Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.
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conclurre : & qu’il ne pouuoir refuser sous aucun pretexte sans vn deshonneur
public. Estant de plus décheu de l’esperance de troubler Messieurs
les Estats & de les tenir dauantage en guerre, fit semblant d’aprouuer
l’ouuerture qu’ils faisoient, & de vouloir entendre à la conclusion du
Traitté. Mais afin que vous puissiez plus facilement comprendre les fourberies
& les artifices qui ont rompu cette affaire, il faut vous dire en quel
point se trouuoit lors le Traitté de Munster, & de quelle nature estoient
les difficultez qui en empeschoient la conclusion. Les bons desseins des
mediateurs, & les soins que Monsieur mon mary auoit pris d’accommoder
toutes choses, jointe à la necessité que les Espagnols auoient de la
Paix ; eux qui se trouuoient pressez du succez de nos armes, où les victoires
de nostre Maison auoient grande part, & ébranlez de tous costez par
les seditions & par les reuoltes, leur ayant desia fait passer à nostre auantage,
quarante-huit articles des choses qui estoient en differend entre les
deux Couronnes. Il n’en restoit plus que six à regler touchant la Iurisdiction
des places conquises : La Treue de Catalogne, le depost de Casal,
le secours du Portugal, la liberté de D. Duarte, & la restitution de Lorraine.
Pour le premier point les Espagnols (nous accordant generallement
tout ce que nous auons conquis) demandoient que pour le ressort
de la Iurisdiction nous nous contentassions de la banlieuë des Villes de
nos Conquestes : Nous pretendions qu’estant à nous, leur jurisdiction
deuoit s’estendre aussi loing qu’elle faisoit, lors qu’elles estoient entre
les mains du Roy Catholique. Sur le second point nous estions d’accord
que l’on fit en Catalogne vne treue de trente années : & que pendant ce
temps chacun conseruast les lieux dont il estoit Maistre. Il y auoit quelque
difficulté sur les fortifications des Places : Nous voulions que l’on y pust
trauailler ; les Espagnols au contraire pretendoient qu’on deuoit les laisser
en l’estat où elles se trouuoient lors de la conclusion de la Paix. Quant
à Cazal ils consentoient que la garnison Suisse qu’on y mettroit fut payée
& entretenuë par nous pendant l’espace de huit années : & nous voulions
qu’elle y demeurast quinze ans. Le Portugal faisoit la quatriesme difficulté ;
Nous entendions le deffendre sans aucune condition ; ils nous laissoient
la faculté de le pouuoir secourir sans attaquer leur pays. Enfin ils
accordoient la liberté à D. Duarte frere du Roy de Portugal, à la charge
qu’il feroit serment de ne point porter les armes contre le Roy Catholique,
& nous le voulions en liberté sans aucune condition. Toutes ces
difficultez foibles & peu capables de rompre l’heureux succez d’vne negotiation
de cette importance, auoient esté de telle sorte suspenduës par les
Hollandois, qu’afin que leur resolution ne retardast point l’issuë de l’assemblée
de Munster, ils auoient obtenu des Espagnols qu’ils les en laissoient
les Arbitres. Et comme il n’y auoit nulle apparence (quelque chose
que Monsieur Seruien eust escrite de leurs Deputez) de nous deffier de
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Bourbon-Condé, Anne Geneviève de (duchesse de Longueville) [?] [1650 [?]], APOLOGIE POVR MESSIEVRS LES PRINCES, ENVOYEE PAR MADAME DE LONGVEVILLE A MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_126. Cote locale : B_6_48.