Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.
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mangera au Caluaire comme nostre prix & nostre redemtion ;
Se moriens in pretium.

 

Luc. 1.
cap, 19.

C’est là dit S. Bernard, ce superbe & Royal banquet où
les iustes se nourrissent de ce pain Celeste, où ils s’enyurent
de ce raisain de cypre, Botrus Cypris dilectus meus, où ils
s’en graissent de tourmens, d’espines, de cloux, de foüets,
mais fortunés ceux qui le mangent à l’autel, où il se donne
comme viande pour nourir nostre ame, comme pain pour
la renforcer, comme vin pour leschauffer, comme leau
viuante pour la rafraischir, comme miel pour la resioüir,
seruant aux foibles de support, aux voyageurs de viatique,
aux sains de nourriture, aux malades de Medecine, & aux
mourans de gages d’immortalité. Hei mihi quot æd salutem
nobis viœ, nos corpus suum effecit, nobis suum communicauit
corpus, & horum nos nihil à malis auertit, ô bonté, ô amour
s’escrie S. Chrysostome : Helas mon Dieu & mon Maistre,
combien de voyes vous nous ouurez pour arriuer à la gloire
& à la beatitude, vous nous faites vostre corps en naissant,
comme nostre chef & nostre Roy vous nous communiquez
le vostre, & dans iceluy tous les biẽs de la terre & des Cieux.
Et cependant toutes ces choses ensemble ne sont pas capables
de nous affranchir du mal, de vaincre nostre ingratitude,
& d’arrester nostre malice. O tenebres de l’entendemẽt
humain, ô aueuglement incomparable, ô miseres qui surpassent
toutes nos imaginations : Obstupescite cœli super
hoc : Flambleaux des Cieux qui roulez incessamment sur
nos testes, demeurez stupides pour ne nous pas reprocher
nostre insensibilité, & vous bel astre du iour qui eschauffez
la terre de vos rayons, & l’esclairés de vos lumieres ; cachez
vous sous le voisle de vos esclipses, pour ne pas voir l’horreur
de nostre insigne mecognoissance : car s’il est vray ce
que dit S. Thomas, qu’en ce Sacrement sont compris tous
les mysteres de nostre salut : Concluons que comme celuy
qui communie dignement, en participe tous les biens & en
reçoit tous les auantages, qu’au contraire celuy qui communie
auec vn peché mortel les offense tous ensemble, &
se rend coupable d’ingratitude enuers tous.

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Anonyme [1649], SERMON DE L’EVCHARISTIE POVR L’OCTAVE DE LA FESTE-DIEV. PREMIERE PARTIE. Preschée par le R. P. A. D. , français, latinRéférence RIM : M4_78. Cote locale : C_10_8.