HARANGVE PRONONCÉE AVX PIEDS DV ROY ET DE LA REYNE, En presence de Messieurs les Ducs d’Anjou, d’Orleans & autres Princes du Sang, & principaux Officiers de la Couronne, à Sainct Germain en Laye le Lundy 19. iour d’Auril 1649. Par Me Clement, Iuré Coutelier à Paris, si renommé pour les Controuerses. Les Iurez des Corps des Métiers de la Ville, estant tous allez ensemble ce iour là protester de leur obeïssance & fidelité à leurs Majestez.

Auteur
Clément, Jean
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1649
Lieu d'édtion
Paris
Langue
français
Nombre de pages
7
Référence Moreau
M0_1608
Cote locale
A_4_33
Note
Voir aussi C_5_38
Dernière modification
2012-11-02 15:01:14
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2012-11-02 15:01:14.
Notice Moreau : La vie de Me Clément n'est pas assez connue, et elle mérite trop de l'être pour qu'on ne me permette pas d'en dire ici quelque chose. « Son père étoit coutelier ; il logeoit rue de la Mortellerie. Dans sa jeunesse, les enfants de Casaubon pervertirent son esprit ; et lorsqu'ils allèrent se faire calvinistes en Angleterre, il alla lui-même à la Rochelle pour le même sujet ; mais la miséricorde de Dieu les traita différemment. Clément, qui ne connoissoit personne dans cette ville hérétique, s'adressa à un homme assez âgé qui forgeoit sur une enclume, et lui exposa le dessein qui l'avoit porté à venir. Ce vieillard, après l'avoir écouté, lui dit fort gravement : « Ah ! mon enfant, gardez-vous bien de faire ce que vous dites. Peut-être tomberiez-vous dans l'état où je me vois, et qui est tel que je voudrais que la terre s'ouvrît présentement sous mes pieds et m'engloutît en enfer ; car je vois ma damnation qui augmente chaque jour pour avoir quitté l'Élise romaine, étant prêtre et religieux ; et je ne puis quitter celle où vous voulez entrer, parce qu'une femme et quatre enfants m'y attachent. Allez donc ; sortez d'ici sans boire ni manger, de crainte que Dieu ne vous abandonne. » Clément, saisi d'horreur, se résolut à sortir ; et ayant demandé à ce vieillard où il pourroit aller pour se faire instruire, celui-ci l'adressa au curé d'Estrée, à deux lieues de là. Il s'y rendît ; et, après dix jours, il prit congé de ce bon curé, qui l'avoit traité avec beaucoup d'amitié et parfaitement guéri de tous ses doutes. Puis, dès qu'il fut de retour à Paris, Dieu lui donna la pensée de travailler lui-même à la conversion des hérétiques. » ("Mémoires manuscrits de M. Du Ferrier", page 181.) Clément devint, en effet, en 1643, l'un des collaborateurs de M. Ollier, curé de Saint-Sulpice ; et voici ce qu'on lit à cet égard dans les Mémoires déjà cités de M. Du Ferrier : « Après que le père Véron (célèbre controversiste) étoit descendu de chaire, cet excellent coutelier répondoit dans le parterre ou dans les charniers de l’église à ceux qui proposoient des doutes ; et il le faisoit avec une telle bénédiction qu'il y avoit peu d'hérétiques qui, après l'avoir entendu, ne restassent persuadés. Sa douceur et son humilité gagnoient ceux que la méthode dure, mais solide, du père Véron avoit émus... La charge que j'avois de la communauté, m'engageoit à cette sorte de conférences, et encore plusieurs hommes savants qui s'y appliquoient ; mais nous avions tous cette déférence pour la grâce de Clément, que nous voulions toujours qu'il y fût présent, parce qu'après nos longues discussions avec les ministres, il savoit en peu de paroles amener les personnes pour qui la conférence se faisoit, à se rendre d'elles-mêmes. » Les succès de Clément lui ont valu l'animadversion des écrivains calvinistes. Benoît, dans son "Histoire de l'édit de Nantes", se plaint de ce que des gens de la lie du peuple, des "merciers" et des "couteliers", abandonnoient leurs métiers pour aller prêcher la controverse. Singulière plainte sous la plume d'un protestant ! Benoît entend désigner ainsi Clément et un mercier nommé Beaumais, qui a partagé les travaux et la gloire du coutelier. Il n'est pas vrai que l'un ou l'autre ait abandonné son métier pour la controverse ; on vient de voir que, dans le titre de sa "Harangue", Me Clément est qualifié de "juré coutelier". Il portait la parole au nom des corps de métiers de la ville de Paris ; et c'était en 1649, c'est-à-dire six ans après ses premières conférences dans l'église de Saint-Sulpice. Il dit dans cette harangue : « Le bonheur des pauvres artisans de Paris dépend entièrement de vos présences, puisqu'elles nous donnent le moyen de gagner notre vie. » Pendant le blocus, l'auteur du "Prompt et salutaire avis", voulant provoquer une assemblée de charité pour le soulagement des pauvres, désigne parmi les personnes qui méritent le mieux la confiance du peuple, « le coutelier, rue de la Coutellerie, à la Rose blanche ; le mercier, etc. » Ce passage prouve deux choses : la première, c’est que ni Clément ni Beaumais n'avaient abandonné leurs métiers ; - la seconde, qu'on les confondaient toujours dans une commune estime. Clément mourut, le 8 février 1650, avec la réputation la plus universelle de sainteté. Il était âgé de quarante-neuf ans. On lit sur son portrait gravé cette inscription : "Le bienheureux maître Jean Clément, le coutelier, exterminateur des hérétiques, mort en 1654". La date de 1654 est une faute. Cette gravure se trouve à la Bibliothèque nationale, cabinet des estampes, où elle a été classée parmi les portraits des docteurs en théologie. Les auteurs du Supplément de la "Bibliothèque historique de la France", prenant le nom de la profession de Clément pour son nom propre, l'appellent "Le Coustelier". On peut consulter sur Me Clément la "Vie de M. Ollier" (2 vol. in-8°, Paris, 1841), d'où j'ai tiré la plus grande partie des faits que je viens de raconter. Les plus curieux demanderont aux "Mémoires" de Chavagnac, page 49, comment Marion de Lorme « sans avoir recours à aucuns docteurs ni théologiens de Sorbonne, fit instruire Chavagnac et Coligny, fils aîné du maréchal de Châtillon, tous deux protestants, par un coutelier qui, sans avoir jamais appris à lire ni à écrire, ne laissoit pas, tous les dimanches à sa paroisse, de disputer de la controverse. » "L’Apothéose" de Clément, publiée par Mitannour, qui m'a fourni la date de sa mort, est fort rare, mais d'ailleurs parfaitement insignifiante.

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