Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
Arriue
Ce mesme iour quitta son lict La Seine qui des siennes fit, Et se rendit tellement fiere La belle dame la Riuiere Qui s’estoit laissee engrosser (Par qui ie vous donne à penser) Ie ne sçay si la desbordee En auoit receu quelque ondee D’vn galland appellé le Temps Qui fit le mauuais fort long temps : Mais enfin il est veritable Que pour sa grossesse effroyable Deslors il luy conuint chercher Vn autre lict pour accoucher : Elle vsa fors bois en couche Comme ie l’ay sceu de la bouche De ses marchands mal satisfais Qui n’en tirerent pas leurs frais. Le pauure pont des Thuilleries Pour en auoir fait railleries, Fut par elle fort mal traitté : Et quelque moulin mal monté Eut proche du pont Nostre-Dame Le croc en iambe de la dame Qui le fit aller à vau-l’eau : Où firent aussi leur tombeau Vint & cinq tant mulets que mules, Dont les recherches furent nulles ; Et dix sept mal heur eux mortels Qui dans l’eau s’auoüerent tels : Or cessa sa rage & sa hayne Et promit madame la Seine D’estre plus chaste vne autrefois, Le dix-huitiesme de ce mois Qu’elle parut fort auallee Et s’est du depuis escoullee.
Le lendemain au Parlement Beaufort vint faire compliment, On haranguant sans artifice, Il demanda tout haut iustice D’vn crime noir & imposé Dont ie suis dit-il accusé.
14. Ian.
Le iour d’apres il fut fait quitte De l’accusation susdite. Lors le trauail recommença Et le trafic que l’on laissa Pour prendre la noble cuirasse, Eut son tour & reprit sa place : Le mousquet au croc fut remis.
15. Ian.
Le Samedy les ennemis Surprirent par supercherie Lagny, riche ville de Brie. Car Persan leur chef arresta Le Maire qui parlementa Sur la parole de ce traistre, Qui menaça de rauir l’estre Au pauure Maire qu’il retint, N’estoit que le Bourgeois atteint De compassion pour son Maire, Embrassant vn mal necessaire Pour sauuer ce vieillard grison, Receut enfin la garnison.
16. Iãv.
Ce iour mesme vn Abbé tres digne Issu d’vne famille insigne Et nostre Archeuesque futur, Dont le iugement est tres-mur, Et ce que ie treuue admirable C’est qu’estant sçauant cõme vn diable De plus, comme quatre il se bat Quand il croit que c est pour l’Estat, Eut & l’aura pourueu qu’il viue En Cour voix deliberatiue : Il fit depuis vn Regiment.
Le Dimanche le compliment Du Parlement de la Prouence Qui demandoit nostre alliance, Leu d par Messieurs, leur plût bien fort.
17. Ian.
Le Lundy le Duc de Beaufort Fut faict Pair en pleme Audience, Où comme tel il prit seance : En suitte lecture s’y fit De la lettre qu’on escriuit A tous les Parlemens de France, Elle fut pliée en presence, Et pour la cacheter aprés On fit venir chandelle expres, Ie pense des huit a la hure ; On mit dessus, port vne liure, Dans cette lettre on voyoit Que le conseil d’vn mal adroit Auoit pensé perdre à la [2 lettres ill.]alle Toute l’authorité Royalle :
Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14. |