LA MAZARINADE

Auteur
Scarron, Paul [?]
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1651
Lieu d'édtion
Paris [?]
Langue
français
Nombre de pages
14
Référence Moreau
M0_2436
Cote locale
B_13_62
Note
Sur la copie imprimée à Bruxelles. Voir aussi C_11_7 et D_1_38. Dans le Choix II de Moreau.
Dernière modification
2017-06-29 13:02:39
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2011-07-16 15:28:02.
Dans Choix II de Moreau. Le nom de l'auteur n'est pas inscrit dans la page de titre mais l'attribution est reconnue. Cette édition est mal chiffrée. Nombreuses éditions. Par exemple, à la Mazarine : [m10210], 14 pages, mal chiffrée ; [m10211], 7 pages, sur 2 colonnes ; [m14805], 14 pages, mal chiffrée ; [m14878], s.l.n.d., 15 pages, in-8°. Voir également [m14980], s.l.n.d., 4 pages, 2 colonnes, sous le titre "La Véritable Mazarinade non altérée" ; [m15406]
Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2012-12-10 07:51:31.
Notice Moreau : Le plus célèbre des libelles écrits contre le cardinal Mazarin. Il a donné son nom à tous les autres. Je ne sais pas pourquoi on lui a fait tant de réputation ; car ce n'est qu'un amas de saletés et d'injures sans esprit, même sans gaieté. Je ne sais pas davantage pourquoi on veut qu'il soit rare ; car il m'en a passé plus de dix exemplaires par les mains. Il n'y a que deux pamphlétaires de la Fronde qui attribuent à Scarron "la Mazarinade". C'est l'auteur de la "Lettre de remercîment envoyée au cardinal Mazarin sur la lettre qu'il a écrite à une dame de la cour pour l'accommodement de ses affaires" [M0_2049], et celui du "Mercure de la cour" [M0_2452]. Après cela, il faut descendre jusqu'aux "Mémoires" de Guy Joly, et au "Segraisiana". Guy Joly dit simplement, page 54 de l'édition de Rotterdam, 1718 : « Le sieur Scarron fit aussi alors sa "Mazarinade". » Alors, c'est le temps du blocus de Paris ; c'est, avec plus de précision, le mois de février 1649. Il y a là une erreur évidente. La Mazarinade est incontestablement de 1651. Les souvenirs de Guy Joly manquaient de netteté, et par conséquent de certitude. C'est au "Segraisiana" que sont empruntées les anecdotes d'après lesquelles la paternité de la "Mazarinade" est universellement attribuée à Scarron. « De tous les écrits qu'on fit contre le cardinal, y est-il dit p. 165, la "Mazarinade" de Scarron est celui qui lui fut le plus sensible, particulièrement à cause de l'endroit où il lui fut reproché d'avoir été chassé d'Alcala par le cardinal Colonna, d'où il fut contraint d'aller à pied jusqu'à Barcelonne pour s'embarquer et retourner en Italie. Le sujet de la colère de ce cardinal contre lui fut à l'occasion de ses amourettes avec une bouquetière qu'il vouloit épouser. » Ailleurs , page 132 : « On ne manqua pas d'entretenir la reine de la mort de Scarron, en lui disant qu'il s'étoit rendu indigne de la pension que Sa Majesté lui faisoit, pendant la guerre de Paris ; c'étoit pour avoir fait la "Mazarinade" ; mais qu'il laissoit une femme sans aucun bien, une jeune femme fort belle, vertueuse et de beaucoup d'esprit, que la pauvreté pourroit peut-être réduire à de grandes extrémités, et que Sa Majesté ne pouvoit pas faire une plus grande charité que de faire rétablir la pension qu'elle avoit ôtée à son mari. La reine demanda aussitôt de combien étoit la pension ; elle n'étoit que de cinq cents écus ; mais un des courtisans, ayant aussitôt pris la parole, dit qu'elle étoit de deux mille livres. La reine eut la bonté d'ordonner sur le champ le rétablissement de la pension sur le pied de deux mille livres, et d'ordonner qu'on lui en portât le premier paiement. » Page 147 enfin : « Scarron avoit d'abord été du parti du cardinal Mazarin ; mais il l'abandonna du temps de la Fronde. Il disoit en riant : « Je lui ai dédié mon "Typhon", qu'il n'a pas daigné regarder. » N'étoit-ce pas un grand désordre dans l'État que dans le temps de la Fronde le cardinal de Retz, qui alloit souvent chez lui, y attiroit tous ceux de son parti ; et M. le Prince y envoyoit plusieurs de ses gens. » Ce dernier passage n'a ni l'exactitude ni la bienveillance auxquelles Segrais était obligé. Ce n'est pas seulement dans le temps de la Fronde que le cardinal de Retz allait chez Scarron ; c'est bien des années auparavant. Scarron a pu dire avec vérité dans la lettre que j'ai citée ailleurs, qu'il avait été « connu et honoré du cardinal dès sa jeunesse. » Et c'est assez pour comprendre qu'il n'a pas été du parti de Mazarin pour lui avoir dédié son "Typhon". Mais le "Segraisiana" n'est pas de Segrais. Sans rechercher trop attentivement les erreurs qu'il renferme, en voici une qui montre qu'au moins pour les personnages de la Fronde son témoignage n'est pas toujours certain. On lit, page 117 : « Quand le maréchal de Gramont, qui avoit été Frondeur, parloit au roi de quelque chose qui étoit arrivé du temps de la Fronde , il lui disoit : Sire, c'était du temps que nous servions Votre Majesté contre le cardinal Mazarin. » Il est bien moins permis de se tromper sur le maréchal de Gramont que sur l'auteur de la "Mazarinade". Et puis le "Segraisiana" qui marie Scarron en 1650, à la page 124, se contredit ainsi, à la page 140 : « Le mariage se fit en 1651 ; » de sorte que, même en ce qui concerne le poète burlesque, ami de Segrais, ses récits ne peuvent pas être acceptés sans examen. Mailly a entendu le dernier passage du "Segraisiana" en ce sens que Scarron s'était vendu au coadjuteur pour se venger de Mazarin. Ce n'en est pas la signification littérale, sans doute ; mais il faut bien que l'anecdote qui a été recueillie par le compilateur, ait été comprise ainsi puisque dans le placet, cité à l'article des "Cent quatre vers" [M0_675], Scarron a cru qu'il devait expliquer à la reine mère ses relations avec le cardinal de Retz. Cette remarque n'est pas inutile ; car elle infirme une fois de plus l'autorité du "Segraisiana". Comment accepter une anecdote qui ne s'est répandue que dans l'ignorance de la familiarité dont le prélat honorait le poëte ? Il est remarquable que Guy Patin qui, dans une lettre du 1 octobre 1660, tome II, page 136, en annonçant à M. F. C. la mort de Scarron , dit : « Il ne vivoit plus que des bienfaits de la reine et du cardinal Mazarin » ; que Tallemant des Réaux, qui a consacré à Scarron quelques pages de ses "Historiettes", ne prononcent pas même le nom de la "Mazarinade". J'ajoute que, des paroles de Guy Patin, il est permis de conclure que Scarron s'était justifié non seulement devant la reine mère, mais encore devant le cardinal. Dans cet état, faut-il ne tenir aucun compte des protestations de Scarron, je ne dis pas seulement de la lettre à la reine dans laquelle on peut comprendre une dénégation sans y croire, mais des "Cent quatre vers", qui ont été publiés en 1651, pendant la Fronde, presque dans le même temps que la "Mazarinade", et peut-être alors que le cardinal Mazarin était hors du royaume ? Je ne le pense pas. Un pamphlétaire a eu la singulière idée de composer, dans la même année, 1651, une "Mazarinade" à quatre parties, et de la faire mettre en musique. Voir la "Mort funeste du cardinal Mazarin" [M0_2497], etc. En 1663, deux ans après la mort du cardinal, la "Mazarinade" a tout à coup reparu sous le titre de la "Masarinade, ou Éloge du cardinal Masarin, an vers burlesques, corect e an la bone ortografe". Malgré la rubrique de Bruxelles, il est certain qu'elle n'a été imprimée qu'à Paris. M. Leber, dans son catalogue, n° 4,602, parle d'une édition sans date. Est-ce une erreur ?
Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2020-07-01 23:55:10.

Notice Moreau dans le 2e supplément (1862) :

"N° 2436 de la Bibliographie.

J'ai douté que la Mazarinade fût de Scarron. J'en doute encore ; et voici un témoignage qui appuie merveilleusement ma résistance à l'opinion commune : "M. de Marigny s'appeloit Carpentier en son nom de famille et estoit de Nivernois. C'estoit un esprit frot enjoué et qui faisoit bien un vers. Il alla en Suède voir la reyne Christine avant qu'elle eût quitté la couronne. Elle l'aimoit ; et lui, ennuyé du séjour malplaisant de ce royaume, lui disoit quelquefois avec la liberté naturelle du poëte, qu'il n'auroit pas voulu changer sa terre de Marigny contre son royaume. Au commencement des mouvements de France, il retourna de Suède et s'estant chagriné contre le ministre, fit une satyre appellée "La Mazarinade" pour laquelle il fut cherché à Paris ; mais s'estant sauvé sur des toits, il évita la colère de ce ministre qui lui vouloit cruellement du mal, et l'eût fait périr s'il l'eût attrapé. A la fin il trouva moyen de sortir de Paris et de se retirer en Flandre vers M. le Prince. Il vient de mourir d'apoplexie qui le prit au Palais à Paris sur la fin de janvier 1673." Ce témoignage, extrait des Mélanges de Philibert de Lamare, "Fonds Bouhier, 34 de la Bibliothèque impériale", n'est pas décisif sans doute ; mais il mérite une sérieuse attention. Philibert de Lamare, conseiller au parlement de Dijon, étoit en effet contemporain de Marigny."

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2021-02-25 00:06:16.

"Confirmation" d'attribution, par Hubert Carrier :

"Depuis la brillante - et définitive - démonstration de Paul Morillot dans sa thèse de 1888, aucun critique n'a plus jamais révoqué en doute la paternité de Scarron sur cette allègre et féroce satire.
Si j'y reviens un instant, c'est uniquement pour opposer aux réticences de C. Moreau (qui pourraient peut-être impressionner encore) deux témoignages restés inconnus.

Le premier est le nom de Scarron porté par Tallemant des Réaux sur la dernière page de son exemplaire. témoignage évidemment décisif étant donné les sources d'information dont disposait Tallemant [...]
Le second émane d'Abraham de Wicquefort, résident à Paris du duc Auguste de Brunswick-Lunebourg pendant les années de la Fronde. Wicquefort, introduit dans tous les cercles érudits de la capitale, notamment chez les frères Dupuy, à l'Hôtel Guénégaud et à l'Académie française, était lui aussi fort bien placé pour suivre de très près l'actualité littéraire ; or il écrit au duc Auguste dans sa dépêche du 6 aout 1650 (à une époque où 'La Mazarinade' était déjà composée pour l'essentiel) que Beaufort et le Coadjuteur Paul de Gondi, malgré quelques dissensions apparues entre eux sont 'néantmoins d'accord à seruir M. le Cardinal, dont ils rendirent vne bonne preuue il n'y a que deux ou trois jours quand ils furent trouuer l'abbé Scaron, cogneu par ses poesies burlesques, pour le prier de ne pas mettre en lumiere son liure intitulé 'Mazarinade'. [cf. "Les Gazettes parisiennes d'A. de W. pendant la Fronde...", éd. Claude Boutin, Paris, Champion, 2010, vol. 2, p. 851, § 530]
Voilà qui devrait donc achever de convaincre les derniers disciples de Moreau, s'il en existe encore, et emporter leurs doutes." (P. Scarron, "Un vent de fronde s'est levé ce matin", éd. H. Carrier, Paris, Champion, 2012, p. 25-26.)

Presque achevée à l'été de 1650, "La Mazarinade" ne parait pourtant qu'en janvier ou février 1651. Scarron suivit-il la prière de Beaufort et Gondi ? Ou attendit-il que Mazarin soit tout à fait affaibli ? Toujours est-il que c'est à ce moment qu'il "lui décoche cette terrible 'Mazarinade' qu'il tenait en réserve depuis plusieurs mois et à laquelle il vient de mettre la dernière main." (H. Carrier, "Les muses guerrières...", Paris, Klincksieck, 1996, p. 115.)

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