Anonyme [1649], LE COVRIER EXTRAORDINAIRE, APPORTANT LES NOVVELLES de la Reception de Messieurs les Gens du Roy à S. Germain en Laye, & de celle du Courier d’Espagne au Palais ; AVEC TOVTES LES HARANGVES qui ont esté faites. , français, latinRéférence RIM : M0_827. Cote locale : C_1_42.
Page précédent(e)

Page suivant(e)

-- 6 --

MESSIEVRS,

Vous vous estonnerez possible de voir de la fidelité dans vn ennemy,
& de l’infidelité dans celuy que vous auez chargé de bien faits :
Mais si vous considerez que la generosité m’apprend à estre fidelle,
mesme à mes ennemis, vous receurez de bon cœur ces aduertissemens
pleins d’affection. Le Cardinal Mazarin a enuoyé vers le Roy
Catholique, mon Prince, pour faire la Paix à quelque prix que ce fust,
à condition de luy donner nos troupes pour asseurer la Couronne du
Roy, que la rebellion de ses subjets mettoit en éuident danger ; Mais
sçachant que c’estoit plustost pour asseurer sa vie, & pour vous immoler
à sa cruauté & à sa vengeance, sçachant que vous l’auiez declaré
perturbateur du repos public & ennemy de l’Estat ; nous n’auons
point voulu traitter auec luy de la Paix, comme estant criminel & ennemy
de la concorde. Considerans outre cela les mal-heurs qui sortiroient
d’vne telle Paix, qui allumeroit vn iour entre nous des guerres
bien plus sanglantes. Au contraire, nous auons estouffé nos haines
dans la consideration de la sincerité de vos desseins, que nous tascherons
auec nos troupes de conduire à la fin que vous desirez. Ie prie le
Ciel qu’il les fauorise.

L’Archiduc LEOPOLD
VVILAVME.

De Bruxelles ce 10. Feburier
1649.

Apres cette lecture Monsieur le premier President demanda derechef,
s’il ne luy restoit plus rien à dire à la Cour ; à laquelle demande
il satisfit par ce Discours.

MESSIEVRS,

Le Roy Catholique, mon Maistre, pouuoit tirer auantage des troubles
de la France ; & cette occasion sembloit luy presenter la victoire.
Elle l’inuitoit, mais elle ne la iamais attiré. Et il s’est estimé plus glorieux
en vous offrant la Paix & ses troupes, que d’embrasser la Victoire
qu’il auoit entre ses mains. Vos villes de frontiere sans garnisons,

Page précédent(e)

Page suivant(e)


Anonyme [1649], LE COVRIER EXTRAORDINAIRE, APPORTANT LES NOVVELLES de la Reception de Messieurs les Gens du Roy à S. Germain en Laye, & de celle du Courier d’Espagne au Palais ; AVEC TOVTES LES HARANGVES qui ont esté faites. , français, latinRéférence RIM : M0_827. Cote locale : C_1_42.