Anonyme [1649], LE MOT A L’OREILLE OV LE MIROIR QVI NE FLATE POINT. , françaisRéférence RIM : M0_2498. Cote locale : A_6_4.
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que de nos seules despoüilles : De plus, n’a-t’il pas flaitty sa reputation,
par des actes d’infidelité, qui n’en eurent iamais de semblables ?
n’a-t’il pas monstré par ses procedures qu’il n’auoit nulle
connoissance, ny de l’humeur des François, ny de leurs affaires
N’a-t’il pas fait voir que les Maximes d’Estat, & les procedures de
nos Ennemis, le surprenoient, & qu’il presumoit de sçauoir, & de
pouuoir toutes choses ? N’a-t’il pas donné à connoistre, qu’il n’estoit
propre qu’à faire le passionné, le mignon, & l’agreable ? Qu’il
apprehendoit sa perte, sans auoir l’esprit de l’éuiter par sa prudence ?
Qu’il n’a iamais eu d’adresse qu’aux fourbes & aux filouteries
parmy les dez & les cartes ? Que ses opinions & ses façons de faire
ne sentoient que l’impudence & la lacheté ? Que son interest particulier
ne le portoit qu’à ruiner celuy du public ? Qu’il ne sçauoit
ny demesler, ny resoudre les difficultez que par vindication, & par
colere ? Qu’il n’eust de sa vie, ny foy, ny ordre, en ses escrits, ny
en ses promesses Que la sincerité ne fut iamais en ses opinions, ny
la facilité aux resolutions qu’il deuoit prendre ; & finalement,
qu’il n’estoit capable que de flater l’esprit d’vne femme, qu’il a
preocupée, & de sa fidelité, & de sa suffisance : la generosité est
vne vertu qui abhorre toutes ces procedures. Henry le Grand, le
plus illustre de tous les Princes, auroit pris plaisir de consacrer vn
homme si criminel, à la mercy, & à la fureur de son peuple ; les
François sont trop genereux pour souffrir plus long-temps ces tyrannies.
Tite Liue, Plutarque, Apian, Trogles, Diodore, & Iules
Cesar, ne laissent pas contre ses sentimens, de les preferer en
valeur, à toutes les autres Nations de la terre. Et Iules Mazarin
voudroit pretendre apres cela de les assuiettir, & de les traicter
comme des esclaues ; & mesme imposer sur eux des tributs immenses,
comme il a desia fait pour remplir ses coffres : Est-ce là le
moyen de bien asseurer les affaires d’vne Monarchie, que de trauailler
à sa ruine sans aucune necessité publique ? Tibere, Prince
abandonné à toute sorte de vices, tondoit bien ses brebis : mais il
ne les escorchoit pas comme fait nostre abominable Iules : les tresors
sont les nerfs de l’Estat, sans lesquels ce grand corps Politique
demeureroit sans mouuement, & sans vie : Heureux sont les Rois
qui trouuent des gens de bien pour la dispensation de leurs finances,
d’où depend la Maiesté du Souuerain, & la tranqullité publique.
C’est par le moyen de ces tresors qu’vn Empire se rend redoutable
à ses ennemis, & qu’il vient à bout de toutes choses.
Cesar n’eust iamais sceu ruiner la liberté de la Republique, s’il
n’eust commencé de s’establir a l’Empire par ce sacrilege : la desolation
d’vn Estat, arriue ordinairement de l’iniuste administration
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