Anonyme [1649], LES DOVCEVRS DE LA PAIX, ET LES HORREVRS DE LA GVERRE. , françaisRéférence RIM : M0_1173. Cote locale : A_3_22.
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imployable, qui n’en est du tout point flechie, & vn esprit
bien fauorisé de Dieu, qui en estant abatu, respire encores,
& n’en est pas tout à fait accablé. Ce sont des verges en sa
main, dont ordinairement il corrige ses enfans en pere, mais
aussi quelquefois ce sont les instrumens de la vengeãce qu’il
exerce contre l’audace de ses ennemis. Si les Israëlites à diuerses
fois l’ont éprouué d’vne sorte, les cinq Roys & tant
d’autres infideles que Iosüé, que Debora, que Gedeon & que
Sanson ont vaincus l’ont assez éprouué de l’autre. Mais soit
qu’il nous en punisse en iuge, ou qu’il nous en chastie en pere,
nous y voyons tousiours l’image de quelque courroux
qui nous fait fremir, la menace de quelque douleur qui nous
fait trembler, & l’apparence de quelque spectacle qui nous
fait horreur.

 

Les Romains tous payens qu’ils estoient, & desquels la
grandeur n’estoit iamais si bien establie que quand ils auoiẽt
la guerre plus forte, estoient toutesfois bien aises de ne voir
point le temple de Ianus ouuert ; & Auguste luy mesme ce
grand Empereur, ne receut point de joye de ces victoires, ny
de ces triomphes ; egalle à celle-là que luy donna le Senat,
quand il ordonna sous son regne qu’il seroit fermé. Estimãt
mieux ce glorieux vainqueur de l’vniuers, vne paix qui sembloit
deuoir reboucher la pointe de sa gloire, qu’vne guerre
dans laquelle & par la quelle il se l’acqueroit tousiours si
brillante & si lumineuse.

Aussi à bien conter la paix est toute pleine de charmes, &
tout autant que la guerre est hideuse, elle est belle. Il ne faut
que faire les oppositions de l’vne à l’autre, pour connoistre
l’éclat de celle-cy par les laideurs de celle-là. L’vne a son
principe dans l’enfer, & est l’ouurage des demons de l’abysme,
& l’autre a son origine dans le Ciel, & est l’emanation
du Dieu tout clement. Tellement que ces cœurs ardans qui
ne demandent & qui n’appellent que le carnage, semblent
inuoquer cet esprit de tenebres, que S. Mathieu compare à
vn homme armé, & à vn lion rugissant. Et sans mentir ceux-là
qui ne demandent que les armes, ne ressemblent pas mal
cet animal vorace qui ne demande que la proye. Il ne faut

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Anonyme [1649], LES DOVCEVRS DE LA PAIX, ET LES HORREVRS DE LA GVERRE. , françaisRéférence RIM : M0_1173. Cote locale : A_3_22.