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Mazarinade n° B_16_14

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Anonyme [1652], LE PRINCE POPVLAIRE, ESCRIVANT AVX DEVX COVRONNES, DE FRANCE ET D’ESPAGNE. Leur faisant voir exactement tous les Motifs, & importantes qu’il y a de faire la Paix Generalle. Auec les moyens necessaires pour appaiser les troubles de ce Royaume. , français, latinRéférence RIM : M0_2868. Cote locale : B_16_14.


vous ont excité à la guerre ; mais ce n’est pas assez pour
rendre vne action bonne, de se proposer vne bonne fin,
le mal qui vient à bien, ne laissé d’estre mal, & ne faut
pas faire vn mal tant petit soit-il, pour l’esperance d’vn
grand bien, ny penser arriuer à la guerison, par les desordres
qui forment les maladies. Il n’apartient qu’à la
la puissance de Dieu de tirer le bien du mal, & de le changer
en vertu. Or la guerre est de tous les maux le plus deplorable,
c’est vne lerne de miseres qui desfigure toute
l’Europe, rend le Corps de la Chrestienté tout sanglant
deschirans les membres les plus nerueux des Estats, bouleuerse
les esprits sans dessus dessous, les meschans sont
tuez pesle mesle, tout ruisselle de sang : On ne voit que
carnage, l’âge ny le sexe n’entrent point en consideration ;
les innocens comme les coûpables sont égorgez, le
petit & l’inferieur fait du compagnon auec le grand, le
fer égale les foibles & les forts, & en quelque main qu’il
soit il peut trancher & blesser. Bref c’est vne confusion
lamentable, dont la seule imagination est horrible, ce
qui auroit fait dire à S. Augustin, que la plus iuste guerre
est à detester, pour auoir naturellement des priuileges
au preiudice de la raison. Quand l’iniustice, le désordre &
la crainte ne l’accompagneroient pas, elle auroit encore
assez d’horreur pour estonner tous les hommes, veu qu’il
y a certains droits de guerre par lesquels il faut passer en
souffrant aussi bien qu’en faisant souffrir. Comme la profanation
des Eglises, les choses saintes foulées aux pieds,
le saint Nom de Dieu blasphemé, les filles & les femmes
violées, la Iustice abastardie, le pillage permis, le degast
des bleds, le bruslement des maisons, les emprisonnemens,
les violences, les extorsions & mille autres indignitez,
qui sont autant dignes de pieté que de punition.
Cette licence militaire n’est pas moins pernicieuse aux
ennemis : tant il est mal-aisé de faire bien, quand chacun
fait gloire de faire mal, & que les crimes deuiennent
exemples & coustumes. Il ne se peut imaginer vn pire visage