Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.
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que ne peuvent pretendre les plus zelez pour l’Estat,
doit estre la victime immolée par laquelle la France
iouyra d’vn siecle d’or, puisque par elle seule, ou
par son exil nos miseres se verront bornées. Plus de
fouberies à la Cour, le chef en estant dehors ; plus
de guerre en France, puis que celuy qui ne se maintenoit
que par icelle n’y est plus ; plus de pauureté
ny de miseres, puis que la seule avarice, ou pour
mieux dire les rapines de Mazarin épuisoient nos
forces : i’appelle rapines les sommes immenses qu’il
a levées, qu’il leve, & qu’il leveroit, si Turennes demon
tutelaire de la France ne l’en destournoit. Et
certainement quand ie considere les levées annuelles,
comme Tailles, Imposts, subsides, & autres
payements : Ie trouve la France tres-fertile en deniers,
& tres-mal payez ceux qui la servent. Il est
vray que des seize millions à la fois, envoyez de
Paris à Rome, pour bastir des Palais, soubs pretexte
de payer des recreuës en Italie, ne nous permettent
pas, non plus que cent quatre-vingts domestiques,
sans compter mille esclaves qui vivent de ses biens-faits,
quoy qu’il n’en aye point d’entretenir nos
armées de Flandres, non plus que celle de Catalogne.
Il n’y a pas iusques â la maison du Roy qui ne
se plaigne de ses rapines, & qui ne murmurent du
mauuais payement de leurs appointements, tandis
que Mazarin nourrit chez luy vn train qui excede
celuy d’vn Prince : Ie ne luy ay iamais porté envie
de trente-six chevaux de carrosse, de six-vingts chevaux
de selle, d’vne escurie, quoy qu’elle ait servy à
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Louis (XIV) de Bourbon [signé] [1650], LETTRE D’AVIS, Ou les sentiments de son Altesse Monseigneur le Prince, à Monsieur le Mareschal de Turennes. , françaisRéférence RIM : M0_1843. Cote locale : A_9_31.