LE FRANC BOVRGEOIS DE PARIS, Monstrant les veritables causes & marques de la destruction de la ville de Paris. Et les deuoirs du Magistrat & de tous les bons Citoyens pour y remedier.

Auteur
Anonyme
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1652
Lieu d'édtion
Paris
Langue
français
Nombre de pages
22
Référence Moreau
M0_1408
Cote locale
B_17_2
Note
Dernière modification
2013-07-24 07:58:51
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2013-07-24 07:58:51.
Notice Moreau : L'auteur se plaint de la cherté du pain ; et il dit que Broussel n'a pas été, à cet égard, plus vigilant dans sa charge que Lefèvre. Plusieurs milliers de pauvres étaient morts de faim. Les meuniers exigeaient jusqu'à huit et dix livres tournois pour la mouture d'un setier de blé. L'auteur en conséquence propose plusieurs moyens de réprimer les fraudes des meuniers et des boulangers : 1. Favoriser la vente du "grand pain bourgeois" ; 2. Encourager le particulier qui a établi des bureaux pour la mouture du blé, se chargeant, moyennant un droit, de payer les meuniers ; 3. Établir une sorte de taxe des pauvres à l'imitation des Anglais ; 4. Avoir des greniers de réserve, comme à Lyon, au moyen desquels on régulariserait les ventes du blé, et on fixerait le prix du pain. La spéculation du "grand pain bourgeois" datait de juin 1649. A cette époque, Jean Alassin, bourgeois de Paris, avait pris des lettres patentes du roi pour ouvrir des magasins du grand pain bourgeois qui aurait été distribué au poids en échange du blé, « pour la commodité et soulagement tant des simples bourgeois, qui, occupés à leur commerce, n'ont ni le loisir, ni l'expérience, ni les instruments nécessaires pour boulanger chez eux, que des maisons de condition, qui par ce moyen pouvaient faire employer les blés nécessaires pour l'entretien de leurs familles avec beaucoup plus de profit et de ménage. » L'entreprise fut annoncée au public par la pièce intitulée : "Moyen assuré pour bien ménager le blé des bourgeois" [M0_2512], etc. Le premier tarif parut sous le titre de : "Moyens très-avantageux aux bourgeois de Paris pour bien ménager leurs blés" [M0_2519], etc. Ces prix étaient trop élevés apparemment ; car l'entrepreneur les modifia, en 1650, dans le "Tarif des droits". Il paraît qu'il succomba au commencement de 1651, sous les manœuvres des boulangers et surtout des meuniers. On volait son blé ; on le faisait passer sous des meules fraîchement repiquées, « afin que le pain se sentît de la poudre ou de la pierre » ; on changeait ses farines ; on y mêlait du son remoulu. Alassin ferma ses magasins. Mais quelques mois après, il se trouva « obligé par la nécessité publique et extraordinaire » de les ouvrir de nouveau. Prenant alors conseil de l'expérience, il se réduisit à une seule sorte de pain pour le commun, « c'est à savoir du vrai pain bourgeois bis blanc avec son tout, c'est-à-dire auquel on n'ôtoit que les sons de la farine, très-bon et bien assaisonné, contenant toute la fleur et substance, composé du moins de trois quarts froment et d'environ un quart seigle, afin qu'il se maintînt plus frais, et que, tenant le ventre plus libre, il en fût plus sain et plus profitable. » Ainsi il simplifiait sa fabrication, réduisait ses frais et ses non-valeurs ; surtout il désarmait la jalousie des boulangers. Contre le mauvais vouloir des meuniers, il prit, le 23 août 1651, des lettres patentes du roi, par lesquelles Sa Majesté mandait au Parlement « qu'il eût à faire bailler à l'entrepreneur du grand pain bourgeois les moulins, magasins et autres lieux que ledit Parlement jugeroit être nécessaires dans la bonne ville de Paris, soit pour la mouture de ses blés, soit pour la fabrique et distribution du pain, et ce par préférence à toutes personnes, en payant la même ferme aux propriétaires, et dédommageant les fermiers d'iceux, si besoin étoit. » Je ne sais pas pourquoi le Parlement ne rendit arrêt que le 10 mai 1652. Il renvoya l'affaire au lieutenant civil de la prévôté et vicomté de Paris, pour être pourvu ainsi que de raison. "Arrêt de la cour de Parlement et lettres patentes du roi", etc. Le "Franc bourgeois de Paris", publié pendant que Broussel était prévôt des marchands, c'est-à-dire vers le mois d'août 1652, prouve qu'Alassin réussit auprès du lieutenant civil. On vit dans cet opuscule plus de politique qu'il n'y en avait, à mon avis. On fit paraître presque en même temps, la "Réponse au libelle intitulé : le Franc bourgeois" [M0_3378], et le "Bon François au véritable mazarin, déguisé sous le nom du Franc bourgeois de Paris" [M0_588]. C'était tout simplement un plaidoyer pour le grand pain bourgeois, et pour le "particulier" qui avait établi les bureaux de mouture. Je ne saurais dire précisément en quelle année fut publié le "Vrai lustre des honnêtes dames" [M0_4070], etc., qui est, suivant une expression toute moderne, une réclame pour le grand pain bourgeois ; mais on peut croire que ce petit livret est de 1649. Il m'a été impossible de donner une date, même approximative, aux trois pièces suivantes : "Avis salutaire à ceux qui baillent leurs bleds à boulanger" [M0_534], etc, "Liquidation et supputation véritable de la quantité de livres de pain qu'un setier de blé peut rapporter" [M0_2303], etc. ; "Propositions pour facilement et fidèlement exercer la police" [M0_2921], etc.

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