Anonyme [1649], REFLEXIONS CHRESTIENNES, MORALES ET POLITIQVES, DE L’HERMITE DV MONT VALERIEN, Sur toutes les Pieces volentes de ce temps. OV IVGEMENT CRITIQVE, Donné contre ce nombre infiny de Libelles diffamatoires, qui ont esté faites depuis le commencement des Troubles, iusques à present. Par des personnes Quid detur tibi, aut quid apponatur tibi, ad linguam dolosam? Psalm 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3060. Cote locale : E_1_73.
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sçauez bien, malheureux Politiques, que la Morale est vne
seience qui ne vise qu’à moderer les saillies de l’esprit, qu’à
ciuiliser les deportemens des hommes, afin de les rendre
plus temperez en leurs actions, plus sociables en leur façon
de faire, plus vtiles à leurs Concitoyens, & plus propres à
s’acheminer pendant ce regne de paix interieure à la connoissance
des choses celestes, par le mespris de celles de la
terre. Iugez apres cela, de grace, si susciter vn Parlement à
sousleuer le peuple contre son Prince, est vn effet propre à
moderer nos saillies & nos deportemens, afin de nous rendre
plus supportables à nous mesmes, à nos Concitoyens, &
à nos domestiques ? & si c’est encore vn moyen propre à nous
acheminer pendant vn regne de paix, à la veritable connoissance
des choses celestes, par le mespris de celles du
monde. La guerre ne se sçauroit faire, sans que nous y appliquions
tous nos soins, & sans que nous attachions
nos esprits beaucoup plus que nous ne deurions pas à tout
ce qui va directement contre les mœurs & contre la conscience.
La guerre n’instruit l’homme qu’aux vols, qu’aux
meurtres, qu’aux incendies, & qu’aux sacrileges. Elle nous
apprend comme il faut faire pour nous piller, & pour nous
assassiner l’vn l’autre. Elle nous donne des inuentions à tyranniser
la vefue & l’orfelin, & finalement elle nous suscite
à profaner les Autels, & mesme à polluer les maisons les
plus sainctes & les plus sacrées. Et vous voudriez apres cela,
rares Politiques, que les aduis que vous donnez de faire
la guerre, & de prendre les armes contre nostre legitime
Prince, n’allassent pas directement contre les mœurs, contre
la charité, & contre la pieté la plus ciuile & la plus celeste,
dont la nature humaine puisse estre capable. Ce n’est
pas encore ce qui vous peut satisfaire, il faut prendre la Religion
à partie, puis qu’elle est vne vertu par laquelle nous
sommes obligez de rendre à Dieu le culte que nous luy deuons,
auec vne pureté de cœur, & vn zele incroyable. Et
ce n’est pas le luy rendre comme sa saincte & sacrée Majesté
le souhaite de nous, que d’auoir l’ame noircie de tous les
crimes que nous venons de dire. Mais passons plus outre, ie
dis encore que ces preceptes vont contre la volonté du
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Anonyme [1649], REFLEXIONS CHRESTIENNES, MORALES ET POLITIQVES, DE L’HERMITE DV MONT VALERIEN, Sur toutes les Pieces volentes de ce temps. OV IVGEMENT CRITIQVE, Donné contre ce nombre infiny de Libelles diffamatoires, qui ont esté faites depuis le commencement des Troubles, iusques à present. Par des personnes Quid detur tibi, aut quid apponatur tibi, ad linguam dolosam? Psalm 119. , français, latinRéférence RIM : M0_3060. Cote locale : E_1_73.