M. [1649], HARANGVE ROYALE prononcée deuant leurs MAIESTEZ A COMPIEGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1612. Cote locale : A_4_31.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 13 --

sont comme les bras & les appuis qui soustiennent les
Royaumes & les Empires. Et si nous en croyons à la
pensée de plusieurs Peres ; ces hommes forts qui enuironnoient
le Thrône de Salomon, representoient les
Vertus que possedoit pour lors ce Prince, & qui le faisoient
également aimer de ses Sujets & craindre de ses
ennemis. Sire, vous possedez encor en perfection ces
deux eminentes qualitez. Vostre Iustice vous fait craindre,
mais vostre clemence vous fait cherir dauantage :
& ie puis dire sans flatterie, que comme l’on remarque
en vos paroles, en vos actions, en vos entretiens, dans
vostre visage vne douceur extraordinaire qui charme
les cœurs & qui gaigne les affections ; qu’aussi Prince
du monde ne fut plus chery, plus respecté, plus desiré
que vous l’estes & le serez de tous vos seruiteurs. La clemence,
Sire, est la propre vertu des Roys, cõme la chasteté
est celle des Dames. Et comme la nature du feu est
d’échauffer, du Soleil déclairer, des Cieux de mouuoir,
des Intelligences d’agir, de Dieu d’estre souuerainement
bon ; Ainsi il semble que les Princes, ne sont Princes
que par la Clemence, & toutes les autres vertus
qu’ils possedent, emportent leur lustre, leur merite &
leur esclat de celle-cy. Seneque l’vn des plus grands
Philosophes de son siecle, & l’vn des plus sages Politiques
de son temps, disoit, qu’il eut mieux vallu pour
la gloire d’vn Prince, qu’il n’eut iamais porté Sceptre,
que d’estre mis au rang de ceux qui n’ont regné dans le
mõde que pour tourmenter les autres. En effet, n’auoir
de la puissance que pour faire du mal ; cela appartient
Page précédent(e)

Page suivant(e)


M. [1649], HARANGVE ROYALE prononcée deuant leurs MAIESTEZ A COMPIEGNE. , françaisRéférence RIM : M0_1612. Cote locale : A_4_31.