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Mazarinade n° D_1_12

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : D_1_12.


veu le Roy exercer les fonctions d’vn soldat & d’vn Capitaine. Tellement que
les mesmes actions qui ont donné des Couronnes & des triomphes à des Cesars,
& à des Alexandres, pour auoir despoüillé toute la terre, donnent la mort &
des pompes funebres à vn Roy qui veut maintenir son authorité, la liberté de
ses peuples, & la Religion de ses Predecesseurs. Barbares plus desnaturez que
les Barbares mesmes. Encore lisons nous que la vertu a trouué quelque recompense
parmy eux, & qu’ils l’ont estimée mesme dans la personne de leurs ennemis.
N’estoit-ce pas assez que vous fussiez victorieux, sans insulter par vos
accusations iniustes & ridicules, au malheur de vostre Prince ? vous possediez
tout, & sa vie qui estoit entre vos mains, vous estoit vn thresor le plus cher
que vous possedassiez, & vous seruoit de gage pour tout le reste. Mais Dieu a
voulu oster ce Iuste de parmy vous, parce que ses prieres arrestoient le bras de
sa Iustice, & a permis que vous attirassiez sur vos testes criminelles par la mort
de ce Prince, la vengeance des autres Monarques, qu’vne longue & honteuse
prison ne pouuoit animer.
 
Le Vendredy le Roy ne fut pas au Parlement, lequel employa ce iour
à resoudre ce qu’ils executeroient le iour suiuant, & le Roy à se consoler
auec Dieu seul, & luy faire vn sacrifice de sa vie & de sa Couronne.
Le Samedy sixiéme de Fevrier, la Chambre estant assemblée, où le President
estoit en robe rouge, le Roy fust conduit deuant eux par ses satellites
ordinaires, & comme il passoit par la grande Salle de Wesminster,
les plus infames d’entre le peuple, criant comme les Iuifs deuant le Consistoire
de Pilate, Iustice, Iustice, execution. Le Roy estant entré dans la
Chambre, dit qu’il auoit des choses de grande importance à declarer, &
qu’il luy fust permis d’estre oüy deuant les Seigneurs & les Communes.
Surquoy la Cour fit retirer le Roy pour mettre la chose en deliberation,
& il fust resolu qu’il ne seroit pas oüy, parce disoient-ils, qu’il ne demandoit
cela que pour prolonger l’affaire, & qu’on ne sçauoit pas ce qui se
pouuoit brasser cependant.
Demy-heure apres le Roy fust ramené, & le President ayant fait vne
longue deduction de toutes les marques d’vn mauuais gouuernement, dit
que le Roy en estoit coupable, & rapporta plusieurs exemples des Roys
qui auoient esté mal traitté de leurs sujets, & entr’autres celuy de cette
innocente & sainte Princesse Marie Stwart ayeule du Roy, que la politique
impie d’vne autre Iesabel sacrifia à sa jalousie & à son ambition.
Ce long Panegyrique des meurtres execrables de Reynes & de Roys
estant acheué, le President commanda à l’Orateur de lire encore vne fois la
liste de tous les crimes dont le Roy estoit accusé, ensuitte dequoy il prononça
l’Arrest de mort en ces termes.
Charles Stwart cy-deuant Roy d’Angleterre, comme Tyran, traistre,
meurtrier, & ennemy public, sera mis à mort par la separation de la teste de
son corps.
Ces barbares mesme furent estonnez de la constance auec laquelle ce