Anonyme [1652], HISTOIRE DE MAGDELAINE BAVENT, Religieuse du Monastere de Saint Loüis de Louviers. Avec sa Confession generale & testamentaire, où elle declare les abominations, impietez, & sacrileges qu’elle a pratiqué & veu pratiquer, tant dans ledit Monastere, qu’au Sabat, & les personnes qu’elle y a remarquées. Ensemble l’Arrest donné contre Mathurin Picard, Thomas Boullé & ladite Bavent, tous conuaincus du crime de magie. DEDIÉE A MADAME LA DVCHESSE d’Orleans. , françaisRéférence RIM : M0_1640. Cote locale : B_5_56.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 59 --

Religieuses l’y peuvent avoir veuë. On croit qu’elle a esté jettée
en la place par miracle, & la fille l’a tirée de sa manche pour la jetter,
bien que M. le Penitencier le nie, alleguant qu’il la tenoit par
vn bras ; & des personnes presentes attestent l’avoir eux mesme
apperceu. I’ay toûjours dit, premier que de voir la boëte, que ce
poinct là seul suffisoit pour sçavoir bien des nouvelles de la malicieuse
procedure des filles : Et si on prenoit la peine de l’approfondir,
je n’en puis encore douter : Ie ne croy pas aisément leur
possession des Diables ; elles me l’attribuent, & je suis bien asseurée
qu’il n’y a rien de ma part, & que je n’y ay pû, ni ne peut rien. Elles
montrent des malefices en quantité, mais de nuict : c’est elles mesmes
qui les trouvent, & on leur prend entre les mains quand
elles sont prestes de faire semblant de les tirer de leur fosse, mais
qui ne guerissent de rien étant trouvez, mais qui sont en trop
grand nombre pour faire croire qu’vne Maison pour estre infectée
en requist tant, cela est trop facile à reconnoître faux par le poil de
leurs cheveux, & les filets de leurs couvertures, mais qui portent
toûjours les premieres lettres de mon nom & surnom, que je sçay
n’avoir jamais pensé à y mettre : & en la verité de Dieu je ne doute
point qu’elles ne les composent aussi bien que tous les ingrediens
de la boëte. Il n’y a qu’vne seule parole de Picard qui me
fasse soupçonner quelque mal en la Maison, sans que je sçache par
qui ni comment il a pû estre causé. C’est celle que j’ay rapportée
ailleurs, quand il me dit, Tu verras des merveilles apres ma mort,
y consens-tu pas ? Ie pense que si elles se convertissoient à Dieu, &
renonçoient à leurs impuretez, & se vouloient adonner d’vne autre
façon qu’elles n’ont fait aux exercices d’vne vie vrayement
Religieuse, haïssans le peché, & aimans la vertu, elles seroient
gueries, & feroient vne tres-austere penitence, pour appaiser l’ire
de Dieu, qui a esté tant offensé par leurs blâphemes, leurs sacrileges,
& leurs ordures.

 

Outre ces articles specifiez que je dédis, parce qu’ils sont tres-faux,
j’en cotteray plusieurs autres au chapitre suivant. Ie n’ay
plus rien à ajoûter en celui-cy que certaines choses qui concernent
Boullé. Plusieurs me font la cause de sa mort, alleguans, que
mes depositions y ont presque tout fait : Par la bonté de Dieu, ce
scrupule ne m’est point entré dans l’esprit. La Cour ne juge pas
vn Prestre à mort sur les simples depositions d’vne fille, & il falloit

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1652], HISTOIRE DE MAGDELAINE BAVENT, Religieuse du Monastere de Saint Loüis de Louviers. Avec sa Confession generale & testamentaire, où elle declare les abominations, impietez, & sacrileges qu’elle a pratiqué & veu pratiquer, tant dans ledit Monastere, qu’au Sabat, & les personnes qu’elle y a remarquées. Ensemble l’Arrest donné contre Mathurin Picard, Thomas Boullé & ladite Bavent, tous conuaincus du crime de magie. DEDIÉE A MADAME LA DVCHESSE d’Orleans. , françaisRéférence RIM : M0_1640. Cote locale : B_5_56.