Anonyme [1649], LE PROPHETE FRANÇOIS, OV LES SENTIMENS GENEREVX D’ARISTIDE, ADRESSEZ A LA REINE. , français, latinRéférence RIM : M0_2907. Cote locale : A_6_78.
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de donner tout ce qu’ils ont de bien & de substance,
ils retireront leurs cœurs & leurs affections,
& au lieu de l’aimer comme leur pere, &
leur bien faicteur, ils le haïront & le fuiront cõme
leur persecuteur. Vn sage Prince doit faire vn tresor
des cœurs de ses Sujets, & non de leur argent,
à l’exemple de Cyrus, lequel estant conseillé par
Cresus de Thesauriser, montra qu’il auoit vn grãd
& veritable tresor entre les mains de ses amis, ausquels
demandant tout ce qu’ils auoient, il estoit
tellement asseuré de leur amitié, qu’il n’y en auoit
pas vn qui luy enfit refus. Que si vn Prince est vne
fois hay de son Peuple, il n’en sera pas suiuy n’y
gardé ; mais au contraire il en sera abandonné, &
par consequent sa grandeur & sa renommée en
seront reuersées & détruites entierement.

 

Ha ! que Platon auoit bien meurement consideré
tout cela, lors qu’il dit au 5. liure de sa Republique,
que les Royaumes seroient heureux si
les l’hilosophes, c'est à dire les Sages en estoient
les administrateurs, ou que les Princes voulussent
occuper leur esprit aux sciences Mais helas ! en ces
siecles mal heureux ils n’ont que des Amans, des
Achitophels, & des faux Prophetes qui les enchantent,
entre les mains desquels ils se demettent
de leur authorité, & les esleuent non seulement
au dessus de tous leurs Sujets : mais aussi par dessus
les Loix, & par dessus eux mesmes.

Et pour éuiter ces mal-heurs, les plus sages de

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Anonyme [1649], LE PROPHETE FRANÇOIS, OV LES SENTIMENS GENEREVX D’ARISTIDE, ADRESSEZ A LA REINE. , français, latinRéférence RIM : M0_2907. Cote locale : A_6_78.