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Mazarinade n° D_1_12

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : D_1_12.


vous les auez escrites en caracteres de sang par tout le Royaume.
 
Le Roy. Vous m’obligez à me iustifier malgré moy, mais ie ne le fais
pas en qualité de criminel, ny comme deuant mes Iuges, mais deuant des
imposteurs & des Tyrans du peuple, qui veulent authoriser leurs crimes
& establir leur iustification sur les ruïnes de mon innocence. Vous sçauez
mieux que moy, qu’apres m’estre despoüillé entre vos mains de mes plus
belles prerogatiues, & vous auoir accordé iusques au delà de ce que vous
me demandiez, vous me chassastes hors de Londres, disant, que mes condescendances
estoient trop grandes pour n’estre pas suspectes ; Vous sçauez
que vous auez leué les armes les premiers, pour ne pas dire que vous
auez attiré celles des Escossois dans ce Royaume, crime capital contre
l’Estat, d’y introduire des troupes estrangeres. Vous sçauez que i’ay proposé
cent fois la paix que vous auez tousiours eludée, que me pouuant
aduantager de mes alliances parmy les Princes estrangers, & receuoir le
secours qu’ils m’offroient, ie n’ay pas voulu blesser cette Loy fondamentale,
quoy que vous m’en eussiez donné l’exemple, & ay mieux aimé perir
que de choquer vne Loy, & exposer mes peuples aux brigandages des
Nations estrangeres, comme vous auez fait. Apres cela, qui est coupable
du sang respandu de vous ou de moy ?
Le President. Vous ne deuiez iamais prendre les armes contre le Parlement,
& vous sousmettre plustost à ses volontez.
Le Roy. Il eust donc fallu que j’eusse trahi la cause de tout l’Estat que
vous attaquiez, ma propre dignité que vous esbranliez, & la Religion
que vous renuersiez de fonds en comble.
Le President. Il suffit que l’on vous ait veu l’espée à la main à la teste de
nos ennemis ; & que vous ayez arboré vostre Estendart, pour estre digne
de mort.
C’est vn signe de
l’arriereban,
nous appellions
cela autrefois eu
France l’Oristambe.
Le Roy. Et vous, il suffit que vous soyez inspirez de l’Enfer, pour
proceder de la sorte enuers vostre Roy.
Lors le Roy se retira accompagné de ses satellites ordinaires, chez le Cheualier
Robert Cotton, & l’affaire fut remise au Ieudy suiuant.
Le Ieudy quatriesme Feurier, les Commissaires du Parlement assemblés
pour le procez, c’est à dire ceux qui auoient la conscience la plus large, & les
cœurs les plus impies & les plus inhumains, oüyrent les tesmoins qui deposerent
tous les crimes dont ils chargeoient cét infortuné Prince, qui n’estoient autre
chose qu’vn recit succint de ses Victoires ou de ses deffaites, & qui ne tendoit
enfin qu’à prouuer qu’il auoit fait la guerre. L’vn soustenoit qu’il auoit
veu le Roy à la teste des troupes, & l’espée à la main à Beuerley, dans le
Comté d’York, l’autre qu’il auoit esté present à Nottingham, lors qu’il y fit
arborer son Estendart, l’autre à Edghill, l’autre dans la plaine de Keinion,
l’autre à Brainchford, l’autre au pont de Cauesham, l’autre au siege de Glocester,
l’autre à la bataille de Neubery, l’autre en la plaine de Naseby, &
enfin plusieurs autres nommerent plusieurs autres places, où ils disoient auoir