Anonyme [1652], LE DESESPOIR DE IVLLE MAZARIN. SVR L’ARRIVÉE DV DVC Charle en France. , françaisRéférence RIM : M0_1061. Cote locale : B_8_59.
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LE
DESESPOIR
DE
IVLLE MAZARIN.
SVR L’ARRIVÉE DV DVC
Charle en France.

Comme dit l’Ancien Prouerbe, qui a bien
commencé a desia presque paracheué
son ouurage ; Voicy desia vn bon commencement
pour messieurs les Princes pourueu
qu’ils continuent les affaires iront bien, &
i’espere que Mazarin sera bien tost au bout
de ses finesses, & qu’il sera contraints de tirer
ses chauses, & de voir s’il postillonnera
hien encore iusques en Italie, car voicy vne

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mauuaise arriuée qui fortifie bien le party
de Messieurs les Princes, Cela luy peut bien
faire songer à ses affaires. Ie croy qu’il faisoit
beau voir les grimaces & les postures
qu’il faisoit lors qu’on luy vint apporter les
Nouuelles que le Duc Charle se venoit joindre
auec l’Armée de Monseignenr le Duc d’Orleans,
il peut bien dire que les Princes sont
plus fins que luy, & qu’il n’a pas affaire a des
Italiens, où a des Espagnoles : mais bien a des
François qui luy tailleront bien des croupiers
s’il ne se retire en bref, ou bien si quelque
genereux François, ne preuient l’occasion
en desliurant la France d’vn Tyran par
la mort de cét infame Ministre.

 

Ie voy bien aussi qu’il a grand peur de sa
peau, veu qu’apresent il ne dort ny nuict ny
iour, il luy semble a tout heure qu’il entend
ses ennemis qui le veulent assasiner, & qu’ils
luy plantent le poignar dans le sain, car il se
voit inuesty de toutes parts, car qu’il se tourne
de quel costé qu’il voudra, il voit ses ennemis
qui l’entourent & qui voudroient bien
luy donner la mesme reconpanse qu’au Marquis
Dancre, veu qu’il a apporté beaucoup de

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bien à l’Estat, c’est pourquoy on le veut recompenser,
mais telle cruelle rescompense
que d’estre attaché, & puis traisné sur vne
claïe, ou bien plutost tiré a quatre Cheuaux :
Car pour ce qui est de le pandre, ou de le
rompre tout vif, ses supplices sont trop doux
pour luy, si l’on veut voir vn homme qui a
grand peur, il faut voir nostre Iule Mazarin
car ie vous puis asseurer que les fesses luy
grenottent bien dru, & qu’il tremble plus
menu qu’vne feüille, ie vous laisse a panser
quelle peur doit auoir vn homme a qui l’on
à mis sa Teste a cinquante mille escus, qui
se voit inuesty de tous costés, & qui ne
sçait a qui auoir recours ny ou se refugier,
veu qu’il n’a pas vaillant vn pied de terre,
ou il peut dire qu’il sçait en asseurance, car
qu’il aille là où il luy plaira il trouuera tousjours
ses ennemis, & qui le peut bien asseurer,
que si on l’attrappe il n’aura point de
remission, il faudra qu’il passe le pas, autrement
les Princes seront bien aueuglées s’ils
ne le font, & s’ils ne se deffons de celuy qui
voudroit pour tout l’or du monde les pouuoir
faire mourir, & faire perir le Royaume auec

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Eux. C’est grand pitié qu’vn Estranger
vienne commender sur nos Terres, ny a il
point d’assez braues hommes dans la France
pour la Gouuerner, sans en aller charcher
dans les Païs Estrangers.

 

C’est pourquoy bon François qui par vostre
Nom, monstrés assés que vous deuez estre
libres & non pas esclaues, desliurés nous du
iouc dont vous vous voyez accablez, & aydez
a chasser celuy qui empesche les viures, qui
brusle nos Villes, qui rauage vostre Campagne,
profane nos Temples qui empesche le
Trafique de la Capitale de l’Europe, & qui
est cause que tant de pauure monde souffre
tant, enfin toute la pauure France n’en peut
plus si Dieu ne l’assiste, i’espere que par son
secours nous viendrons about de nos desseins
pourueu que nos Armes poursuiuent tousjours
auec autant de bon-heur comme elles
ont fait iusques icy.

FIN.

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