra
la mesme fermeté pour la conseruation de
nos Loix & de nos ordonnances, dont il est
constitué le Garde, aussi bien que, des Seaux.

Et Monsieur de la Viéville, par l’ancienne,
c’est à dire, la bonne Administration des finances,
soulagera l’extremité des miseres ausquelles
nous a reduit la Nouuelle qu’il ne
sçait point, & qu’il veut ignorer. Il y a ving-neuf
ans, que le feu Roy l’honora de sa confiance,
& de ce qu’on appelle aujourd’huy
Premier Ministre, quoy que le nom n’en fust
pas encore vsité, auec la Sur-Intendance
de ses Finances. Ie ne parleray point de la
parfaite intelligence qu’il conserua en la Maison
Royale, de la Paix auec les Estrangers,
des Priuileges legitimes, & des fonctions
maintenuës à tous les Ordres, & tous les Officiers
du Royaume.

En moins de vingt-moins que dura cét
Employ, il remit vn si bon ordre dans les

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Affaires du Roy, par ses excellentes lumieres,
qu’on le peut dire le premier Autheur des
justes maximes des Finances.

 

Nous ne souffrons que parce qu’elles ont
esté violées, & ne pouuons esperer que par
leur restablissement ; ce sera vn Ouurage de
ses mains innocentes, qui pour auoir manié
nostre argent, acquitterent l’Espargne de
plusieurs Millions en si peu de temps, & en
laisserent plus de quatre dans les Coffres du
Roy, toutes Charges payées, sans en auoir
remporté autre aduantage, que la gloire d’vne
inuiolable Probité. Il n’en faut pas moins
esperer de bonne œconomie à present ; Et
comme, selon le dire d’vn Ancien, Il n’y a
difference entre vn Estat & vne Famille particuliere,
sinon, Que l’vn est vne grande Famille ;
& l’autre, vn petit Estat ; Le raisonnable
gouuernemeut de la sienne, que l’on a
veu autre-fois auec estonnement, aussi nombreuse
dans ses disgraces, que durant sa plus
haute splendeur, (tant il a tousiours conserué
vne mesme moderation tout le cours de sa
vie) sont des préjugez infaillibles de la bonne
administration qui revivra sous sa conduite
& sous l’Authorité de nostre incomparable
Monarque.

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Benissons ses premiers Fruicts de la Majorité
de LOVYS XIV. qui par le choix de
ces Trois Personnages, nous donnent des gages
asseurez du pieux & juste Gouuernement
dans lequel sa Majesté tesmoigna Jeudy, de
vouloir conduire ses Peuples, & qui auec la
mesme Pieré & Iustice, nous demande la correspondance
d’vne parfaite sousmission : Nostre
legitime Liberté s’y rencontrera auec le
Repos ; Et l’Ennemy de la France, qui n’esperoit
de resource que dans nos Diuisions,
sera contraint de nous laisser joüyr d’vne profonde
Paix

FIN.

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