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Mazarinade n° D_1_12

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : D_1_12.


AV LECTEVR.
Mon deuoir & les attachemens que i’ay à la Cour d’Angleterre, m’ont obligé
de mettre la main à la plume pour desabuser le public, & sauuer vne
seconde vie, ie veux dire la reputation au plus juste & plus infortuné
Prince qui fut iamais.
Ses ennemis pour insulter à son malheur apres sa mort, ont fait imprimer à Londres,
vne Relation de son procez & de ses dernieres paroles, conforme à leurs autres
actions. Et le pis est, qu’vn Interprete de Roüen les a traduites en nostre langue, la
prenant pour veritable.
Ce Prince auoit tous les dons naturels & acquis. Il estoit beau, grand & de bonne
mine. Pour les qualitez de l’ame, il estoit iuste & debonnaire, haïssoit le vice & les
plaisirs des sens, horsmis la musique, la chasse, la danse, la peinture & la sculpture.
Il estoit sobre, chaste, pieux, accort & jouial. Il auoit le iugement bon, estoit eloquent
& entendoit fort bien les Loix de son Estat, & la Religion. Il auoit toutes les qualitez
d’vn Gentilhomme bien esleué, & particulierement estoit fort bon Homme de cheual.
Il a donné durant la guerre Ciuile des marques de valeur & de prudence extraordinaires,
qui sont deux vertus qui se rencontrent rarement en vn mesme sujet.
Il auoit vne inclination particuliere pour la Nation Françoise, aymoit leurs mœurs
& la politesse de leur education. Il cherissoit la Reyne sa femme plus que luy mesme,
& n’estoit pas meilleur Pere de ses enfans que de ses subjets. Mais la vertu qui a causé
sa ruïne, est qu’il auoit horreur de la cruauté, & qu’il estoit persuadé qu’il n’estoit
pas iuste de faire mourir personne pour sa Religion ; Ses ennemis ont pris pied
là dessus, qu’il estoit Catholique, & en ayans mis l’alarme dans l’esprit des peuples,
jaloux de leur Religion, ont jetté sur ce pretexte le fondement de leur rebellion.
Glorieuse cause ! illustre crime ! Pleust à Dieu que ce Prince en fust coulpable, à
peine que ses ennemis fussent innocens.
Ie te donne aduis, Lecteur, que ie fais distribuer vn liure qui traitte des causes &
premiers mouuemens de la guerre Ciuile d’Angleterre, & de la constance des Catholiques
à souffrir pour la cause de Dieu & de leur Prince. Il se vend ruë Berizy chez
vn Chirurgien, vis à vis la ruë Tire-chape.