[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° D_1_12

Image de la page

Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : D_1_12.


vous parle, le Parlement est assemblé, & a l’authorité de vous iuger & de
vous condamner.
 
Le Roy. Combien y en a-t’il d’entre vous du nombre de ceux qui ont
esté éleus par le peuple ? où sont les Pairs du Royaume, le Clergé & vos
Princes qui doiuent presider dans la Chambre haute ? est-ce le lieu qui
vous fait membre du Parlement, & qui vous confere l’authorité ? & puis
les Communes furent-elles iamais vne Chambre de Iudicature ?
Le President. L’on ne vous permet pas de continuer ce discours.
Lors l’Orateur de la Chambre leut ce qui s’ensuit.
Charles Stwart Roy d’Angleterre, vous estes accusé au nom de la Nation
Angloise de haute trahison, & d’autres grands crimes, ausquels la
Chambre ordonne que vous respondiez.
Le Roy. I’y respondray aussi tost que ie sçauray, d’où elle a le pouuoir
de me l’ordonner.
Le President. Est-ce là tout ce que vous auez à dire ? Qu’en iugez vous
Messieurs ? Huissiers remenez vostre prisonnier.
Le Roy. Ie demande à donner mes raisons par écrit, & quelque temps
pour y trauailler.
Le President. Ce n’est pas l’ordre de cette Cour.
Le Roy. On peut bien faire quelque grace à vn criminel de ma sorte.
Le President. Quand on vous ramenera, vous entendrez plus amplement
le bon plaisir de la Cour, & peut estre sa resolution finale.
Le Roy. Quoy il ne sera pas permis à vn Roy de deduire ses raisons,
touchant la liberté & franchise de ses subjets ?
Le President. Huissiers encore vn coup, remenez vostre prisonnier.
Le Roy fut conduit au logis du Cheualier Robert Cotton, & la decision de
l’affaire remise au lendemain.
Le Mardy deuxiéme Fevrier, les Iuges qui estoient aussi les parties
de ce Prince innocent, s’assemblerent au nombre de septante-trois, pour
authoriser leur parricide ; & l’on a remarqué que le Roy entrant dans la
Chambre accompagné de satellites, enuisagea toute l’assemblée d’vn œil
seuere & plein de Majesté.
Le sieur Cooke, Orateur general remonstra à la Cour, que le iour precedent,
le prisonnier, au lieu de respondre aux accusations à luy imposées,
auoit mesprisé l’authorité de la Cour, & qu’on le pouuoit condamner
par contumace, comme on auoit fait plusieurs autres personnes qui
l’auoient moins merité que luy.
Le President prenant la parole dit : Charles Stwart, vos subterfuges &
vos elusions offencent extremément la Cour, vos delays nous sont importuns
& nuisibles, c’est pourquoy respondez aux accusations dont on
vous charge, sans contester de nostre authorité, autrement nous vous
priuerons de la liberté, que nous vous auons accordée de vous iustifier si
vous pouuez, & pronõcerons l’Arrest de mort sur le rapport des tesmoins,