Anonyme [1652], LES SOVPIRS DE LA FRANCE, faits à son Altesse Royalle, pour la Paix generalle. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_16_12.
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Grande Reyne, n’estimez pas
Qu’on seme à faux ce bruit sinistre,
L’exaggerant pour mettre à bas
Le credit de vostre Ministre ?
Plust à Dieu qu’il fut vray, nous serions plus heureux,
Et vous seriez moins accusable,
Mais vn tel mal-heur nous accable,
Que nous ne pouuons plus, tant il est desastreux,
Ny nous qui le souffrons, dire au point qu’il excede,
Ny vous qui le causez y donner de remede.

 

 


Quel remede à des maux si grands,
A tant de maisons desolées,
A tant d’outrages de brigans,
A tant de femmes violées,
A tant d’hommes meurtris, à tant d’Autels pollus,
A tant d’Eglises prophanées,
Enfin, à tant d’ames damnées,
Dans ces troubles sanglans, que vous auez voulus :
O que d’accusateurs ? craignez, ô pauure Reyne,
Pour vos Conseils d’enhaut vne Cour Souueraine.

 

 


C’est celle où l’on ne pourra plus
Casser les Chambres de Iustice,
Ny sauuer par vn peu d’Esleus,
Tous les reprouuez, du supplice :
C’est celle où Mazarin, & tous les Partisans
Ne trouueront pas bien leur conte,
C’est celle où la peur & la honte
Feront voir sur leur front des traits d’agonizans,
Quand Dieu viendra chercher dans leur sein par son glaiue
Le sang de l’orphelin, & le pain de la vefve.

 

 


Ie sçay bien que certains corbeaux,
Qui croacent apres leur proye,
Loüent à la Cour tous ces maux,
Pourueu qu’on les paye & les croye :
Allez, Monstres d’Eglise, Apostres apostats,
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Anonyme [1652], LES SOVPIRS DE LA FRANCE, faits à son Altesse Royalle, pour la Paix generalle. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_16_12.