Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : C_7_48.
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des Habitans de cette ville. En effet où est en toute cette
action vne seule marque de rebellion ou de des obeïssance ? on
emprisonne des Conseillers dont la vie est irreprochable : alors le
Peuple qui les connoist pour ses Defenseurs, & qui sçait que vostre
Majesté ne consent iamais à d’iniustes violences demande leur
liberté : mais depuis que les Bourgeois eurent pris les armes, où
est la maison qui ait esté pillée ? où est la violence qui ait esté faite ?
où est le moindre desordre qui soit arriué ? mais au contraire dés
que vous eustes eu la bonté de satisfaire à vne si iuste demande, ils
quittent volontairement les armes, & remplissent vostre Maiesté
de benedictions ? Qui les empeschoit en l’estat où ils estoient alors,
de porter les choses a de plus dangereuses extremitez ? Qui les empeschoit
de demander la vie de ceux qu’ils croyoient estre les autheurs
de cette violence & de toutes leurs disgraces ? Ie ne voy
rien qui les ait peu retenir dans leur deuoir, que le respect qu’ils
ont tousiours eu pour l’authorité Royale, & l’affection particuliere
qu’ils ont pour vostre Maiesté. On dit, MADAME, que
l’on a fort exageré deuant vous, qu’ils ne s’estoient pas esmeus,
pour la liberté d’vn Prince auec vne pareille ardeur : mais qui a il
d’est range en cela ? Il n’y auoit personne parmy le Peuple qui ne
sceut que ces Conseillers m’estoient criminels que parce qu’ils
auoient demandé son soulagement ; mais, comme le Peuple n’a
point de communication auec les Princes, quelle merueille s’il ne
s’émeut pas quand le Roy vse contre eux de quelque seuerité ? Et
certes il croit que cela arriue pour des choses où il n’a point d’interest
& qui sont au dessus de son esprit & de sa condition. Et
d’ailleurs qui doute que le Peuple n’ait pris les armes dans
cette occasion autant pour la defense de la Religion & la gloire de
Monsieur le Prince, que pour la liberté de Monsieur de Bruxelle ?
Ne sçait-on pas qu’il se plaignoit principalement de ce qu’on
auoit pris pretexte d’vne action de pieté pour en faire vne de violence,
& qu’on soüilloit par vne dignité extraordinaire le triomphe
de Monsieur le Prince, dont il regardoit en ce temps là l’authorité
& la vertu comme son appuy & son esperance ? & ainsi a
considerer nettement les choses, il y a dans le commencement de
cette agitation du peuple beaucoup de zele pour la Religion, beaucoup
de passion pour Monsieur le Prince & beaucoup de gratitude
enuers ses protecteurs ; mais aussi on doit reconnoistre dans la
suite & l’abandonnement des armes qu’il auoit pris, beaucoup de
sousmission & de respect pour vostre Maiesté. Or, MADAME, ie
ne doute point que vous ne soyez maintenant persuadée de l’innocence
du Parlement & de la ville de Paris ; Mais comme la Guerre
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Anonyme [1649], NOVVEAV DISCOVRS POLITIQVE CONTRE LES ENNEMIS DV PARLEMENT ET DE LA VILLE DE PARIS. Où il est traitté de l’vsage legitime de la puissance Royale dans l’imposition des subsides; De la dignité du Parlement de Paris dans la France, & de l’innocence de la Ville de Paris. A LA REYNE. , françaisRéférence RIM : M0_2535. Cote locale : C_7_48.