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Mazarinade n° A_7_5

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Anonyme [1649], LE POLITIQVE DV TEMPS. Touchant ce qui s’est passé depuis le 26. Aoust 1648. jusques à l’heureux retour du Roy en sa Ville de Paris. DISCOVRS QVI PEVT seruir de memoire à l’Histoire. Dedié aux bons François. , françaisRéférence RIM : M1_186. Cote locale : A_7_5.


laquelle il ordonnoit à Messieurs de Ville, de tenir la main à
ce que les viures fussent en abondance à Paris, sans se iustifier
de ceste imposture : tesmoignant par là, que la vie de ses Suiets
luy estoit beaucoup plus chere, que sa propre reputation. Ce
trouble n’estoit pas encor bien calme, qu’vn plus grand suiet
de crainte ietta de l’horreur & de l’épouuante dans les cœurs
de tous les veritables François ; Les nouuelles qu’on apporta
de Flandre causerent cette emotion generale, quand elles publioient
tout haut, que le Prince de Condé, qu’on auoit veu
triomphant & glorieux quelques iours auparauant dans la iournée
memorable de Lens, auoit receu vn coup de mousquet à
Furne, en sortant de la tranchée. L’Estat qui se reposoit sur ce
Prince, se sentit ébranlé en ceste illustre teste, & l’on conneut
que pour son appuy, ses conseils & sa valeur estoient également
necessaires. Le Peuple mesme ne pouuant mesurer l’importance
de sa personne aux interests de l’Estat, declare son
affection par sa crainte, & ses tristes sentimens par son deuil
extraordinaire. Lors qu’on le rasseure de ces frayeurs, par l’esperance
qu’on luy donne de reuoir bien-tost ce Prince, malgré
cette blessure, aussi sain & plus glorieux qu’il n’estoit auparauant :
cette bonne nouuelle augmenta la ioye qu’on se promettoit
de gouster à son retour. Et ce coup qui pressa sa venuë,
leur donna plustost qu’ils n’esperoient, vn bien qu’ils auoient si
long temps & si souuent desiré. La resioüissance de son arriuée
fit bien-tost oublier la tristesse que ce mal-heur auoit
b/> causée à tant de millions d’ames. On ne reconnoist plus que
par la cicatrice, qu’il a esté blessé, encor n’est-ce que pour
luy donner la gloire d’estre le plus Vaillant du monde.
Le bon-heur des Parisiens eust esté sans pareil, s’il eust
duré plus d’vn iour. Ce Prince ne pouuoit leur donner plus
long-temps le contentement de sa presence, sans en priuer
toute la Cour, où l’on attendoit auec impatience. La personne
du Roy appelloit la sienne à Ruel, & il estoit de son
deuoir de luy aller rendre conte du bon succés de ses Armes.
Tout le monde iugeoit assez, que sa presence estoit trop chere