Anonyme [1652], LE VERITABLE ENTRETIEN DE LA REYNE D’ANGLETERRE AVEC LE ROY ET LA REYNE à S. Germain en Laye, en presence de plusieurs Seigneurs de la Cour, & autres personnes de consideration. Ensemble les Particularitez de ce qui s’est passé de plus remarquable dans leurs Resolutions. Touchant les Affaires pressantes pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_3932. Cote locale : B_19_3.
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ce que le Roy voudroit, & s’humilieroient à ses volontez.

 

Puis l’on demanda au Millord Kermain son sentiment :
Il dit (parlant à la Reyne) Madame, prenez
garde au reuers de la fortune : La Reyne luy dit, acheuez ;
mais il ne dit plus mot, & [1 mot ill.] du Conseil.

Le Marquis d’Ormont écoutoit tout lors qu’il luy
fut dit, Que vous semble de toutes ces choses ? Il respondit
sagement à la Reyne, Madame, il vaut mieux
la Paix que la Guerre, & vous vous ferez aimer ; au
lieu que vous vous faites hayr.

Le Millord Gerard qui faisoit le dormeux (mais il
apparut bien qu’il auoit tout entendu ce que les autres
auoit dit) comme reuenant d’vn profond sommeil, il
dit ; La France ne sera iamais en repos, tandis qu’vn
Cardinal Italien regnera en icelle. Et con me on luy
dit que ce n’estoit point sur ses affaires que l’on l’auoit
réueillé ; Il sçeut bien respondre que ce n’estoit pas son
esprit qui dormoit, mais son corps, & qu’il ne falloit
pas se flater soy-mesme : Chacun fit son profit de cette
parole.

Le dernier qui parla fut le Milord de Millemotte :
Iceluy ne fit pas grand discours, mais (en Anglois)
il dit ; Il vaudroit mieux, Madame, vne bonne Paix,
qu’vne rude Guerre : Les Guerres intestines ne vallent
rien ; & l’on ne deuroit iamais porter les armes contre
les suiets, ny leur apprendre à les porter, parce que
d’apprentifs ils deuiennent maistres : & ainsi ils feront
la loy à ceux qui de tout temps auront suiuy les Loix ;
Il finit en disant : Vne bonne Paix vaut mieux que la
Cuerre.

La Reyne entendant ces choses, ne sçauoit ce qu’elle
deuoit respondre ; mais quittant la Compagnie, elle
demanda où estoit le sieur Mazarin ? Il luy fut respondu
qu’il estoit en son Oratoire, & qu’il estoit mal disposé :
C’est ce qui causa qu’elle entra aussi en son Cabine,

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Anonyme [1652], LE VERITABLE ENTRETIEN DE LA REYNE D’ANGLETERRE AVEC LE ROY ET LA REYNE à S. Germain en Laye, en presence de plusieurs Seigneurs de la Cour, & autres personnes de consideration. Ensemble les Particularitez de ce qui s’est passé de plus remarquable dans leurs Resolutions. Touchant les Affaires pressantes pour la Paix Generale. , françaisRéférence RIM : M0_3932. Cote locale : B_19_3.