Anonyme [1649], ADVIS DV MAVVAIS RICHE A MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_512. Cote locale : A_2_9.
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Nos freres (c’est ainsi que trop tard, ie nomme
les pauures) nos freres, dis je, se plaignoient de
mon inhumanité, ils se plaignent aussi de la tienne.
Mais de moy laquelle des deux est la plus tyrannique ?
La mienne de ne les auoir pas reuestus,
ou la tienne de les auoit dépoüillez, la mienne de
ne les auoir point rassassiés ou la tienne de les auoir
affamez, enfin la mienne de ne leur auoir rien donné
ou la tienne de leur auoir tout osté ?

Tu peux apprendre non d’vn Euangeliste : mais
d’vn Rabbin que pour n’estre pas importuné des
cris des pauures, c’estoit non seulement dans le
plus somptueux, mais aussi dans le plus écarté de
tous les appartenens de mon Palais, que mes sens
nageoient dans des délices passageres de la vie humaine,
& si i’estois assez inhumain pour ne point
mettre fin au sujet de leurs plaintes au moins ne
l’estois-je pas assez pour les oüir sans en estre touché
tres sensiblement en peux tu dire de mesme ?
Ton repos peut il comme le mien, estre troublé
par les clameurs que la tyrannie a causées, & cherches
tu, comme ie faisois pour sauuer ta douceur,
s’il t’en reste, de ta cruauté, la retraitte & la solitude ?
Ce n’est pas ce que nous auons apris, il ne
suffit point à ta barbare humeur d’auoir, dit-on,
desolé la France, & tu serois bien mary de priuer
ou tes oreilles des pitoyables cris de tant d’innocentes
victimes ou tes yeux du plaisir de les voir
immolées à ton insatiable auarice.

Ce monstre couronné qui soubs le nom de Neron

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Anonyme [1649], ADVIS DV MAVVAIS RICHE A MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_512. Cote locale : A_2_9.