& dans les termes ordinaires, si la grace nous pousse
à l’action auec tant de force, que nous ne puissions
point nous empescher de la faire.

En sixiesme lieu, le Pere Fueillant demande au
Pere Des-Mares s’il croit qu’il soit au pouuoir de
celuy qui n’agit pas, d’auoir la grace efficace qu’il
estime necessaire pour agir. Mais ce bon personnage,
qui ne peut souffrir qu’on approche de cent
lieuës de cette question fatale, luy respond d’vne
plaisante maniere, disant qu’il importe encore bien
plus de resoudre la question fondamentale de la necessité
de la grace efficace par soy-mesme à toute
bonne œuure, sans quoy il est impossible de sçauoir
ce qu’il demande. Neantmoins, MONSEIGNEVR,
les plus simples peuuent aisément descouurir
en cela son artifice, n’y ayant point d’homme
raisonnable qui ne comprenne fort bien, qu’il
n’importe nullement de sçauoir, si pour agir i’ay
besoin de telle ou telle grace en particulier, lors
qu’il est seulement question de resoudre, si l’hom-
qui n’agit pas, peut agir. Que pour chaque action on
mette non seulement vne grace efficace, auec vne
suffisante, mais aussi cent douzaines d’efficaces, &
autant de suffisantes, cela empesche-t’il que ie ne
puisse demander raisonnablement, si celuy qui ne
les a pas, les peut auoir, & si absolument-il peut faire
le bien qu’il ne fait pas ? Il n’y a qu’à dire ouy, ou
non : & toutesfois il faut donner cent batailles, pour
faire dire ce petit mot au Peres Des-Mares ; ce qui