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Mazarinade n° C_6_67

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Anonyme [1649], LE PROCEZ, L’ADIOVRNEMENT PERSONNEL, L’INTERROGATOIRE, ET L’ARREST DE MORT DV ROY D’ANGLETERRE. Auec ce qu’il dit & fit deux iours auant sa mort: Et la Harangue qu’il prononça sur l’échaffaut. Selon le rapport de plusieurs Gentils-hommes Anglois qui y assisterent, & meirent le tout sur des tabletes. Fidelement traduit de l’Anglois, par le sieur DE MARCYS, Interprete & Maistre pour la langue Françoise du Roy d’Angleterre regnant à present, & de son Altesse Royale Mgr le Duc d’York son Frere. , françaisRéférence RIM : M0_2888. Cote locale : C_6_67.


vous les auez escrites en caracteres de sang par tout le Royaume.
 
Le Roy. Vous m’obligez à me iustifier malgré moy, mais ie ne le fais pas
en qualité de criminel, ny comme deuant mes Iuges, mais deuant des
imposteurs & des Tyrans du Peuple, qui veulent authoriser leurs crimes
& establir leur iustification sur les ruines de mon innocence. Vous sçauez
mieux que moy, qu’apres m’estre despoüillé entre vos mains de mes
plus belles prerogatiues, & vous auoir accordé iusques au delà de ce que
vous me demandiez, vous me chassastes hors de Londres, disant, que
mes condescendances estoient trop grandes pour n’estre pas suspectes ;
Vous sçauez que vous auez leué les armes les premiers, pour ne pas
dire que vous auez attiré celles des Escossois dans ce Royaume, crime
capital contre l’Estat, d’y introduire des troupes estrangeres. Vous sçauez
que i’ay proposé cent fois la paix que vous auez tousiours eludée,
que me pouuant aduantager de mes alliances parmy les Princes Estrangers,
& receuoir le secours qu’ils m’offroient, ie n’ay pas voulu blesser
cette Loy fondamentale, quoy que vous m’en eussiez donné l’exemple,
& ay mieux aimé perir que de choquer vne Loy, & exposer mes peuples
aux brigandages des Nations Estrangeres comme vous auez fait. Apres
cela qui est coupable du sang respandu de vous ou de moy ?
Le President. Vous ne deuiez iamais prendre les armes contre le Parlement,
& vous soûmettre plutost à ses volontez.
Le Roy. Il eust donc fallu que i’eusse trahi la cause de tout l’Estat que
vous attaquiez, ma propre dignité que vous esbranliez, & la Religion
que vous renuersiez de fonds en comble.
Le President. Il suffit que l’on vous a veu l’espée à la main à la teste de
nos ennemis ; & que vous ayez arboré vostre Estendart, pour estre digne
de mort.
Le Roy. Et vous, il suffit que vous soyez inspirez de l’Enfer, pour proceder
de la sorte enuers vostre Roy.
Lors le Roy se retira accompagné de ses satellites ordinaires chez le Cheualier
Robert Cotton, & l’affaire fut remise au Ieudy suiuant.
Le Ieudy quatriesme Fevrier, les Commissaires du Parlement assemblez
pour le procez, c’est à dire ceux qui auoient la conscience la plus large, & les
cœurs les plus impies & les plus inhumains, oüirent les tesmoins qui dep serẽt
tous les crimes dont ils chargeoient cét infortuné Prince, qui n’estoient autre
chose qu’vn recit succint de ses Victoires ou de ses deffaires, & qui ne tendoit
enfin qu’a prouuer qu’il auoit fait la guerre. L’vn soustenoit qu’il auoit veu
le Roy a la teste des troupes, & l’espée à la main à Beuerley, dans le Comté
d’York, l’autre qu’il auoit esté present à Nottingham, lors qu’il y fit arborer
son Estendart, l’autre a Edghill, l’autre dans la plaine de Keinton, l’autre
à Brainchford, l’autre au pont de Caueihan, l’autre au siege de Glocester,
l’autre a la bataille de Neubery, l’autre en la plaine de Naseby, & enfin
plusieurs autres nommerent plusieurs autres places, où ils disent auoir veu