Anonyme [1652], LE DEPART DE MESSIEVRS LES DEPVTEZ des six Corps des Marchands de ceste Ville de Paris, hors de la Ville de Ponthoise. Dans lequel, outre la reception que le Roy leur a faite, est La Response qu’il a faite par escrit aux sieurs le Vieux, Escheuin, & Pietre, Procureur du Roy en l’Hostel de Ville, La Declaration du Roy en faueur des Bourgeois. ET Vn sommaire de sa Response par escrit aux Deputez des six Corps des Marchands. , françaisRéférence RIM : M0_1002. Cote locale : B_15_43.
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LE DEPART DE MESSIEVRS
les Deputez des six Corps des Marchands
de ceste Ville de Paris hors de la Ville de
Ponthoise : Dans lequel outre la reception
que le Roy leur a faite est : La
Response qu’il a faite par escrit, &c.

Apres qu’vn chacun se fust retiré, ces
Messieurs les Marchands se disposoient
à leur retour de Paris, lors
que la Reine enuoya mander à ceux
qui auoient le matin parlé deuant le Roy, de la
venir trouuer, & qu’elle leur vouloit parler : Les
sieurs le Brun, & Perichon, auec le reste des
Deputez du Corps de la Mercerie se preparoient
à y aller seuls & en particulier, lors que les cinq
autres Corps des Marchands s’y opposerent : Et
dirent qu’ils ne souffriroient point qu’vn Corps
seul allast trouuer le Roy, & que la Reine faisant
l’honneur d’en mander vn, mandoit tout ; Apres
ceste contestation s’estant enfin accordée, ils furent
sur les trois heures au Chasteau pour receuoir
les ordres de la Reine : estans dans la Gallerie,
apres y auoir long temps attendu, la Reine

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leur manda d’attendre au lendemain ; & que sur
les huict heures le Roy leur donneroit vne Response
par escrit, pendant quoy, sa Majesté les
conuioit à souper.

 

Ils furent trouuer Monsieur du plessis Guenegaud
qui les asseura qu’il les expedieroit pour le
lendemain, ne le pouuant faire alors, attendu que
le Roy mesme auoit dit qu’il vouloit leur donner
en personne sa response, ioint qu’on deuoit
le soir tenir Conseil. Pendant quoy ils furent
splendidement traités dans le Conuent des Peres
Cordeliers, où la deuotion du lieu ne peust
empescher que l’on ne beust d’importance, &
que l’on ne fist retentir par plusieurs fois le Refectoir,
de la Santé du Roy.

Le lendemain premier jour d’Octobre, ils
s’assemblerent tous au Conuent des Religieuses
Carmelites, où leur furẽt distribués certains Imprimés,
dont l’vn estoit la Responce faite par
escrit au Sieurs le Vieux Escheuin, & Pietre Procureur
du Roy en l’Hostel de Ville de Paris, Deputez
dudit Hostel de Ville, contenans la bonne
volonté du Roy enuers sa bonne Ville, & les
asseurãces de sa protection La joye qu’il auoit de
la depossession du sieur de Broussel de la charge
de Preuost des Marchands, dans laquelle il
s’estoit cy-deuant introduit contre l’intention
de sa Majesté, en vertu d’vne pretenduë eslection

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faite hors du temps accoustumé contre les
anciennes formes, & au preiudice de son legitime
posesseur ; Les regrets de voir souffrir tant de
maux tant dans la Ville que dans son voisinage,
approuuant des a present tout ce qu’entreprendroient
ceux qui contriburoient à lexecution des
bonnes resolutions qui seroient prises pour le retablissement
de son authorité, promettant de
les assister de ses Armes en ce besoin, & de recompenser
ceux qui donneroient des marques
de leur affection dans vne occasion si importante
où il s’agissoit de conseruer son Estat, & de restablir
la Capitalle Ville son Royaume dans sa
premier splendeur.

 

L’autre Imprimé estoit vne Declaration du
Roy, en faueur des Bourgeois & Habitans de la
ville de Paris, contenant que sa Majesté auoit toûjours
plus eu de compassion qu’elle n’auoit esté
irritée de tout ce qui auoit esté entrepris, & fait
contre son authorité, & des desordres qui
auoient ariué dans ladite Ville, qu’elle sçauroit
bien que les Habitans y auoient esté entraisnés
contre leur gré par violence & par artifice, & que
pour cela elle n’auoit iamais douté de l’affection
qu’ils auoient conserué dans le cœur pour le bien
de son seruice qu’elle oublioit, & pardonnoit de
bon cœur toutes les offences qui auoient esté faites,
de quelques natures qu’elles peussent estre

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qu’elle auoit enuoyé ses Lettres de Iussion au
Parlement, pour faire leuer la modification
apposée sur sa Declaration d’Amnistie que sa
Majesté vouloit estre enregistrées sans aucune
restriction à legard de tous les Bourgeois & Habitans
de ladite Ville de Paris, pour ioüir par eux
de ladite Amnistie purement & simplement,
mesme pour les crimes commis les 25. Iuin, &
quatriesme Iuillet dernier, quoy que reserués
par l’Arrest de Verification d’icelle.

 

Ces Papiers ainsi distribués, les Bourgeois furent
au Chasteau par ordres du Roy, où ayant
este introduits, ils furent conduits dans la Galerie
où aussitost le Roy entra accompagné seulement
des Officiers de sa maison, lequel apres
auoir salué la Compagnie d’vne grace toute Majestueuse,
ouit le Chapeau à la main. Le peu
de parolles que luy dit le Sieur Patin qui aussi
bien que les autres du reste des Corps parla à
genoux, apres quoy le Roy s’estant couuert dit
qu’il estoit tres rauy de voir la Compagnie, les
asseura de son affection, & qu’en peu il feroit
tous les efforts pour leur tesmoigner, & leur
donner la satisfaction qu’ils pouuoient esperer
d’vn bon Roy quoy dit s’estant descouuert, il
prit des mains du Sieur de Guenegaud, vne Lettre
fermée qu’il presenta au Sieur Patin apres
l’auoir baisée : lors on entendit resonner la Gallerie

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de voix, d’allegresse, & de resiouissance, chacun
criant Viue le Roy, ce qui fit chãger sa Majesté de couleur
& apres auoir la teste nuë salué de rechef la Cõpagnie
il se retira. Ainsi partirent ces Messieurs contens
de l’honneur qu’ils auoient receu du Roy & prirent le
chemin de Paris, sans faire aucune ouuerture de leur
Lettre : estans arriués elle fut leuë en presence de tous les
Corps, & de la presentée à son A. R. à laquelle les Bourgeois
rendirent l’honneur deu à sa grandeur.

 

Quoy que dans cette Lettre du Roy, il n’y ait rien que
ce que i ay cy dessus rapporté, neantmoins pour la satisfaction
de celuy entre les mains duquel la presente
pouroit tomber sans auoir veu l’imprimé de la veritable
Response, i’ay creu qu’il estoit à propos d’en inserer
icy sommairement deux ou trois mots.

Cette Letre marque comme le Roy a esté sensiblement
touché des tesmoignages de l’affection & de la fidelité
que les Bourgeois ont tesmoigné auoir pour sa
Majesté. La satisfaction qu’elle en a euë par les mouuemens
de leur cœur qu’elle en a veu paroistre sur leurs
visages, que la response qu’elle a faite aux Deputez de
l’Hostel de Ville respond aux instãces qui luy sont faites
tant pour son retour à paris que pour la Paix qui luy est
demandée laquelle elle a desia accordée par sa Declaration
de l’Amnistie qu’elle à fait publier en son Parlement,
que ce n’est plus à sa Majesté à qui il se faut addresser
ains à ceux qui fõt durer la guerre pour y trouuer
leur auatage, & desquels on se doit particulieremẽt
plaindre se dédisant continuellemẽt des paroles & des
promesses qu’ils donnent journellement à sa Majesté,
abusans de son authorité ; & en disposant selon leur caprice,

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& pour leur vtilité, demeurans armez contre
leur promesse, & joints aux ennemis de l’Estat, tenans
la Ville Capitale dans l’oppression par seditions & violences,
faisant piller & ruïner les François pour enrichir
les Espagnols & les Lorrains de leurs depoüilles.
Que si ces desordres estoient cessez, qu’il y auroit long
temps que sa Majesté seroit à Paris ; & y auroit restably
le calme & la tranquillité ; Que les ennemis de son
Estat, occupans certains postes auantageux, ostoient
toute sorte de communication entre sa Majesté & ses
bons sujets ; que l’interest que les Habitans de Paris
ont de faire cesser ces desordres, fait esperer à sa
Majesté qu’ils y trauailleront de tout leur pouuoir, &
feront en sorte de se mettre en estat de rendre à sa Masté
ce qui luy est deu ; en restablissant ; outre l’obeissance
& le respect, le Gouuerneur, & les Magistrats
qui ont esté chassez de Paris, pour y faire en toute seureté
la fonction de leurs charges : cependant que sa
Majesté veut que tous ses bons sujets, & particulierement
les six Corps des Marchands soient asseurez de sa
bienueillance & de sa protection, estant tres satisfaite
& de l’amour & du respect qu’ils luy sont venus rendre,

 

C’est succinctement le contenu de la Lettre du Roy,
qui par ses actions en a plus mille fois témoigné qu’il
n’en est escrit, protestant en mon particulier qu’il ne se
peut rien adjouster aux demonstrations de bienueillance
& d’affection que i’ay veu paroistre en la personne
de sa Majesté, à qui i’ay ouy dire depuis le depart de
ces Messieurs, qu’il estoit tres-satisfait d’eux, qu’il falloit
aussi tascher de les satisfaire, en les garentissant de
l’oppression en laquelle ils estoient. FIN.

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