Anonyme [1652], PLAINTES DV GAGNE-PETIT DE LA COVR, DEPLORANT SON MAL-HEVR, & donnant aduis au Roy par vn de ses Gentils-hommes sur la conduite des affaires presentes. , français, latinRéférence RIM : M2_154. Cote locale : B_3_20.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 5 --

authorité, pour leurs propres interests, & la ruiue
totale de la Couronne : Certes, pour parler à la verité,
& sans dissimuler, vous pouuez considerer que tandis
que vous ferez guerre à vos sujets, vous aurez Dieu mesme
à partie, qui se monstrera éuidemment partisan de
leur iustes entreprises, pour destruire ces harpies qui
vont rauageans tous les endroits de ce Royaume : mais
aussi prenez garde que vous ne pouuez faire tort à vos
peuples, qu’aux despens de vostre propre Estat, quia hæc
moles conuelli sine exitio conuellentium non potest.

 

On peut comparer ce Royaume à cét Hydre, dont
parlent les anciens, qui ayant vne de ces testes abatuë,
en faisoit à mesme temps croistre deux autres ; de sorte
qu’il estoit impossible de le surmonter. Tant plus on
s’efforcera de l’abbatre, tant plus il s’eleuera de iour en
iour, & ses forces s’augmenteront de tous costés, s’il en
falloit venir à ces desordres : Ce n’est pas l’ouurage d’vn
iour, & les siecles entieres ne seroient suffisans d’en asseurer
la victoire, qu’on se prometteroit de gagner par
vne grande violance. Les Stoiques de l’antiquité n’ont
iamais creu, que tant d’hommes se logeassent dans le
cheual Troyen, ou dans la cuisse qu’Argesilans mit en
ieu, dans laquelle il faisoit voguer la flotte d’Antigone,
& les douze cens voiles de Xercés ; comme il aborderoit
de secours de toutes parts, si la necessité contraignoit
enfin les peuples à se deffendre ouuertement. Mais,
SIRE, on ne desire point en venir à ces extremitez,
Regardez seulement l’estat present de vos affaires,
& comme le sang, & les larmes en si grande abondance
estans montez deuant Dieu, sa misericorde est flechie
aux prieres de ce pauure peuple. Reconnoissez ce que
vous estes deuant le Tribunal de cette diuine Maiesté,
& n’ayez point de part à ce que dit l’Euangile, Maledictus,
qui percutit antinam sanguinis innocentis, estant suscité
par ces mal heureux, qui gouuernent vostre volonté,
incapable d’elle mesme de tant de mal : Il y a desia vne

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1652], PLAINTES DV GAGNE-PETIT DE LA COVR, DEPLORANT SON MAL-HEVR, & donnant aduis au Roy par vn de ses Gentils-hommes sur la conduite des affaires presentes. , français, latinRéférence RIM : M2_154. Cote locale : B_3_20.